Cameroun : Dangote Cement subit un recul des ventes de ciment

Le cimentier nigérian Dangote Cement traverse une période de ralentissement sur le marché camerounais. L’entreprise, qui dispose à Douala d’une unité de broyage capable de produire jusqu’à 1,5 million de tonnes par an, a enregistré une baisse de 9,3 % de ses ventes sur les neuf premiers mois de 2025. Les volumes écoulés sont passés à environ 927 300 tonnes, contre un peu plus d’un million à la même période l’an dernier. L’information a été rapportée par nos confrères de Agence Ecofin.

Des tensions électorales qui freinent la demande

Cette contraction des ventes ne tient pas à un effondrement du marché, mais plutôt à la prudence des investisseurs et des ménages à l’approche des échéances politiques. Le climat d’incertitude autour du processus électoral a ralenti les chantiers et freiné les décisions d’investissement, alors même que les indicateurs macroéconomiques restaient encourageants. La croissance du PIB camerounais devrait atteindre 3,8 % en 2025, et l’inflation a reculé à 3,4 % en mai, deux signaux qui auraient dû stimuler la consommation de matériaux de construction.

Le marché local du ciment, évalué à près de 8 millions de tonnes par an, reste un terrain hautement concurrentiel. Cimencam conserve une position dominante, mais Dangote Cement s’est imposé comme un acteur clé depuis son arrivée, devant Cimaf et Mira. Cette concurrence soutenue, combinée aux aléas politiques, accentue la pression sur les marges et les volumes de vente.

L’empire Dangote face à des vents contraires

Créé par le milliardaire nigérian Aliko Dangote, le groupe éponyme est devenu un symbole de la puissance industrielle africaine. Présent dans une douzaine de pays, il a bâti un empire cimentier s’étendant du Nigeria au Sénégal, du Cameroun à l’Éthiopie. Sa stratégie repose sur une intégration complète, allant de l’extraction du clinker à la distribution. Cette approche a permis à Dangote Cement de dominer le marché continental, souvent en concurrence directe avec des géants internationaux.

Mais cette position hégémonique ne le met pas à l’abri des turbulences locales. Le recul enregistré au Cameroun reflète les défis auxquels le groupe doit faire face dans plusieurs de ses filiales : coûts logistiques élevés, instabilité politique, et pressions sur la demande intérieure. Pour un groupe qui symbolise la montée en puissance industrielle de l’Afrique, ces difficultés rappellent que la croissance n’est jamais linéaire.

Un signal d’alerte pour le secteur

La baisse des ventes de Dangote Cement au Cameroun ne menace pas son implantation, mais elle envoie un signal clair : le dynamisme du secteur de la construction dépend autant des fondamentaux économiques que de la stabilité politique. Si la reprise des chantiers publics et privés se confirme après la période électorale, le géant nigérian pourrait rapidement regagner le terrain perdu. À l’inverse, un climat prolongé d’incertitude risquerait de freiner durablement un marché encore porteur.

Au-delà des chiffres, cette contre-performance illustre une réalité plus large du secteur industriel africain : même les champions continentaux doivent composer avec des contextes nationaux fragiles, où chaque soubresaut politique peut redessiner les équilibres économiques. Pour Dangote Cement, le défi reste donc de transformer chaque ralentissement ponctuel en occasion de consolider sa résilience et d’ajuster sa stratégie à la complexité des marchés où il opère.

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