Polémique sur la liberté d’expression

 {ic_doc} Du Président

de la République {/ic_doc}

Publicité

« il faut donc se garder de prendre qui que ce soit pour un véritable « homme providentiel » auquel est due une soumission aveugle » (Missel de l’assemblée dominicale, Editions Brepols, 1997, p. 796).

 

J’insiste. Chaque acte que le Président de la République pose, il le pose en mon nom. Chaque sou qu’il dépense ou fait dépenser, c’est mon sou et il est dépensé en mon nom. Le Président de la République n’a pas été choisi pour ne rien faire ou pour faire mal. S’il a été élu, c’est bien parce que la majorité a estimé qu’il était le mieux placé pour défendre nos intérêts psychologiques, culturels, moraux et matériels. S’étonner de ce qu’il agit, c’est donc lui manquer de confiance et c’est aussi me manquer de respect tant que, ayant voté pour ou contre lui ou n’ayant pas voté du tout, je me soumets à la loi fondamentale de la société.

Publicité

Le Président de la République est une institution, la première du pays. Il doit se conduire comme telle, sans volonté de broncher aux conséquences. Et nous devons à son égard respectabilité et exigence. L’exigence de ne pas être trahi par des comportements ou actes qui nous compromettraient dans notre existence individuelle ou sociale. Normalement, il a un mandat, le nôtre. Cela veut dire que l’individu derrière l’institution n’est pas là pour faire ce qu’il veut, mais ce que nous lui avons demandé de faire. C’est ici que s’installe l’ambiguïté que j’évoquais lorsque je demandais de « reprendre la parole ».

Car la ruse et la rogne qui ont occupé l’arène de la parole depuis bientôt deux ans ont installé systématiquement une ambiance de confusion que seule la désespérance pouvait ainsi cautionner. Personne ne sait quelle est la mission du chef de l’Etat. Tout simplement parce qu’il a été élu sur la base d’un mot « mana » : le changement. Changement de quoi ? Changement de qui ? Changement par rapport à quoi ? On n’en est pas seulement à se poser ce genre de questions. C’est déjà, de la bouche des esclavagistes, une vertu de classe présentée, il est vrai, comme un revigorant universel et qui implique le refus de l’altérité, la négation du différent.

Tout au plus, on évoquera la « vision du chef de l’Etat ». Mais qui connaît cette vision en dehors de la personne du chef de l’Etat ? L’émergence ? C’est ce que visent tous les Etats non émergents ! Comment y parvenir ici, maintenant ? Nul ne le sait et c’est précisément l’avantage majeur de ces shorobiteurs de ne pas avoir à le dire. Au demeurant, on comprend ce qu’un tel néant de la définition apporte à ceux qui la brandissent glorieusement : une sorte de petit salut éthique, la satisfaction d’avoir milité en faveur d’une vérité sur le « changement », sans avoir à assumer aucun des risques que toute recherche sérieuse de la vérité comporte fatalement. Le shorobitisme, à l’instar du poujadisme que dénonçait Roland Barthes, « dispense d’avoir des idées mais en même temps s’enfle à faire de cette licence une dure loi morale : la paresse est promue au rang de rigueur. »

La récurrence dans les médias de ces mots manas, leur répétition, leur déblatération même, sont la plus certaine preuve de leur propre inflation. Toutefois, les mots résistent désormais à la rhétorique officielle et l’obligent à révéler sous le mythe l’alternative du mensonge ou de la vérité.

Voilà pourquoi nous ne devons plus nous taire. Il est temps de définir les objectifs vers lesquels le contenu du mandat présidentiel doit conduire. Sont salutaires à cette mission et indifféremment : les intellectuels qui savent lui rappeler sa mission quand son nombril a tendance à l’évacuer, ceux qui le critiquent objectivement sans jamais l’insulter, le soutenant ainsi, les conseillers qui ne se substituent pas en griots mais qui savent que leur boulot c’est de lui préparer les bonnes décisions sans tambour ni trompette, les ministres qui ont le sens de leur mission et qui, solidaires à l’institution, ne sont pas soumis à la personne, les magistrats responsables, les médias qui proposent de véritables programmes au peuple et non ceux qui sont payés avec nos sous pour caresser des individus dans le sens des poils, les paysans qui produisent beaucoup, les fonctionnaires rigoureux, les entrepreneurs qui savent s’enrichir sans allégeance à la personne, les créateurs et autres inventeurs qui travaillent au lieu de se fourvoyer dans des associations sans âme.

Tel est le contrat qui me lie, en tant que citoyen, au Président de la République. Le reconnaître a l’avantage de réduire les marches d’allégeance et autres prostitutions pour mieux travailler et mieux bâtir notre société.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité