L’Amérique est-elle prête à élire une femme à la Maison-Blanche ? Cette question, qui agite le Parti démocrate depuis la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump en novembre 2024, vient de provoquer un désaccord public entre deux figures majeures de la gauche américaine.
Kamala Harris affirme sa confiance dans l’électorat américain
L’ancienne vice-présidente a exprimé une vision optimiste lors d’un entretien accordé au New York Times. Interrogée sur la possibilité qu’une femme accède un jour au Bureau ovale, elle a répondu sans hésiter qu’elle pensait le pays capable de franchir ce cap historique. Cette déclaration tranche avec le pessimisme exprimé quelques semaines plus tôt par Michelle Obama.
L’ex-Première dame avait en effet tenu des propos sans équivoque début novembre, lors d’une conversation avec l’actrice Tracee Ellis Ross à la Brooklyn Academy of Music de New York. Venue promouvoir son ouvrage The Look, consacré à son rapport à la mode et à l’image pendant ses années à la Maison-Blanche, Michelle Obama avait été interrogée sur les obstacles qui empêchent encore une femme d’accéder à la présidence. Sa réponse avait fait l’effet d’une douche froide : elle estimait que l’électorat américain n’était toujours pas disposé à confier les rênes du pays à une femme. Elle avait notamment pointé du doigt une partie de la population masculine, incapable selon elle d’accepter d’être dirigée par une femme. L’ancienne Première dame avait également coupé court aux spéculations sur sa propre candidature, invitant ceux qui l’encouragent à se présenter à ne pas lui faire perdre son temps.
Le Parti démocrate divisé sur les raisons de l’échec électoral de 2024
Le contraste entre ces deux analyses révèle les tensions qui traversent le camp démocrate depuis la présidentielle de 2024. Certains élus ont rejoint le constat de Michelle Obama. Le représentant James Clyburn, figure influente de Caroline du Sud qui avait contribué à relancer la campagne de Joe Biden en 2020, a notamment estimé que l’histoire récente démontrait cette réticence de l’électorat, rappelant les échecs successifs d’Hillary Clinton et de Kamala Harris.
L’ancienne vice-présidente, elle, préfère mettre en avant les signaux positifs qu’elle perçoit lors de sa tournée promotionnelle pour son livre 107 Days. Cet ouvrage, paru en septembre 2025 chez Simon & Schuster, revient sur les 107 jours de sa campagne éclair lancée après le retrait de Joe Biden. Lors d’une étape au Ryman Auditorium de Nashville, elle avait évoqué une future présidente en utilisant le pronom féminin, provoquant les applaudissements nourris du public. Elle souligne que des milliers de personnes se pressent à chaque événement de sa tournée, toutes les dates affichant complet.
Quant à ses ambitions pour 2028, Kamala Harris reste évasive. Elle rappelle que l’échéance se situe dans trois ans et qu’elle considère sa place dans l’histoire américaine déjà acquise, en tant que première femme, première Afro-Américaine et première Américaine d’origine sud-asiatique à avoir occupé la vice-présidence. Un buste de marbre à son effigie rejoindra d’ailleurs ceux de ses prédécesseurs au Capitole, comme le veut la tradition depuis une résolution du Sénat datant de 1898.



