Sénégal : Deux appels à la mobilisation ravivent la rivalité politique à Dakar

La préfecture de Dakar a refusé d’autoriser un rassemblement prévu ce samedi 8 novembre par le Collectif Niakhtou national à Sacré-Cœur. Le préfet évoque des risques pour l’ordre public et propose un autre site, refusé par les organisateurs. Ce bras de fer intervient dans un climat politique marqué par la mobilisation croissante du camp du parti au pouvoir PASTEF et de celui des membres de l’opposition.

Un rassemblement interdit pour raisons de sécurité

Le préfet du département de Dakar, Chérif Mouhamadou Mbodj Ndiaye, a notifié le 6 novembre 2025 son refus d’autoriser le rassemblement projeté par le Collectif Niakhtou national. Les organisateurs souhaitaient tenir leur meeting le samedi 8 novembre, de 17h à 21h, sur le terrain de Sacré-Cœur 3, en face de la VDN. Selon le rapport d’enquête des services compétents, cette manifestation risquait de provoquer des troubles à l’ordre public et de perturber la circulation dans un quartier déjà très fréquenté.

L’autorité administrative a indiqué avoir proposé un site alternatif afin de permettre la tenue du rassemblement dans un cadre plus sécurisé. Cependant, les promoteurs du collectif ont maintenu leur choix initial. Face à ce refus de délocalisation, la préfecture a jugé « impossible de donner une suite favorable » à la demande. Le document officiel précise néanmoins que l’administration reste ouverte à une concertation pour convenir d’un lieu jugé plus approprié.

Contexte politique tendu et bataille de terrain

Quelques jours avant cette correspondance, le Premier ministre Ousmane Sonko, également président du parti au pouvoir, a appelé ses partisans à participer à un « téra meeting » prévu sur le parking du stade Léopold Sédar Senghor. Cette initiative, présentée comme une démonstration de force, vise à réaffirmer le poids politique de la majorité présidentielle face à une opposition qui multiplie les actions de terrain. Le calendrier choisi par le Collectif Niakhtou national, dont plusieurs figures se réclament de la mouvance contestataire, accentue la lecture politique de cette confrontation.

Sur le plan légal, les manifestations au Sénégal sont régies par la loi de 1978 sur les réunions publiques, qui impose une déclaration préalable auprès de l’autorité administrative compétente. Celle-ci peut interdire ou modifier les modalités de la manifestation si elle estime que la sécurité, la tranquillité ou la circulation sont menacées. Ces dernières années, plusieurs rassemblements ont fait l’objet de mesures similaires, souvent justifiées par la nécessité de préserver l’ordre public.

Alors que la tension politique reste vive, la préfecture de Dakar tente d’équilibrer le respect des libertés publiques et la prévention des risques. Une nouvelle réunion entre les représentants du collectif et les autorités locales pourrait permettre d’éviter une escalade, dans un contexte où chaque camp cherche à occuper symboliquement l’espace public.

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