Trist’ Art

La mauvaise foi du pouvoir central  

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Les artistes béninois qui portent le flambeau de la nation sur le marché international ne sont pas valorisés par le pouvoir du docteur Boni Yayi. Ils ne bénéficient d'aucun honneur du pays au moment où ils reçoivent des prix prestigieux en Europe et aux Etats-Unis. La plus grande honte que ce pouvoir vient d'infliger à l'Etat est cette indifférence notoire à la désignation de quatre artistes béninois au rang des cent (100) personnalités qui font l'Afrique. Il s'agit de la chorégraphe Germaine Acogny, de la chanteuse Angélique Kidjo, du plasticien Romuald Hazoumé et du cinéaste Djimon Hounsou. Le sacre de ceux-ci aux côtés d'autres grands noms du continent du monde culturel, politique, scientifique… s'est fait le 08 janvier 2008 par le magazine de référence "Jeune Afrique l'Intelligent". Depuis quelques années, en effet, ce magazine publie son "top 100" des personnalités qui font le continent et par ricochet, les Africains plus influents dans le monde. Germaine Acogny est une danseuse émérite. Sénégalaise d'origine béninoise, elle réside à Dakar où elle a fondé depuis 1968 son premier studio de danse africaine. Influencée par l'héritage gestuel de sa grand-mère, prêtresse Yoruba, son apprentissage des danses traditionnelles africaines et des danses occidentales lui a permis de mettre au point sa propre technique de Danse Africaine Moderne. Enseignante de l'art dans le monde entier, elle est un réel émissaire de la danse et de la culture africaine. Ce qui lui vaut beaucoup de médailles d'honneur à l'étranger. Entre autres, Chevalier de l'Ordre du Mérite, Officier des Arts et des Lettres et Chevalier de la Légion d'honneur de la République Française et Chevalier de l'Ordre National du Lion du Sénégal.

Angélique Kidjo est lauréate, cette année, des Grammy Awards des Etats-Unis dans la catégorie Meilleure musique du monde contemporain grâce à son dernier album intitulé "Djin Djin". Un équivalent des prix Nobel de la littérature, la paix… et des Oscars du cinéma. Angélique Kidjo est en plus "ambassadrice itinérante" de l'Unicef depuis 2002 pour la cause des enfants. Ses débuts dans la musique remontent aux années 1990.

Romuald Hazoumé, a reçu en septembre 2007, le prix Arnold Bode à la Documenta 12, une exposition internationale à Kassel en Allemagne. La plus glorieuse récompense dans le domaine de l'art plastique. Il devient du coup le premier africain a recevoir le prix, ceci, avec une composition de masques et une installation nautique "Dream".

Djimon Hounsou est un grand acteur du cinéma hollywoodien. Son physique et ses origines africaines font de lui l'acteur parfait pour les rôles de "costaud" ou d'indigène plus bon et intelligent que ne le font croire les autres. Il joue généralement des rôles de premier plan comme celui de combattant, de détective, de soldat, de motard et de chef tribal dans de longs métrages très osés. En 2006, il s'est montré encore plus impérieux dans "Blood Diamond", un film engagé d'Edward Zwick sur le trafic de pierres précieuses issues de conflits africains, aux côtés du célébrissime Leonardo DiCaprio.
Ainsi, "Jeune Afrique l'Intelligent" ne s'est point trompé sur la célébrité de ces quatre cerveaux béninois. Mais, curieusement, de janvier à ce jour, le pouvoir en place n'a daigné donner l'impression de se réjouir de cette publication du magazine. Car, à travers cette proclamation qui, ma foi, est objective, c'est d'abord l'origine béninoise des récipiendaires, qui est célébrée. Et donc, il aurait suffit d'un tout petit mot de félicitation en Conseil des ministres, bien qu'ils méritent mieux. Ou tout au moins, le chef de l'Etat aurait pu inscrire cela dans l'un de ses discours officiels très abondants ces derniers temps. Je me demande si ce n'est pas parce que Boni Yayi ne figure pas parmi ces cents personnalités qui font l'Afrique que son gouvernement a opté pour le black-out. C'est sûr que si le président de la République avait fait partie du classement, il y aurait eu un tapage médiatique tonitruant autour. Des mouvements politiques ou supposés tels, réguliers ou mal fichus seraient en train de danser la sérénade à longueur de journée et même aux heures reposantes de la nuit.
Mais, je pense que la grosse part de responsabilité dans ce comportement dédaigneux vis-à-vis des ambassadeurs de notre culture est imputable au ministre de tutelle, Soumanou Toléba. Depuis quelques temps, ce dernier semble être aveuglé par le milliard culturel. Sa préoccupation, paraît-il, est fondamentalement comment faire pour dépenser le fonds comme c'est souvent le cas par la plupart des politiques. Et déjà, on apprend qu'il a commandé pour le montant de deux cent millions (200.000.000) de francs Cfa, des instruments de musique devant servir à l'orchestration lors des concerts live qu'organise Boni Yayi. Les milliards, il est vrai, détournent souvent de l'essentiel…

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