La Semaine du numérique (Senum-2025) bat son plein ce mardi 19 novembre au Palais des congrès de Cotonou. Dans les stands d’exposition où s’enchainent la présentation d’innovations numériques et des démonstrations technologiques, un sujet pourtant absent des panels officiels le premier jour s’est invité dans les conversations : le E-commerce.
Se définissant comme l’ensemble des transactions commerciales de biens ou de services réalisées en ligne via des plateformes numériques, l’e-commerce est perçu par de nombreuses personnes comme un levier majeur du développement économique en Afrique.
Devant les stands de produits, services et innovations numériques, trois jeunes femmes, Marlène Chaffa, Ruth Dourossimi et Merveille Anato, contemplent les expositions. Elles n’étaient pas venues pour parler commerce en ligne, mais leurs propos révèlent l’essor de ce secteur au Bénin et en Afrique.
Un commerce accessible et rentable
« L’e-commerce permet aux personnes sans emploi de se lancer dans l’auto-emploi, donc de réduire la pauvreté », explique Marlène Chaffa, étudiante en systèmes informatiques et logistiques. Pour elle, le numérique offre une échappatoire à la précarité, surtout pour la jeunesse urbaine confrontée au chômage et au sous-emploi. Pour le consommateur, le commerce en ligne, dit-elle, fait gagner du temps et limite les déplacements constants.
Sa camarade Ruth Dourossimi abonde dans le même sens. « Ça permet d’éviter les déplacements et ça facilite le contact entre vendeur et acheteur, peu importe la situation géographique », souligne l’étudiante. Pour elle, l’e-commerce n’est plus un phénomène de mode, mais une nécessité.
Cette dynamique, la développeuse web Balbine Mamadou la constate chaque jour. Pour elle, les efforts consentis par les acteurs privés et publics pour développer le numérique en Afrique ont ouvert la voie à une véritable révolution commerciale. « L’e-commerce est en pleine expansion en Afrique parce que beaucoup de personnes s’y lancent et que le public sollicite de plus en plus ce type de service », affirme-t-elle. Selon elle, c’est désormais un secteur où « beaucoup se font de l’argent », contribuant à l’inclusion financière et au développement global du numérique.
Effet domino
Pour Merveille Anato, professionnelle du secteur des télécommunications et vendeuse en ligne, l’e-commerce a été une alternative incontournable. N’ayant pas les moyens d’ouvrir une boutique physique et ne pouvant s’y consacrer à plein temps, elle a adopté les plateformes numériques telles que Facebook, Marketplace et autres pour écouler ses produits et toucher une clientèle variée. Ses activités de vente en ligne lui permettent d’arrondir ses fins de mois.
Elle observe également un effet domino. « L’e-commerce a favorisé les services de livraison. Les acheteurs n’ont plus besoin de circuler dans tous les marchés. Beaucoup d’argent passe par l’e-commerce », affirme-t-elle. Même les boutiques physiques, selon elle, ne peuvent plus ignorer cette transformation. Elle estime que sans présence en ligne, elles risquent de passer à côté d’une part importante de la clientèle moderne.
Un besoin de régulation
Le commerce en ligne s’impose comme l’un des marqueurs du développement économique africain. Un secteur en plein essor, porté par la jeunesse, les technologies et l’ambition d’une économie plus inclusive. Mais derrière cet enthousiasme, Géraude Kouessi, directrice commerciale d’une entreprise béninoise et commerçante en ligne, trouve que ce secteur mérite une régulation pour la sécurité des vendeurs en ligne, des livreurs et des clients. « Je crois qu’il y a encore beaucoup à faire afin de sécuriser le commerce en ligne et permettre à ce secteur de devenir totalement une activité à part, une activité toute entière, que ça fasse partie des activités reconnues et réglementées », a-t-elle indiqué.
Selon Geoffroy Bonou, ingénieur en télécommunications et conseiller technique auprès de la ministre du Numérique du Bénin, l’un des principaux obstacles de l’e-commerce reste un problème de réglementation qui varie d’un pays à un autre. « En Afrique, la réalité varie selon les contextes. Mais je peux vous dire que l’Organisation mondiale du commerce et l’Union internationale des services de communication travaillent ensemble pour envisager une harmonisation, afin de disposer d’un cadre réglementaire plus cohérent pour ce secteur », a-t-il laissé entendre.



