Les pieds nickeles de l’opposition

{ic_doc} Depuis un certain temps, beaucoup de boites Internet, {/ic_doc}

  dont la mienne, sont envahies par des publications d’un obscur mouvement politique qui dénonce, par une rhétorique un peu alarmiste, les abus du pouvoir Yayi. Les tracts qu’ils nous inondent sont quasi hebdomadaires et s’emploient à décrire l’état catastrophique dans lequel le pays serait enlisé.

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J’aurai pu rester indifférent à un tel phénomène si le contexte avait été autre. Après tout, on reçoit quotidiennement des feuilles de chou du genre, qui, pour applaudir les actions du chef de l’Etat – avec le fameux Beninhuzu, le bulletin du changement – qui, au contraire, pour les dénoncer.

Mais si j’ai décidé d’en parler, c’est parce que justement, les auteurs de telles publications semblent ignorer ce qui confère à un organe, fut-il confidentiel, toute sa crédibilité : la signature des articles, autrement dit, la revendication officielle des textes publiés.

Pendant la parenthèse révolutionnaire, on pouvait comprendre que des partis tels que le PCD et la Convention du peuple produisent, concurremment à l’Etat PRPB, autant de tracts qu’il y avait de slogans révolutionnaires à la radio. On pouvait comprendre que le bulletin de liaison qu’ils publiaient, La Flamme, ne porte que l’unique signature de l’animateur principal, Pascal Fatondji. A ce parti, on peut reprocher tout, sauf d’être défendu par des pieds nickelés ou des farfelus. Ici, la formation politique des militants a fait de ce mouvement historique l’un des mieux structurés et surtout un parti d’hommes de conviction.

Conviction et engagement : deux des valeurs qui manquent aujourd’hui à ceux qui s’expriment dans l’anonymat total comme des oiseaux sorciers craignant d’être surpris par le jour.

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Je suis persuadé que nos Don Quichotte de comptoir ne sont rien d’autre que des hommes et des femmes connus. Je suis persuadé qu’ils se recrutent ou dans le voisinage de la majorité présidentielle ou dans le maquis de l’opposition. A moins qu’ils surfent entre les deux tranchées. Sinon, comment comprendre que, pour essaimer les idées dont ils sont les articulateurs, ils refusent de s’afficher au grand jour. Comment comprendre que, pour exprimer les griefs recensés contre le régime de Yayi, ils avancent masqués, préférant ne pas apposer leur signature au bas des documents publiés. Craignent-ils qu’on leur rabote le museau ? Ou qu’on leur fasse vivre le spleen délirant de la persécution, comme aux temps bénis du kérékouisme, version léniniste ?

Or, même s’il existe des menaces qui pèsent sur la démocratie béninoise, je ne crois pas que le régime yayi soit si borné, si aphone au point de reconduire le pays vint ans en arrière. Non, le problème de ces petits opposants est ailleurs.

En réalité, s’ils ont choisi de jouer à la taupe, c’est que nos amis de l’Internet sont toujours attachés à leurs conforts du moment. Dans une position visible, à des postes de responsabilités desquels ils ne voudraient, en aucun cas, être débarqués. Ce qui montre qu’ils n’ont ni le courage de leurs opinions, ni l’ampleur des ambitions qu’ils nourrissent pour ce pays. Je suis certain qu’ils sont même les derniers à croire aux idées qu’ils veulent faire partager. En langage diplomatique, on appelle ça de la lâcheté.

Or, la lâcheté en politique, c’est ce qu’il y a de plus gratuit, donc de plus facile. Elle n’est en général que l’œuvre des pieds nickelés.

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