Le Sénégal engage une étape institutionnelle importante avec la mise en place d’un Office national de lutte contre la corruption renouvelé. La structure, entièrement repensée, succède à l’ancien dispositif dissous en 2025 après l’adoption d’un nouveau cadre législatif. Le changement touche la gouvernance, les méthodes de travail et le mode de recrutement, désormais fondé sur une procédure ouverte. Les autorités disent vouloir renforcer la prévention, l’investigation et la transparence publique. Ce repositionnement intervient à un moment où plusieurs chantiers de gouvernance nécessitent une capacité accrue de contrôle.
Une institution remaniée et un nouveau cadre légal
La création du nouvel Office national de lutte contre la corruption (OFNAC) résulte du projet de loi n°12/2025, validé par le Conseil des ministres le 30 juillet 2025. Ce texte met fin à l’ancien office, dont une partie des missions a été redistribuée à la Cour des comptes et à l’Inspection générale d’État. Le nouvel organisme se recentre sur la prévention et la répression des pratiques corruptives, avec la faculté de mobiliser des experts indépendants et d’obtenir un accès élargi aux données financières, y compris bancaires. Deux points du décret d’application pourront accueillir des liens institutionnels pour retracer les documents officiels relatifs à cette réforme.
L’OFNAC est rattaché à la Présidence, mais ses responsables disposent d’une autonomie de gestion et d’un mandat non renouvelable, conçu pour éviter toute pression extérieure. La loi précise que les membres doivent prêter serment devant la Cour d’appel de Dakar et qu’ils bénéficient d’une protection juridique pour les avis rendus dans le cadre de leurs fonctions. Les pouvoirs d’enquête ont été redéfinis pour permettre des investigations approfondies, incluant la possibilité de solliciter d’autres organes publics spécialisés lorsque des analyses complémentaires s’avèrent nécessaires.
La restructuration découle d’une séquence institutionnelle entamée plusieurs années plus tôt, dans un contexte où les autorités nationales avaient engagé la révision de plusieurs dispositifs de contrôle. Le projet de loi adopté le 30 juillet constitue ainsi une étape charnière, car il formalise la dissolution de l’ancien office, instaure de nouvelles règles de nomination et établit un cadre de coopération avec les institutions de contrôle existantes. Ce changement répond à des recommandations récurrentes formulées par des acteurs gouvernementaux, des juristes spécialisés et des organisations de suivi citoyen.
Sélection des membres et profil des personnalités désignées
Le nouvel office compte 12 membres, dont un président et un vice-président recrutés via un appel à candidatures public, processus inédit pour cette institution. L’avis publié le 6 octobre 2025 avait attiré 233 postulants issus de divers secteurs. Après un tri et des entretiens conduits par un comité spécialisé, une liste restreinte a été transmise au chef de l’État, qui a finalement retenu plusieurs profils issus de la magistrature, de l’administration et du monde académique. Une section dédiée de la future plateforme numérique de l’office pourrait accueillir un lien présentant les modalités complètes du recrutement.
À la tête de l’organe, le magistrat Moustapha Ka assure la présidence, assisté par Birahime Seck, acteur reconnu du milieu associatif. Le collège comprend également Khadidiatou Ba, spécialiste du suivi-évaluation, Samba Barry pour la société civile, l’administrateur Ibrahima Fall, ainsi que les magistrats Fadal Fall, Malick Gueye et Birane Niang. Trois professeurs de droit, Abdou Aziz Daba Kébé, Babacar Niang et Mohamed Bachir Niang, rejoignent l’équipe, tout comme le magistrat Charles Didier Gane Ngathy Senghor. Ces profils diversifiés doivent permettre une appréhension plus large des dossiers, qu’ils soient juridiques, administratifs ou techniques.
Les responsables du nouvel office insistent sur l’importance de disposer d’un cadre qui favorise la continuité institutionnelle sans ingérence. En parallèle, la publication obligatoire du rapport annuel et l’obligation d’assurer un accès public aux données de gestion constituent des obligations nouvelles visant à renforcer la responsabilité de l’entité. Cette configuration entend offrir une base stable pour le suivi des politiques publiques et la remontée d’informations vers les autorités judiciaires lorsque des irrégularités sont documentées.
La mise en service de l’OFNAC renouvelé marque une étape évoquée depuis plusieurs mois par les autorités comme l’un des volets prioritaires de modernisation du système de contrôle.


