L’affaire qui implique Saheed Sunday Owolabi, âgé de 34 ans et originaire du Nigéria, illustre la rigueur des autorités américaines face aux délits numériques. Reconnu coupable par un jury fédéral siégeant à Wilmington, en Caroline du Nord, il fait désormais face à une peine pouvant atteindre quarante ans d’emprisonnement précise le Département de la Justice sur son site. Les poursuites portent sur un complot lié à la fraude par voie électronique et au blanchiment d’argent, après plusieurs opérations menées aux dépens de citoyens américains. Au-delà d’un simple dossier judiciaire, ce verdict rappelle la pression exercée par les services répressifs de nombreux pays pour freiner l’essor d’escroqueries numériques qui causent chaque année d’importantes pertes financières.
Partout dans le monde, la cybercriminalité est devenue l’une des infractions les plus combattues. Les législations ont été renforcées, les mécanismes d’enquête se sont modernisés et les coopérations internationales se sont multipliées. Cette évolution est liée à la fréquence des attaques, au nombre croissant de victimes et à l’ampleur des préjudices économiques. Les États investissent dans des équipes spécialisées capables de remonter des traces numériques complexes, qu’il s’agisse de détournements d’argent, de fraudes sentimentales ou de manipulations de données. Cette dynamique globale permet de comprendre pourquoi certaines affaires individuelles, comme celle d’Owolabi, sont suivies de poursuites particulièrement structurées et d’un effort judiciaire soutenu.
Cyberfraude aux États-Unis : le rôle attribué à Saheed Sunday Owolabi
Les éléments rassemblés par les enquêteurs fédéraux montrent une activité frauduleuse organisée autour de stratagèmes variés. Une partie importante concerne des arnaques sentimentales, durant lesquelles Owolabi se présentait sous une fausse identité féminine pour établir des relations en ligne. Selon les documents présentés au procès, ces échanges servaient à obtenir de l’argent ou des informations personnelles auprès de victimes qui pensaient interagir avec une personne réelle partageant un lien affectif.
Les autorités judiciaires expliquent qu’il utilisait ensuite les comptes bancaires fournis par ces victimes pour transférer de l’argent issu d’autres opérations frauduleuses. Cette méthode permettait de brouiller les pistes et de créer une chaîne de transactions difficile à remonter. Une victime située dans le district Est de la Caroline du Nord a ainsi perdu plus de 120 000 dollars, montant confirmé par les preuves étudiées au tribunal. Des centaines d’autres personnes auraient également été ciblées par ces manipulations financières.
Les procureurs ont aussi mis en avant un épisode survenu durant la pandémie de COVID-19. Des fraudeurs avaient intercepté des informations relatives à une transaction immobilière en cours. Des courriels falsifiés avaient ensuite été envoyés à l’acheteur, qui avait transféré les fonds vers un compte contrôlé par le groupe. L’argent avait rapidement circulé vers plusieurs comptes, dont certains liés directement à Owolabi. Il aurait donné des instructions à des intermédiaires pour redistribuer les sommes et en conserver une partie.
Le ministère de la Justice a fait état de communications retrouvées par les enquêteurs, dans lesquelles Owolabi reconnaissait avoir mis en place une fraude sentimentale. Dans l’un de ces échanges, la personne avec qui il parlait — elle-même impliquée dans des pratiques illicites — l’aurait ridiculisé en lui conseillant d’apprendre à opérer de manière plus « compétente ». Ces messages avaient été versés au dossier pour illustrer la connaissance qu’il avait de la nature frauduleuse de ses activités.
Répression de la cybercriminalité : un message venu du Nigéria aux États-Unis
Dans le communiqué ayant annoncé la décision du jury, le procureur Ellis Boyle a souligné l’impact de ce type d’escroqueries sur les ménages américains. Il a rappelé que les autorités poursuivraient systématiquement les responsables d’arnaques utilisant l’anonymat offert par Internet pour cibler des citoyens vulnérables. Même si ses propos ne sont pas repris mot pour mot, son message insiste sur la détermination à identifier, surveiller et mettre fin à ces réseaux.
L’affaire Owolabi s’inscrit dans une série de procédures engagées contre des réseaux criminels transnationaux opérant depuis différents pays, dont le Nigéria fait parfois partie lorsqu’il s’agit de fraudes sentimentales ou d’usurpations d’identité. Les autorités américaines rappellent régulièrement que les infractions numériques dépassent les frontières et nécessitent un effort constant pour identifier non seulement les exécutants, mais aussi les complices et les facilitateurs.



