Les relations entre Paris et Alger traversent leur phase la plus critique depuis l’indépendance de 1962. Plusieurs événements ont cristallisé les tensions : le soutien français au plan marocain sur le Sahara occidental en juillet 2024, l’emprisonnement de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour atteinte à l’unité nationale, les différends sur les questions migratoires avec le refus algérien de délivrer des laissez-passer consulaires, et l’expulsion réciproque de douze diplomates en avril 2025. Ces frictions ont conduit au rappel de l’ambassadeur français Stéphane Romatet. Ce mercredi 24 décembre, une nouvelle initiative algérienne vient compliquer davantage ce tableau déjà assombri.
Le Parlement algérien vote une loi symbolique sur la période coloniale
Les députés algériens ont approuvé ce mercredi, sans aucune voix discordante, un texte législatif qui caractérise comme criminelle la présence française en Algérie entre 1830 et 1962. L’hémicycle a été le théâtre d’une scène solennelle où les parlementaires, arborant les couleurs nationales, ont salué par des applaudissements l’approbation de cette disposition juridique.
Cette législation établit la responsabilité de l’État français pour les événements survenus durant cette période historique. Brahim Boughali, qui préside l’Assemblée populaire nationale, a souligné la dimension souveraine de cette démarche parlementaire. Le texte exige que Paris présente des excuses formelles et prévoit un mécanisme de compensation financière pour les préjudices subis.
La diplomatie française exprime son désaccord face à cette démarche
Le ministère des Affaires étrangères français a vivement critiqué cette initiative qu’il juge contraire aux efforts de réconciliation bilatérale. Pour la diplomatie parisienne, cette loi compromet les tentatives d’établir un échange constructif sur les questions historiques sensibles.
Les autorités françaises ont exprimé leurs regrets concernant cette décision législative, estimant qu’elle va à rebours du travail mémoriel entrepris par le président Macron ces dernières années. Tout en refusant de s’immiscer dans les affaires internes algériennes, Paris maintient sa volonté d’établir des discussions rigoureuses avec Alger, particulièrement sur les problématiques liées à la sécurité et aux flux migratoires.
Cette nouvelle pomme de discorde émerge alors que les deux nations cherchaient péniblement à apaiser leurs différends diplomatiques, révélant combien les cicatrices du passé colonial continuent d’entraver la normalisation des rapports franco-algériens.



