OTAN : un pays européen résiste à Trump, non sans conséquences

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump fait de la question du financement de la défense un test de loyauté entre alliés. Le président américain réclame des contributions beaucoup plus élevées, estimant que l’effort collectif reste déséquilibré au profit des États-Unis. Washington pousse désormais les membres de l’Alliance à consentir à un objectif ambitieux : qu’une part significative des budgets nationaux soit consacrée à la défense, jusqu’à atteindre un seuil de 5 % du produit intérieur brut dans la prochaine décennie. Ce cap, inédit depuis la guerre froide, met plusieurs capitales européennes sous pression, à commencer par Madrid.

Madrid sous le feu de la critique américaine

L’Espagne, qui participe activement aux missions de l’OTAN en Méditerranée et en Europe de l’Est, reste pourtant l’un des pays où les dépenses militaires représentent la plus faible part du PIB. Selon les données les plus récentes de l’Alliance, la contribution espagnole se situait un peu au-dessus d’un point et demi, avec une prévision de hausse modérée d’ici la fin de 2025. Pour Donald Trump, cet engagement demeure insuffisant : il a publiquement fustigé le gouvernement de Pedro Sanchez, qu’il a décrit comme à la traîne, avant d’évoquer la possibilité d’exclure Madrid de l’organisation.

Ces déclarations ont aussitôt provoqué une réaction ferme du gouvernement espagnol. La ministre de la Défense, Margarita Robles, a défendu l’image d’une Espagne « sérieuse et fiable », rappelant que la participation du pays ne se limitait pas aux chiffres budgétaires : elle inclut la présence de soldats sur plusieurs théâtres d’opérations et une coopération constante avec les partenaires européens. Madrid considère que l’engagement militaire doit être mesuré par les résultats concrets et non par un pourcentage imposé.

Des répercussions politiques à Madrid

Cette polémique transatlantique a relancé les tensions internes en Espagne. Les partis d’opposition, notamment le Parti populaire et Vox, reprochent à Pedro Sanchez d’avoir déclenché la colère de Washington en refusant de suivre le cap fixé par le président américain. Pour Alberto Núñez Feijóo, chef du Parti populaire, ce désaccord ternit la réputation internationale du pays et affaiblit sa position au sein de l’Alliance. D’autres figures conservatrices estiment que l’Espagne ne devrait pas subir les conséquences d’une « mauvaise gestion politique » mais continuer à être perçue comme un partenaire crédible et engagé.

Le gouvernement, de son côté, maintient que la hausse rapide des dépenses militaires souhaitée par Washington mettrait en péril les équilibres économiques et sociaux du pays. Il plaide pour une montée en puissance graduelle et soutient que la valeur d’un allié se mesure à la cohérence de son action, pas à la taille de son budget.

Cette divergence entre Madrid et Washington montre les tensions croissantes au sein de l’OTAN, où la question du financement devient un révélateur des priorités nationales. L’Espagne, en choisissant de maintenir le cap de la prudence, défend une conception de la sécurité fondée sur la stabilité et la coopération, même au risque d’irriter son principal partenaire de l’Atlantique Nord.

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