Terrorisme au Sahel : Antonio Guterres alerte sur les nouvelles pratiques

L’ONU tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme face aux transformations du terrorisme au Sahel. António Guterres décrit une région où les groupes armés adaptent leurs méthodes, s’appuient sur des réseaux criminels et profitent de la fragilité des États pour étendre leur influence. Les conséquences humaines et économiques touchent plusieurs pays, du Mali au Nigéria, et interrogent la capacité collective à contenir une dynamique qui se renforce.

Pressions sécuritaires au Mali et en Afrique de l’Ouest : évolution tactique et pouvoir de nuisance

Les États ouest-africains soulignent une montée en puissance des groupes extrémistes, désormais dotés d’équipements plus modernes et capables de se déplacer rapidement entre plusieurs zones. Selon Julius Maada Bio, les organisations affiliées à Al-Qaïda ou à l’État islamique bénéficieraient d’armes sophistiquées et exploiterait la porosité des frontières. Cette capacité à multiplier les fronts s’accompagne d’attaques contre les chaînes d’approvisionnement, notamment le carburant, facteur qui perturbe les marchés locaux, l’accès aux soins et les opérations humanitaires.

Au Mali, une pénurie liée à un blocus du GSIM affecte directement les services essentiels, créant une situation que le Secrétaire général de l’ONU juge préoccupante pour les populations dépendantes de l’aide.

Les violences touchent également le bassin du lac Tchad, où Boko Haram, ISWAP et d’autres factions restent actifs. Les chiffres de la CEDEAO indiquent plus de 450 attaques enregistrées entre janvier et novembre 2025, pour un total d’environ 1 900 victimes. Ces données montrent l’ampleur du phénomène, désormais présent du Sahel central aux pays côtiers.

Stabilité au Sahel : transitions politiques, coopération régionale et rôle de l’ONU

Plusieurs dirigeants rappellent que les succès obtenus en matière de sécurisation, notamment par les forces maliennes et celles d’autres pays de la région ces derniers mois, ne garantissent pas une amélioration durable. Ces avancées montrent toutefois qu’il est possible de freiner l’expansion de certains groupes, tout en montrant les limites d’une réponse centrée sur les opérations militaires. Cette séquence marque un passage vers une réflexion plus large sur les moyens à mobiliser pour stabiliser la région.

António Guterres estime que la réponse doit s’appuyer sur la restauration du lien entre les populations et leurs institutions. Il évoque l’effritement du contrat social dans les zones où les services publics ne fonctionnent plus, laissant les jeunes sans perspectives et renforçant l’attractivité des groupes armés. La reconstruction administrative, l’éducation, les infrastructures, la santé ou encore l’adaptation climatique sont présentées comme des leviers permettant de réduire les vulnérabilités locales.

La question de la coopération régionale reste centrale. La CEDEAO cherche à activer sa Force en attente, un projet approuvé mais freiné par des difficultés financières. Julius Maada Bio propose un mécanisme réunissant la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU pour coordonner sécurité, gouvernance et action humanitaire. Il affirme que la Confédération des États du Sahel pourrait participer à cet effort commun, à condition de maintenir des canaux de dialogue. Il rappelle également que les transitions politiques ne devraient pas empêcher la coopération en matière de sécurité.

Un Sahel sous pression permanente

La multiplication des attaques a provoqué des déplacements massifs : près de quatre millions de personnes ont quitté leur foyer dans le Burkina Faso, le Mali, le Niger et les pays voisins. Les écoles fermées et les centres de santé hors service témoignent d’une détérioration profonde de la vie quotidienne. António Guterres affirme que l’inaction pourrait entraîner l’installation durable de zones échappant totalement au contrôle des États, avec des répercussions possibles bien au-delà de l’Afrique de l’Ouest.

Une équation régionale encore ouverte

Les témoignages présentés devant le Conseil de sécurité montrent que la menace évolue à un rythme soutenu, tandis que la réponse peine à suivre. Les initiatives régionales ou internationales existent, mais leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre et de la capacité des États à surmonter leurs divergences.

Le défi reste entier : améliorer la sécurité tout en redonnant aux populations des perspectives concrètes, afin de réduire l’influence des groupes armés et éviter que la région ne s’installe durablement dans l’instabilité.

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