Russie: le groupe Pussy Riot désigné “organisation extrémiste”

La justice russe a franchi un nouveau seuil dans son rapport aux voix contestataires. Lundi, un tribunal de Moscou a officiellement qualifié le collectif punk Pussy Riot d’« organisation extrémiste », entraînant l’interdiction immédiate de toutes ses activités sur le territoire russe. Cette décision, rendue publique via un message diffusé par l’institution judiciaire, marque une étape supplémentaire dans le traitement réservé à ce groupe devenu, au fil des années, l’un des symboles les plus connus de la contestation artistique et politique en Russie.

Une interdiction totale visant Pussy Riot

La qualification d’« organisation extrémiste » a des effets juridiques lourds en Russie. Elle entraîne non seulement la dissolution du groupe, mais expose également toute personne soupçonnée de le soutenir à des poursuites pénales. Le tribunal de Moscou a ainsi acté l’interdiction complète des activités de Pussy Riot dans la Fédération de Russie, une mesure qui était largement anticipée par les membres du collectif eux-mêmes.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs figures du groupe avaient laissé entendre que cette décision était en préparation depuis longtemps. Nadya Tolokonnikova, l’une des fondatrices, a rappelé que les autorités russes cherchaient, selon elle, à neutraliser Pussy Riot depuis plus d’une décennie. Dans des messages publiés avant le verdict, le collectif affirmait que l’objectif de la procédure était de faire disparaître le groupe de l’espace public russe, y compris sur le plan symbolique.

Même si la plupart des membres de Pussy Riot vivent aujourd’hui hors de Russie, cette décision judiciaire formalise une situation déjà largement établie dans les faits : leurs performances, prises de position et initiatives artistiques n’étaient plus tolérées sur le territoire russe depuis plusieurs années.

Pussy Riot, art contestataire et pouvoir en Russie

Pussy Riot s’est fait connaître au début des années 2010 par des actions mêlant musique punk, performances artistiques et dénonciation directe du pouvoir politique et religieux. Le collectif attire l’attention internationale en 2012 après une action dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, qualifiée de « prière punk », qui conduit à l’arrestation et à l’incarcération de plusieurs de ses membres. Cet épisode marque durablement l’image du groupe, à la fois en Russie et à l’étranger.

Depuis cet événement, Pussy Riot est régulièrement présenté par les autorités russes comme un acteur hostile à l’ordre public. De leur côté, les membres du collectif revendiquent une démarche artistique engagée, utilisant la provocation et la satire pour critiquer le pouvoir en place, la restriction des libertés et certaines orientations politiques du pays.

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