"The Line" : un cuisant échec en vue pour l'Arabie Saoudite ?

Imaginée comme une révolution urbaine, The Line devait incarner l’avenir. Riyad imaginait ce projet, telle une cité futuriste de 170 km de long, sans voitures ni émissions, bordée de gratte-ciel miroirs de 500 mètres et intégrée au mégaprojet Neom.

Annoncée en 2017 dans le cadre du projet Vision 2030, cette métropole linéaire, tracée dans le désert près de la mer Rouge, promettait de faire de l’Arabie saoudite un laboratoire d’innovation écologique ainsi qu’un pôle international en matière d’innovation. Une manière aussi, pour le Royaume, de tourner la page de ces nombreuses années renfermée. L’Arabie Saoudite, sous l’impulsion du prince héritier Mohammed Ben Salmane souhaitait ainsi se réinventer.

L’effondrement d’un rêve pharaonique

Malheureusement, ce projet est voué à l’échec. Derrière la façade futuriste se cachent des réalités bien moins reluisantes. À peine 2,4 km ont été construits sur les 170 prévus. Alors que 1.5 million d’habitants y étaient attendus d’ici à 2030, finalement, personne ne pourrait s’y installer. Les critiques ont vite pointé les déplacements de populations locales et les dommages environnementaux, malgré les démentis officiels.

Pire, les défis logistiques, bâtir à marche forcée dans un désert hostile, et le coût exorbitant ont eu raison du projet, dont les coûts ont littéralement explosés. Mi-septembre, les chantiers ont été officiellement gelés, et les fonds publics, initialement dédiés à The Line, redirigés vers d’autres segments de Neom, comme un complexe montagnard.

Résultat ? Des dizaines de milliards de dollars engloutis, une crédibilité ébranlée et des questionnements sur la viabilité même de la Vision 2030. C’est aussi l’image du pays qui en prend un coup. Des événements majeurs, comme les Jeux asiatiques d’hiver 2029 ou la Coupe du monde 2034, pourraient en pâtir, faute d’infrastructures promises.

Vers un réalisme forcé ?

Cet échec cuisant pourrait cependant servir de leçon à Riyad. Plutôt que de miser sur des projets architecturaux souvent irréalistes, l’Arabie saoudite pourrait y gagner à privilégier des projets plus modestes, mais réalisables, pôles technologiques ciblés, zones industrielles vertes, qui concilient ambition et pragmatisme. Un virage nécessaire pour préserver à la fois ses ressources et son image, avant que l’héritage des dirigeants ne se résume à une série de chantiers inaboutis, de critiques et de pertes financières particulièrement élevées.

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