Bénin : « Je n’appelle pas cela un coup d’État », Patrice Talon

Présent à la conférence de presse animée par le président de la République, le média Bénin Intelligent rapporte les principaux enseignements des échanges intervenus ce jeudi 18 décembre entre Patrice Talon et les professionnels des médias. Deux sujets majeurs ont structuré cette rencontre : les événements survenus le 7 décembre dernier et la nouvelle Constitution promulguée la veille, mercredi 17 décembre.

Interrogé sur la tentative de prise de pouvoir par la force, le chef de l’État a tenu un discours particulièrement ferme à l’endroit des auteurs. Il les a qualifiés de « voyous », de « petits terroristes » et « d’insensés ». Patrice Talon a également mis en garde ceux qui, selon lui, se sont réjouis de ces faits : « ceux qui se sont réjouis de cela, ils sont comptables. On ne peut pas se réjouir d’un crime ».

Sur le plan de l’analyse, le président a récusé toute lecture politique des événements. « Ma lecture politique, je n’en ai aucune. Je fais une lecture sociologique… Je ne tire aucune conséquence politique », a-t-il précisé. Il a par ailleurs livré des détails inédits sur les échanges intervenus avec l’un des meneurs présumés. « Pour ne rien vous cacher, à un moment, nous avons eu Tigri au téléphone. Nous lui avons dit “c’est de la folie ce que tu fais”. Il a demandé de ne pas les bombarder », a confié Patrice Talon, ajoutant que certains mutins avaient tenté de prendre la fuite en civil. Il a exprimé l’espoir d’une coopération des pays voisins en vue de leur extradition.

Le chef de l’État a tenu à dissocier l’attaque de la Garde nationale, affirmant que celle-ci n’en était pas l’instigatrice. « Ce n’est pas la Garde nationale qui a opéré l’attaque, non. Heureusement… », a-t-il déclaré. Il a évoqué l’implication de jeunes militaires en formation à Togbin, entraînés contre leur gré. Patrice Talon a salué la loyauté de l’armée béninoise, révélant que plusieurs casernes, notamment à Dessa et Ouidah, avaient immédiatement sollicité des instructions. « Dans toute communauté, il y a des crapules », a-t-il toutefois reconnu.

Il refuse de parler de coup d’État à proprement parler et a estimé que les conditions n’étaient pas réunies. « Je n’appelle pas cela un coup d’État », a-t-il soutenu, soulignant l’absence de ralliement massif de l’armée et de la population. Enfin, sur un registre plus personnel, Patrice Talon s’est voulu rassurant. « Je suis heureux de vous retrouver. Je vais bien, même si mon moral a pris un petit coup. Je suis peiné… pour l’image que ceux-là donnent de notre pays. Dites aux enfants que je vais bien »