Migrants expulsés des USA : le Burkina refuse et dénonce des pressions

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la politique migratoire américaine a pris un tournant plus radical, notamment avec la relance des expulsions dites « vers pays tiers ». Ces opérations consistent à renvoyer des migrants non seulement vers leurs pays d’origine, mais aussi vers d’autres États acceptant, en échange d’accords bilatéraux, d’accueillir des personnes sans lien direct avec leur territoire. Plusieurs nations africaines, comme le Ghana, l’Eswatini ou le Soudan du Sud, ont été sollicitées pour accueillir ces expulsés, suscitant des critiques sur le respect du droit international et du principe de non-refoulement. C’est dans ce cadre que le Burkina Faso a récemment été approché par Washington, une proposition que Ouagadougou a catégoriquement rejetée.

Ouagadougou dénonce une « offre indécente »

Le gouvernement burkinabè a confirmé avoir refusé une demande américaine visant à accueillir sur son sol des migrants expulsés des États-Unis. Selon le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, l’offre a été jugée « indécente » et contraire aux valeurs de dignité défendues par le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré. Le ministre a souligné que le Burkina Faso ne saurait devenir une destination de déportation, insistant sur la différence entre l’accueil volontaire d’Afro-descendants désireux de renouer avec leurs racines et la réception forcée de personnes rejetées par un pays tiers.

Le refus du Burkina s’insère dans une démarche de souveraineté et de cohérence politique. Pour Ouagadougou, accepter une telle proposition reviendrait à cautionner une logique de délestage humain, comparable à un transfert de responsabilité entre nations. Le ministre a rappelé que l’hospitalité traditionnelle du peuple burkinabè ne saurait être instrumentalisée à des fins étrangères à ses valeurs.

Visas suspendus et accusations de chantage diplomatique

Quelques jours après ce refus, l’ambassade des États-Unis à Ouagadougou a annoncé la suspension de la majorité des services de visa pour les ressortissants burkinabè, évoquant un problème de respect des conditions de séjour par certains d’entre eux. Une décision qualifiée de « mesure de pression » par le gouvernement burkinabè, qui y voit un moyen indirect d’imposer son acceptation du programme d’expulsions.

Pour le ministre Traoré, la simultanéité des deux événements n’est pas fortuite : le refus d’accueillir des migrants étrangers aurait provoqué une réaction immédiate de Washington. Ce type de levier diplomatique, comparé à un « bras de fer silencieux », révèle selon lui une tentative de conditionner la coopération bilatérale à des décisions contraires aux principes du pays.

Le ministre a insisté sur la volonté du Burkina Faso de rester une « terre de dignité », fidèle à ses valeurs et à son indépendance dans la conduite de ses relations internationales. Des échanges diplomatiques, y compris lors de la dernière Assemblée générale des Nations Unies, n’ont pas modifié cette position. Le pays préfère assumer les conséquences de son refus plutôt que d’accepter une mesure perçue comme attentatoire à sa souveraineté.

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