La mémoire sélective de Mathieu Kérékou

L’actualité en  ce début de semaine de travail,  c’est bien la mise sous mandat de dépôt des 11 militants de la Rb impliqués dans la ténébreuse affaire de vol de cartes d’électeurs. Mais on ne peut occulter la visite , le week-end dernier, du président Boni Yayi au domicile de Mathieu Kérékou  , en raison  du  contexte politique actuel , un contexte marqué par les suites de  la déclaration du G13 et  la sortie fracassante de ce qu’on appelle le G4 .Les passe  d’armes verbales qui s’en sont suivies   entre les  Forces Cauris et leurs affidés d’une part et " leurs amis d’en face" d’autre part,  n’ont pas fini de faire des vagues .

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 Cette visite n’est donc pas fortuite, tant s’en faut !Au delà de son  caractère  protocolaire, il n’ y a pas de doute que Yayi cherche le soutien de son prédécesseur dont on connaît les liens très forts avec la plupart des  pourfendeurs actuels  de son régime. Mais là n’est pas notre propos de ce jour consacré essentiellement aux déclarations du général. Déclarations de nature à semer la confusion et à  le présenter devant l’histoire comme victime des "intrigues "de la classe politique.
                                       

Cette visite nous a permis de  redécouvrir Mathieu Kérékou, tel qu’en lui-même :mi-sérieux , mi-badin et toujours le discours sibyllin de celui qui  en sait  plus mais veut toujours en  dire moins et surtout qui ne se sent responsable de rien . Intervenant au lendemain de la" part de vérité" de son ancien ministre,  Amos Elègbè  qui a eu le culot de le présenter comme son père et qui dit le connaître mieux que quiconque, les déclarations  à l’emporte –pièce du "retraité des rois banques" sonnent  en effet  comme une sorte d’auto –réhabilitation sur  le thème de l ’enfer c’est les autres ! Le général n’a rien fait, c’est son entourage !Autrement dit, les malheurs de Yayi  aujourd’hui ressemblent à ses déboires d’hier, semble –t-il dire à l’adresse de son hôte d’un soir,  comme pour lui dire de tenir bon et de ne pas céder aux  pressions de sa nouvelle opposition. Mais ces conseils sonnent complètement faux, parce que la situation politique a évolué et l’élu d’avril 2006 se garderait bien de les suivre à la lettre.

Car personne mieux que Kérékou n’a autant cherché et réussi à manipuler les acteurs de la classe politique,  à monter les uns contre les autres , à empêcher l’éclosion de grands partis à même de gêner son action .. Ceux qui  disaient qu’il passait le plus clair de son temps à étudier comment opposer les politiciens les uns  aux autres , n’ont pas tort. L’art de diviser la classe politique et même la société civile qui a pris son envol sous son règne , c’est la marque de fabrique de Mathieu Kérékou que lui envieraient bien des leaders politiques africains. La Rb  en sait quelque  chose , elle qui a subi pendant les dix ans du règne kérékou II et III la plus grande saignée qu’un parti politique ait jamais subie  en quinze ans de Renouveau démocratique. Souvenons- nous du conflit au sein du Fard Alafia et qui a abouti à la création du Car Dunya  et plus tard de l’éclatement du premier vers la fin du règne Kérékou entre les partisans de Daniel Tawéma , déchu de son poste de tout- puissant ministre de l’Intérieur et les autres. Souvenons-nous  plus tôt de la création du Prd Nouvelle Génération  et de son truculent leader Kamarou Fassassi, spécialiste de la danse du ventre, Fassassi,  dissident  de la première heure du Prd originel,  pour ne rien dire de la  scission du Psd après le départ du ministre Dansou. kérékou est donc mal placé pour accuser la classe politique d’avoir contrecarré son action. Même  si cette dernière l’a fait- nous sommes en politique et tous les coups sont permis- elle n’a pu le faire qu’en réaction aux actions déstabilisatrices de Mathieu Kérékou.
Alors, si Kérékou s’est fendu de sa dernière déclaration  pour expliquer l’échec de toute sa politique , après  son come-back  de  1996, c’est raté aussi !Puisque c’est à la suite de la mise à l’écart de tous les leaders politiques de son gouvernement que la débâcle de son régime s’est accentuée. Tout le monde connaît aujourd’hui  le rôle que l’ancienne égérie Chantal de Souza Idohou a joué dans les deux dernières années ou presque de son règne. Un rôle de "parrain" d’une mafia politico-affairiste qui a procédé au siphonage en règle des caisses de l’Etat, au nez et à la barbe de toutes les structures de  moralisation de la vie publique. Elle dont on sait qu’elle n’a pas dépassé le niveau de la classe de 3ème faisait et défaisait les gouvernements et  faisait gicler des ministres , tout  comme Mohamed Cissé de triste mémoire l’avait déjà fait à une certaine époque. Le Ministre Pierre Osho, fidèle parmi les fidèles a dû claquer la porte  de mauvais gré. On connaît la suite. N’eut été la détermination d’une certaine société civile méconnaissable aujourd’hui, le général aurait rempilé après avoir tripatouillé la constitution. Que Kérékou cesse de prendre les Béninois pour des demeurés  ou des amnésiques !Qu’il se réjouisse de ce qu’on ne lui tienne pas rigueur de tout le mal qu’il a fait à ce pays. L’histoire retiendra simplement  que sa gouvernance a été l’une des plus calamiteuses que le pays ait connue en presque 50 ans d’indépendance.
 
Vincent FOLY 

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