Hommage du Réflèxionnisme au Martiniquais

Césaire, notre part de l’héritage …
Quand le natif d’Adja rend l’âme, c’est en vertu des us et coutumes de cette ère culturelle qu’il est inhumé. Quand le natif d’Oyo rend l’âme, c’est en vertu des us et coutumes de cette ère culturelle connue des ressortissants de la région qu’il est inhumé.

Aimé Césaire est de ces patriarches qui ne sont ni d’Oyo, ni d’Adja : autant dire qu’il n’est point de l’Afrique, encore moins de l’occident tant la compassion pour l’ancien maître est pour ce petit-fils d’esclaves déportés dans les Amériques Noires la clef de voûte d’un nouvel humanisme. Le nègre est tout simplement un citoyen du monde tant sa très forte dimension humaine inspire respect. Je me joins au regret de tous les gens de Lettres qui ont perdu un père spirituel, quoiqu’en vérité se soient les penseurs qui soient éplorées aux mieux.
Il nous revient aujourd’hui, précurseur du courant littéraire et artistique le Réflèxionnisme de rendre hommage à l’un des derniers fondateurs vivants de la négritude. Il nous revient de saluer comme l’humanité toute entière la mémoire d’un homme ayant fermé la porte au nez de Sarkozy dont le culte de l’acharnement gratuit contre les noirs, voire de leur postérité l’agaçait. Il va de soi que la disparition du poète Aimé Fernand David  Césaire, gardien du destin culturel d’une race, puisse aussi bien attrister l’esprit tant de ses grands amis que de nous autres ses petits fils africains, solidaires à son combat pour l’autonomie des noirs longtemps placés sous le joug du colon. En effet, sans compter les vénérables hommages rendus depuis le XXIème siècle à Victor Hugo (1885), Paul Valery (1945) et Colette (1954), le Réflèxionnisme se joint à la Martinique, orpheline de son poète, pour célébrer l’exceptionnelle mémoire de cet symbole pour le respect des peuples noirs. Combien d’âmes qui vivent ne savent-ils pas encore que « la civilisation occidentale telle que l’ont façonné deux siècles de régime bourgeois est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème du prolétariat et le problème colonial … » Cette pensée aura été le journal de bord de plusieurs générations et d’antillais, et d’africains et d’américain. C’était sans compter sur l’esprit de maturité du maître dont le parcourt nous paraît l’un des plus élogieux de l’intelligentsia du XXIème siècle. Au demeurant Aimé Césaire qui ne veut prêcher pour aucune paroisse, conscient que la misère des peuples noirs émane aussi de leurs dirigeants,véritables pécheurs en eau trouble, pense sans complaisance qu’ « il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient que la révolution ça consiste à chasser le blanc et en lieu et place, je veux dire, sur le dos du nègre à faire le blanc ».Cette dernière voix qui s’est tue pour toujours le 17 Avril 2008 à Fort- de – France dans sa 94ème année a influencé plusieurs générations d’écrivains,comme celle du béninois Nouréimi Tidjani-Serpos, celle du québécois Gaston Miron, celle du franco-béninois Azarias Sekko…
Quand bien même nous sortions peu à peu du black-out étouffant de nos peines, avouons que Césaire s’en est allé au moment où ses petits fils ont le plus besoin de son ombrage pour grandir. S’il est vrai que l’expression de la culture des générations actuelles n’est plus la fierté consciente d’être noir ; il nous aura fallu aller au Réflèxionnisme qui tout en prônant la théorie de l’Art pour la sauvegarde propose une thématique dont la valeur morale met toujours le lecteur dans l’embarras en l’obligeant à réfléchir ne sachant quel parti prendre. Ensuite de quoi la rupture avec la négritude sera, diront certains, notre part de l’héritage fructifié du vivant de Césaire. L’ homme dont l’œuvre poétique est quelque fois sans soucis esthétique du beau comme le témoignage son vers du Calendrier lagunaire inscrit sur la tombe du disparu au cimetière La Joyaux, selon son désirata.

Publicité

Or aussi vrai que les morts ne sont pas morts, Césaire, toi le prince de la pensée, dis à nous tes petits fils ces vers de ton compère béninois Fabien Fayomi :

Laisse-toi venir, enfant à la poésie,
Sans crainte, sans préjugé, sans cérémonie.
Il se peut que je n’aie pour toi d’autre héritage.
Quand de ma vie j’aurai tourné l’ultime page.

Césaire, tu n’es plus. Que reste-t-il de l’humble croix qui témoigne de ton passage…Sur ta tombe fleuri un nouveau type de pensée : le Réflèxionnisme ; notre part de l’héritage. Ces vers seront-ils aussi notre part de l’héritage.

Par Wilfried  D. Crecel
Précurseur du Réflèxionnisme
dacrecel185@ yahoo.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité