Du 4 au 7 novembre 2025 s’est tenu à l’École de formation des professions juridiques d’Abomey‑Calavi (EF-PJ), un atelier de quatre jours réunissant l’ensemble des acteurs intervenant dans la chaîne de protection des droits de l’enfant au Bénin. L’événement, organisé sous l’égide de la Direction de la protection juridique et judiciaire de l’enfance (DPJJE) du Ministère de la Justice et de la Législation, visait à définir le cadre stratégique de la lute contre la traite et le travail des enfants en République du Bénin Au terme des travaux, un plan d’actions commun et un protocole de coopération ont été adopté.
Le Bénin reste marqué par des taux élevés de travail des enfants et de traite, malgré des progrès notables ces dernières années. Selon les données de l’Unicef, le taux de prévalence national du travail des enfants est passé de 52,5 % en 2014 à 19,9 % en 2022. Dans certaines zones rurales, ce taux peut être bien plus élevé selon un rapport de l’Unicef.
En matière de traite d’enfants, l’ampleur reste difficile à cerner, mais une enquête nationale estime que 67 437 enfants âgés de 5 à 17 ans sont susceptibles d’être en situation de traite au Bénin, dont 63 % sont des filles. Par ailleurs, un autre document estime que 40 317 filles et garçons âgés de 6 à 17 ans ont été victimes de traite.
Ces chiffres traduisent une réalité persistante : des enfants placés dans des travaux dangereux, à la mendicité, à la vente ambulante ou encore à la domesticité, et parfois exploités à l’intérieur du pays ou à l’étranger.
Le gouvernement béninois reste très sensible à cette situation et ne croise pas les bras. L’objectif de cet atelier était donc de renforcer la synergie existante entre les différents acteurs en vue d’un engagement fort en faveur de la protection des droits des enfants. Durant les quatre jours, les travaux se sont articulés autour de trois grandes axes : la définition d’un plan d’actions commun entre l’État et les associations de la Société civile, l’élaboration d’un protocole de coopération et de collaboration entre les différents acteurs et la mise en place d’un comité paritaire chargé du suivi-évaluation des actions envisagées, avec la capacité de déclencher des actions correctrices et de rendre compte à un niveau national.
La déclaration commune adoptée à l’issue de l’atelier engage l’ensemble des parties à œuvrer pour : renforcer l’inspection et le contrôle des lieux à risque (marchés, gares, mines, carrières, foyers domestiques), améliorer la prise en charge et la réinsertion des enfants retirés des situations d’exploitation, renforcer la formation des acteurs de terrain, et promouvoir la sensibilisation des communautés rurales et urbaines sur les droits de l’enfant.
Ce que prévoit le partenariat stratégique
Le partenariat scellé à l’issue de l’atelier d’Abomey-Calavi s’inscrit dans une logique renouvelée de synergie entre l’État et la Société civile, avec des points d’action concrets : Renforcement de la formation : les magistrats, inspecteurs du travail, assistants sociaux, travailleurs communautaires et forces de l’ordre bénéficieront d’un programme de co-formation afin de mieux repérer, référencer, prendre en charge et poursuivre les cas de travail des enfants et de traite.
Avec le protocole adopté, les rôles et responsabilités de chaque acteur, les procédures d’intervention, les mécanismes de coopération ainsi que le système de suivi et d’évaluation sont précises. Le plan d’action quant à lui, prévoit la mobilisation des chefs traditionnels, leaders religieux, artisans, parents, enfants eux-mêmes, sur les risques liés au travail et à la traite, et la valorisation de l’éducation comme alternative. Les actions cibleront les marchés, gares, carrières, mines, foyers domestiques.
L’atelier du 4 au 7 novembre 2025 marque un tournant : il formalise un partenariat stratégique entre le gouvernement béninois et la Société civile dans la lutte contre la traite et le travail des enfants. Sous la houlette de la Direction de la protection juridique et judiciaire de l’enfance du Ministère de la Justice, et avec la présence symbolique du directeur adjoint de cabinet Ulrich Tgbonon, les acteurs se donnent un cadre pour passer de la sensibilisation à l’action concertée. Le Bénin affirme ainsi sa volonté de protéger les droits des enfants mieux que par le passé. C’est désormais à tous de passer à l’action, pour que chaque enfant retrouve le droit à l’école, à la sécurité, à la dignité.



