USA: un décret de Trump attaqué en justice

Un nouveau bras de fer s’ouvre devant la justice américaine. Une coalition composée de syndicats, d’universités, d’hôpitaux et d’organisations religieuses a saisi le tribunal fédéral de San Francisco pour contester un décret signé le 19 septembre par Donald Trump rapporte Business Insiders. Ce texte impose aux employeurs souhaitant recruter via le visa H-1B de s’acquitter d’une redevance colossale de 100 000 dollars. Pour les plaignants, cette décision « inconstitutionnelle et illégale » menace la capacité de secteurs essentiels à attirer des professionnels étrangers, notamment les médecins, les enseignants ou encore les chercheurs dans des centres caritatifs.

Un outil vital pour recruter des compétences rares

Le visa H-1B est l’un des principaux canaux utilisés par les États-Unis pour accueillir des travailleurs qualifiés venus de l’étranger. Très prisé dans les domaines technologiques, il est aussi indispensable pour des institutions moins lucratives comme les hôpitaux ruraux ou les écoles publiques en manque de personnel spécialisé. En fixant le prix d’entrée à 100 000 dollars par demande, les opposants estiment que le décret ferme la porte à ces structures, déjà fragilisées financièrement, qui ne peuvent rivaliser avec les géants de la Silicon Valley. L’image qui revient souvent dans les critiques est celle d’un concours réservé aux milliardaires, où seuls les acteurs les plus fortunés peuvent prétendre recruter au niveau international.

Les organisations plaignantes – parmi lesquelles le syndicat de l’automobile et de l’aérospatiale UAW, l’Association américaine des professeurs d’université (AAUP) ou le réseau de recrutement infirmier Global Nurse Force – soulignent que la réforme ne cible pas seulement les grandes entreprises technologiques, mais frappe aussi des secteurs où l’apport de talents étrangers peut être vital pour la santé publique et l’éducation.

Une réforme controversée dans la lignée des choix de Trump

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les décisions marquées par un durcissement en matière d’immigration et de travail. Ses partisans mettent en avant la volonté de protéger les salaires des Américains et de réduire la dépendance vis-à-vis de la main-d’œuvre étrangère. Mais ces mesures polarisent fortement l’opinion, certaines étant perçues comme des coups de force unilatéraux. L’instauration de la redevance sur le H-1B illustre ce style de gouvernance, en contournant le Congrès alors que c’est normalement à lui de légiférer sur ce type de conditions.

Le recours collectif déposé en Californie soutient d’ailleurs cet argument : selon les plaignants, seule une loi votée par les élus pourrait introduire une telle contrainte financière, et non un décret présidentiel pris sans débat parlementaire. Ils alertent sur un risque immédiat pour la société américaine, celui de voir des hôpitaux incapables de recruter des infirmiers ou des enseignants d’université dans des disciplines rares faute de moyens pour payer la nouvelle taxe.

Une bataille aux répercussions multiples

Au-delà des géants de la technologie, souvent accusés d’abuser du système H-1B, c’est l’ensemble du modèle d’attractivité des États-Unis qui se trouve questionné. Si la mesure venait à être confirmée, elle pourrait dissuader des milliers de jeunes professionnels qualifiés de tenter leur chance outre-Atlantique, au bénéfice d’autres pays en quête de talents. Dans un monde où la compétition pour les cerveaux est féroce, les États-Unis risqueraient de perdre un avantage longtemps considéré comme un pilier de leur dynamisme économique et scientifique.

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