Le Forum des médias africains consacré aux Maladies tropicales négligées (MTN) s’est tenu en ligne mardi 25 novembre, sous la forme d’un webinaire qui a réuni 150 journalistes francophones, anglophones et lusophones répartis sur plusieurs pays du continent. Cette rencontre marque l’ouverture de la quatrième édition de l’événement porté par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN).
Placée sous le thème « De la négligence à la mise en lumière : faire avancer l’agenda africain pour l’élimination des maladies tropicales négligées (MTN) », l’initiative entend renforcer la mobilisation médiatique autour de ces pathologies encore trop peu connues. Selon Bamba Youssouf, président du Conseil d’administration du réseau, l’objectif est de rappeler le rôle central des médias dans la sensibilisation, le plaidoyer et la mobilisation communautaire.
Les travaux se poursuivent jusqu’au 29, date qui coïncide avec la Journée mondiale de lutte contre les MTN. À leur issue, un plan d’action consensuel sera adopté pour une mise en œuvre dans les 43 pays membres du réseau durant la période 2026-2028, a précisé Bamba Youssouf.
Lors de la séance d’ouverture, Yaye Sophietou, directrice du développement à Speak-Up Africa, partenaire du REMAPSEN, a insisté sur la contribution attendue des professionnels des médias. Elle a rappelé que « la santé doit être réglée par nous-mêmes les Africains et non pas compter sur les apports extérieurs », appelant à intensifier la production de contenus journalistiques sur ces questions.
Cet appel rejoint la position du Pr Awa Marie Coll Seck, présidente du Forum Galien Afrique, également partenaire du réseau. Elle a souligné la nécessité pour les rédactions de contrer la désinformation et de rendre visibles des réalités souvent méconnues. Les MTN, a-t-elle rappelé, sont fréquemment interprétées comme des phénomènes mystiques alors qu’elles relèvent avant tout d’enjeux d’assainissement, en particulier dans les zones rurales défavorisées.
En intervenant lors de la conférence inaugurale, elle a indiqué que plus de 600 millions d’Africains sont touchés par ces maladies, qui aveuglent, défigurent, handicapent et stigmatisent des millions de personnes. Malgré ce constat, elle a évoqué une perspective d’espoir : « la prévention est possible ainsi que le traitement et dans bien des cas, l’élimination ».
Le représentant résident de l’OMS au Bénin, Dr Kouamé Jean Kossan, s’est également adressé aux participants par vidéo. Il a encouragé les médias à travailler de façon coordonnée avec les partenaires techniques afin d’améliorer durablement la santé des populations et de favoriser la réinsertion socio-économique des personnes affectées.
La rencontre a ensuite été marquée par plusieurs interventions techniques, dont une mise à jour sur la situation des MTN en Afrique présentée par Dr Maria Rebolo Polo, spécialiste de l’OMS. Une communication sur le traitement médiatique des sujets liés aux MTN, suivie d’un panel, a permis d’élargir les échanges.
Les MTN regroupent un ensemble hétérogène de maladies présentes surtout dans les zones tropicales et concentrées dans les communautés les plus pauvres. Elles sont provoquées par divers agents pathogènes — virus, bactéries, parasites, champignons ou toxines — et peuvent entraîner des défigurations sévères ou des handicaps durables, compromettant l’accès à l’éducation, l’emploi et au développement socio-économique.
À l’échelle mondiale, plus de 1,5 milliard de personnes vivent avec au moins une MTN, et 170 000 en meurent chaque année. En Afrique, 79 % des pays sont co-endémiques pour au moins cinq de ces maladies, parmi lesquelles l’ulcère de Buruli, la dengue, l’éléphantiasis, l’onchocercose, la dracunculose, le ver de Guinée, le trachome, les vers intestinaux, la trypanosomiase ou encore la gale.



