Khabarovsk : la Russie met à l’eau son sous-marin capable de porter son redoutable drone "Poseidon"

À Severodvinsk, le chantier Sevmash a mis à l’eau le Khabarovsk, un sous-marin pensé pour accueillir la torpille nucléaire Poseidon, l’un des systèmes d’armes les plus discutés du moment. Les dernières images satellites dévoilées par Naval News confirment que le bâtiment flotte désormais à quai, après plusieurs semaines passées sur la cale extérieure du site de Severodvinsk. Le lancement officiel a été célébré début novembre en présence des plus hautes autorités militaires russes, mais c’est seulement vers la fin du mois que le navire est apparu à flot, signe que les travaux préparatoires se poursuivaient encore.

Le Poseidon avait déjà fait l’objet d’un précédent article publié sur notre plateforme, où il était présenté comme un engin sous-marin à propulsion nucléaire capable, selon les estimations publiques, d’emporter une charge considérable et pouvant engendrer des effets dévastateurs sur des zones côtières. Ce rappel éclaire la portée stratégique du Khabarovsk, dont la vocation est précisément d’emporter plusieurs exemplaires de cette arme et de servir de plateforme dédiée à son déploiement. L’arrivée du nouveau sous-marin marque ainsi une progression notable dans le programme naval russe autour de ce système.

Programme naval russe et capacités du Khabarovsk

Contrairement aux grands sous-marins nucléaires d’attaque ou aux lanceurs d’engins traditionnels de la flotte russe, le Khabarovsk aurait été pensé pour une mission unique. Les informations disponibles indiquent qu’il s’agit d’un bâtiment « à usage spécial », une catégorie rare et distincte dans l’arsenal naval de Moscou. Conçu par le bureau d’études Rubin, il reprend plusieurs caractéristiques architecturales associées aux sous-marins nucléaires de classe Borei-A, mais avec des transformations profondes de la partie avant pour intégrer un compartiment à torpilles de très grande taille.

Les estimations basées sur l’analyse d’images satellites situent sa longueur autour de 136 mètres, soit environ vingt mètres de moins qu’un Borei-A. Le retrait de toute la section dédiée aux missiles balistiques a laissé la place à un espace interne entièrement réorganisé pour accueillir plusieurs torpilles Poseidon. Certaines évaluations évoquent une capacité maximale pouvant atteindre six unités, même si ce chiffre reste lié à des analyses extérieures plutôt qu’à des indications officielles.

La progression du chantier n’a pas été exposée en détail, mais plusieurs précautions ont été observées pour limiter les observations étrangères. Lors de son transfert hors du hall de production, les éléments liés à la propulsion ont été entièrement masqués. Des voiles et structures temporaires recouvraient aussi des zones sensibles, notamment l’avant du sous-marin et une écoutille située derrière la voile. Ces dispositifs suggèrent que des ajustements ou des installations d’équipements se poursuivaient encore après la cérémonie publique.

Armes stratégiques russes et statut particulier du Poseidon

L’un des éléments les plus commentés autour du Khabarovsk reste sa fonction de plateforme pour le Poseidon, que Moscou présente comme un système stratégique à part entière. Le drone-torpille, propulsé par un réacteur miniature, peut être lancé depuis des zones protégées proches des côtes russes. Une fois en mouvement, il suit un itinéraire autonome à grande profondeur pour atteindre des points côtiers très éloignés. Les annonces officielles ont déjà évoqué des essais au large de la Nouvelle-Zemble, jugés concluants par les autorités russes.

Il n’existe à ce jour aucune indication publique sur une méthode éprouvée permettant de neutraliser une arme de ce type une fois lancée. Cela confère au Poseidon une valeur particulière dans la stratégie maritime de Moscou et explique l’importance accordée à la construction d’une plateforme dédiée comme le Khabarovsk. Son prédécesseur dans ce rôle, le Belgorod, reste pour l’instant le seul autre sous-marin capable de l’emporter.

La mise à l’eau effective d’un deuxième bâtiment destiné au même système renforce mécaniquement la capacité potentielle de déploiement de ces torpilles. Il pourrait être envisagé que ces plateformes soient opérées depuis des zones maritimes sécurisées, où la protection combinée de la flotte de surface, des sous-marins d’escorte et des installations terrestres rend difficile toute tentative d’approche adverse.

Un jalon important pour la flotte russe

Si le Khabarovsk doit encore passer par plusieurs phases avant de débuter ses essais en mer, son apparition à flot reste un signal fort. La Russie montre qu’elle poursuit la modernisation de ses moyens sous-marins et met en place les infrastructures nécessaires au déploiement de nouvelles armes stratégiques. La construction, qui s’est étalée sur plus d’une décennie, arrive ainsi dans une étape visible de son aboutissement.

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