À Katmandou, une enfant de deux ans a été proclamée Kumari, figure vénérée par les hindous et bouddhistes. La cérémonie, organisée le 30 septembre, marque un tournant pour la capitale népalaise qui accueille une nouvelle incarnation de la déesse Taleju. Ce rituel, suivi par des millions de fidèles, soulève encore des débats sur la place des traditions anciennes dans la société contemporaine. Le père de l’enfant a exprimé sa surprise face à ce changement soudain de statut. La nomination intervient à l’occasion du festival hindou de Dashain, période propice aux rites religieux.
Aryatara Shakya, nouvelle Kumari de Katmandou
Aryatara Shakya, âgée de 2 ans et 8 mois, a été choisie pour succéder à Trishna Shakya, qui occupait le rôle de Kumari depuis 2017. La désignation a été officialisée lors d’une cérémonie organisée dans la capitale du Népal, où la fillette a été portée en procession de sa maison familiale jusqu’au palais de la Kumari, situé au cœur de Katmandou. Des fidèles se sont inclinés et ont touché ses pieds en signe de respect, considérant que la bénédiction de la Kumari leur apporte protection et prospérité.
Le père de la nouvelle Kumari, Ananta Shakya, a confié que ce changement de rôle était inattendu pour la famille : « Hier, elle était ma fille, aujourd’hui, elle est une déesse », a-t-il déclaré. Dès son intronisation, Aryatara devra vivre dans le palais, sous la garde de prêtres et de responsables locaux, et sortira seulement lors de festivals ou de rites spécifiques. Cette fonction prendra fin lorsque la fillette atteindra la puberté, moment où, selon la tradition, l’esprit divin quitte le corps de la Kumari.
Une tradition séculaire au cœur de la société népalaise
La pratique de la Kumari est une coutume ancrée dans l’histoire religieuse du Népal, où la déesse hindoue Taleju est vénérée depuis le Moyen Âge. Le rituel s’est développé au sein de la communauté Newar, principalement bouddhiste, qui joue un rôle central dans la préservation de ce culte. Les candidates sont sélectionnées parmi les familles Shakya et Bajracharya selon des critères précis : absence de cicatrices, dents alignées, traits jugés harmonieux et capacité à rester sereines lors de cérémonies nocturnes. Cette pratique, unique au monde, est observée et respectée par des millions de fidèles dans la vallée de Katmandou et au-delà.
Aujourd’hui, la tradition coexiste avec des adaptations modernes : certaines Kumaris reçoivent des cours à domicile dispensés par des enseignants, bénéficient d’une pension une fois leur rôle terminé et disposent parfois d’un accès limité aux médias. Des organisations locales de défense des droits de l’enfant rappellent toutefois les défis que peut représenter cet isolement précoce sur le plan psychologique et social. Ce débat récurrent accompagne chaque nouvelle intronisation et montre la tension entre le respect des croyances ancestrales et l’évolution des normes contemporaines.
Cette nomination marque la fin de huit années de règne de Trishna Shakya et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour une tradition pluriséculaire qui continue de façonner la vie religieuse et culturelle de Katmandou.




Pour la DS, je dis pas mais pour miss Népal, c’est mal parti !