Sénégal : Eramet Grande Côte restitue 1 000 hectares à l’État

La société minière française Eramet, via sa filiale sénégalaise Grande Côte Opérations (GCO), a remis à l’État du Sénégal un millier d’hectares réhabilités dans la commune de Ngaye Meckhé. Cette restitution, officialisée lors du Salon international des mines à Diamniadio, s’inscrit dans un contexte de tensions autour de l’exploitation du désert de Lompoul et de ses impacts environnementaux. Les autorités y voient un signe de justice sociale et un appui à la sécurité alimentaire nationale.

Un transfert foncier sous le signe de la réhabilitation

La remise de 1 000 hectares à l’État a été entérinée en présence du ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, et du directeur général de GCO, Frédéric Zanclan. L’événement a eu lieu à Diamniadio, en marge du huitième Salon international des mines. L’administration sénégalaise a salué une « contribution à la sécurité alimentaire », estimant que les terres réhabilitées permettront le retour d’activités agricoles et pastorales dans cette partie des Niayes, zone cruciale pour la production de 60 % des fruits et légumes du pays.

Selon le ministre, ce transfert symbolise une volonté commune de prévenir les litiges fonciers et de démontrer qu’exploitation minière et protection de l’environnement peuvent coexister. M. Zanclan a, pour sa part, rappelé que l’entreprise avait déjà restitué 85 hectares il y a trois ans, ajoutant que « la réhabilitation a multiplié la couverture végétale par trois ». Ce processus, affirme-t-il, témoigne de la politique de réhabilitation progressive des zones exploitées par Eramet Grande Côte, dont la drague géante continue d’extraire de l’ilménite, du rutile et du zircon nécessaires aux industries nucléaire et céramique.

Entre contestations locales et reprise économique

Depuis son implantation en 2014, Eramet Grande Côte opère sur un site de plus de 100 kilomètres le long du littoral nord, dans la région du désert de Lompoul. L’entreprise est régulièrement critiquée par les communautés riveraines, qui l’accusent de dégrader les dunes et d’affecter les nappes phréatiques, mettant en péril l’écosystème local et les activités agricoles. Des reportages et études évoquent une transformation profonde du paysage, le lac artificiel servant à la drague couvrant près de 180 000 m². Des organisations environnementales ont, à plusieurs reprises, demandé une évaluation indépendante de l’impact écologique du projet.

Sur le plan économique, un tournant important est intervenu en septembre dernier : après un blocage administratif, Grande Côte Opérations (GCO) a finalement versé des dividendes à ses actionnaires. L’État du Sénégal, actionnaire de référence, en a bénéficié, renforçant ainsi sa souveraineté économique dans la gestion des ressources minières nationales. Cette reprise des flux financiers illustre la volonté des autorités d’assurer une meilleure redistribution des revenus issus du sous-sol et d’encadrer les pratiques minières.

Les autorités et la direction d’Eramet affirment désormais vouloir inscrire ces restitutions dans une logique de justice environnementale. D’autres zones, une fois réhabilitées, devraient être rendues progressivement à l’administration. Des programmes agricoles pilotes pourraient s’y développer, en lien avec les collectivités locales et les services techniques de l’État, une approche que le ministère présente comme un modèle de transition post-minière durable.

La cérémonie de Diamniadio, marquée par la remise symbolique des titres fonciers, a ainsi consacré un nouvel épisode dans la relation souvent complexe entre l’exploitation industrielle et les communautés rurales du nord-ouest sénégalais.

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