Depuis plusieurs semaines, les relations entre Air France et Air Côte d’Ivoire connaissent une montée de tension. En cause, la volonté des autorités ivoiriennes d’imposer une stricte réciprocité dans le nombre de vols entre les deux pays. Abidjan estime que le déséquilibre actuel freine le développement de sa compagnie nationale et prive l’économie ivoirienne de revenus essentiels.
Un appel à l’équilibre dans les airs
Le principe est simple : autant de vols français que de vols ivoiriens. Le général Abdoulaye Coulibaly, président du conseil d’administration d’Air Côte d’Ivoire, a réaffirmé cette position en soulignant que la relation aérienne entre Abidjan et Paris devait reposer sur une base équitable. Or, la réalité est tout autre : Air France opère actuellement deux vols quotidiens, Corsair un, tandis qu’Air Côte d’Ivoire ne dispose que d’une seule liaison vers la capitale française.
Face à ce déséquilibre, la Direction de l’Aviation Civile ivoirienne a choisi de ne pas approuver les programmes de vol d’Air France et de Corsair pour la saison hivernale débutant en novembre. À l’inverse, le transporteur ivoirien a reçu son autorisation dès le 6 octobre, marquant un tournant symbolique dans cette bataille pour la réciprocité.
Le long héritage d’un ciel sous influence étrangère
Le différend actuel reflète une réalité plus profonde : depuis plusieurs décennies, le ciel africain reste largement dominé par des compagnies non africaines. Les transporteurs européens contrôlent encore la majorité des liaisons long-courriers, limitant la capacité des compagnies locales à s’imposer. Selon les estimations de l’Association internationale du transport aérien (IATA), sur les 16 millions de passagers reliant l’Afrique de l’Ouest au reste du monde, seuls 1 % voyagent sur des compagnies du continent, contre 82 % sur des opérateurs européens.
Un enjeu économique et symbolique
Pour les autorités ivoiriennes, la réciprocité ne relève pas seulement de la fierté nationale : il s’agit d’un levier économique majeur. Le marché du transport aérien africain est promis à une croissance rapide, avec un trafic qui pourrait plus que doubler d’ici 2043, passant de 160 à 345 millions de passagers. Air Côte d’Ivoire veut désormais se positionner pour capter une part plus importante de cette dynamique. L’arrivée récente d’un Airbus A330 Neo, et l’attente d’un second appareil d’ici novembre, traduisent cette volonté de modernisation et d’expansion.
Si les négociations se poursuivent, Abidjan semble déterminé à corriger une asymétrie jugée historique. En maintenant la suspension des programmes de vol des compagnies françaises tant qu’un équilibre n’est pas trouvé, la Côte d’Ivoire affirme son intention de défendre un principe de parité et d’équité dans les relations aériennes.



