Sénégal : Le gouvernement relève la limite d’âge des véhicules importés

Le gouvernement du Sénégal a adopté un décret majeur le 24 octobre 2025 fixant à 10 ans la limite d’âge pour les voitures particulières et à 15 ans pour les camions et véhicules de transport collectif. Signé par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, le texte marque une évolution attendue par la diaspora, fortement impliquée dans l’importation de véhicules d’occasion. La mesure, inscrite dans la Vision Sénégal 2050, vise à concilier accessibilité économique, sécurité routière et transition écologique. Elle confère un nouveau cadre à un secteur en constante mutation.

Une réforme structurante pour la mobilité nationale

Annoncée dès août 2025, la décision du chef de l’État relève la limite d’âge autorisée de 8 à 10 ans pour les voitures de tourisme et utilitaires légers, et de 10 à 15 ans pour les poids lourds et véhicules de transport collectif. Le décret interdit désormais l’importation de voitures particulières dépassant 10 ans, d’utilitaires de moins de 3,5 tonnes âgés de plus de 10 ans, ainsi que de véhicules de transport de personnes excédant 15 ans. Les ministères des Finances, du Commerce, des Transports terrestres et de l’Industrie sont chargés de l’application effective de ces nouvelles dispositions.

Cette réforme vise à stabiliser un cadre réglementaire longtemps sujet à des modifications successives. Elle constitue également une réponse à une revendication ancienne des Sénégalais de la diaspora, dont une part importante finance ou expédie des véhicules d’occasion depuis l’Europe et l’Amérique du Nord. Plusieurs associations avaient plaidé pour une adaptation des règles à la réalité du marché mondial, estimant que la précédente limite de 8 ans excluait de nombreux modèles encore performants et abordables. Ce changement devrait relancer les échanges commerciaux dans les ports de Dakar et renforcer les activités de maintenance automobile locales.

Au-delà de l’assouplissement des conditions d’importation, le gouvernement entend encadrer cette ouverture par des contrôles techniques renforcés et une meilleure traçabilité des véhicules à l’entrée du territoire. Des discussions sont déjà engagées avec les douanes et les acteurs du transport pour harmoniser les procédures et réduire les fraudes à l’immatriculation.

Un choix entre accessibilité et exigence environnementale

Si la réforme est saluée pour son pragmatisme, elle soulève aussi des interrogations environnementales. Les véhicules âgés de plus de 8 ans émettent souvent deux à trois fois plus de CO₂ et de particules fines qu’un modèle neuf ou hybride. Cette réalité compromettrait les engagements climatiques du Sénégal dans le cadre de l’Accord de Paris et du Plan climat national, tout en aggravant la qualité de l’air à Dakar, Thiès et Kaolack, des villes déjà marquées par une pollution urbaine croissante. Le gouvernement affirme vouloir contrebalancer ce risque par une stratégie de modernisation du contrôle technique et de sensibilisation aux normes antipollution.

Sur le plan économique, la mesure devrait dynamiser le marché automobile de seconde main et renforcer les recettes douanières. Cependant, à moyen terme, elle impose de réfléchir à un modèle de mobilité plus durable, intégrant des incitations à l’achat de véhicules électriques ou hybrides. Le décret du 24 octobre s’inscrit d’ailleurs dans la Vision Sénégal 2050, qui ambitionne de faire du parc automobile un levier de transformation économique et sociale, en soutenant la création d’une filière nationale d’entretien, de revente et de recyclage.

La mise en œuvre effective de cette politique sera suivie de près, tant par les opérateurs du secteur que par les citoyens soucieux de concilier développement et durabilité.

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