Théâtre : «A la maison»

{ic_doc}{/ic_doc} Un carnet de litiges domaniaux

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  Spectacle au décor sombre. Sans lumière. Sans une recherche lourde dans le fond. Mais juste une chaise pour symboliser la maison. La scène se joue entre un Noir et un Blanc. Le croisement de l’Europe et de l’Afrique. Il s’agit de la vie à la maison sous la plume de trois auteurs togolais, français et canadien. Sous la direction de la compagnie 3C et Théâtre du Mantois, deux comédiens se livrent à une discussion verbale sans merci. L’Européen a mis l’inscription «à vendre» sur sa maison. L’Africain est intéressé par l’annonce. Il vient s’enquérir du prix. Le vendeur refuse de le fixer de lui-même. Il préfère que cela vienne de l’acheteur. Son problème, c’est de céder la maison à un richissime acquéreur qui se chargera de mettre le paquet en commençant par la proposition de prix. Ils n’arrivent pas à s’entendre jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’ils sont liés tous les deux. Liés par un litige qui plane sur la maison et qui fait d’elle une marchandise qui ne saurait être destinée à la vente, du moins en l’état actuel. Leur univers change tout d’un coup. Ils jouent désormais dans un doublage. L’un racontant la même histoire que l’autre. Métro, boulot, dodo : on est en France ou quelque part en Europe à présent. Ereinté par le travail de la journée et les emmerdements dans le train interurbain, l’homme (l’unique qu’ils sont tous les deux devenus) rentre chez lui et découvre qu’un autre individu occupe son salon tout peinard, la télé allumée, les jambes posées sur le guéridon et sans se douter de rien. L’arrivée du vrai propriétaire ne l’inquiète guère. Il possède les clés de l’appartement et soutient mordicus qu’il est chez lui. Au moment où le ton commence par être haussé des deux côtés, un autre fait son entrée en ouvrant le portail à clé, comme eux. Et un quatrième, et un cinquième, et ainsi de suite.

«A la maison» est une scène qui peut se jouer dans n’importe quelle salle. Même à la maison, elle passe sans commentaire. C’est une histoire de la maison, une affaire familiale qui ne peut mieux passer ailleurs. A la présente édition du Fitheb, ce spectacle était prévu pour être joué dans des maisons. Mais faute de demandeur, il a été présenté à l’auditorium du centre culturel français de Cotonou le mardi dernier à douze heures trente minutes, donc à l’heure du déjeuner. C’est comme si on était à la maison et chacun se délectant d’un met succulent.

F. S.

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