Le médiateur de la République du Bénin, l’économiste Albert Tévoédjrè, s’est dit «troublé» par la disparition, jeudi à l’âge de 94 ans, du poète et homme politique Aimé Césaire qui va selon lui laisser «un très grand vide» dans le monde noir.
«C’est énorme ce qu’il (Aimé Césaire) nous a laissé. Je suis très troublé par cette disparition qui va laisser en Afrique et dans le monde noir un très très grand vide», a déclaré le professeur de lettres sur Radio France internationale (Rfi). Il a rappelé qu’alors étudiant, la lecture du «Discours sur le colonialisme» (Présence africaine, 1950), un des livres majeurs de Césaire, l’a «vraiment réveillé». «Toute ma vie a été marquée par cette volonté de sortir de la dépendance, de s’affirmer», a indiqué l’homme politique béninois.
«C’est après la responsabilité de l’Africain, de l’homme noir. C’est ce qui a marqué Césaire et qui m’a marqué aussi dans ma vie», a ajouté Albert Tévoédjrè qui a été secrétaire général de l’Union africaine et malgache (Uam). «Parce que nous voulions le panafricanisme, nous voulions nous retrouver entre Africains. J’ai pris quelques risques pour notre indépendance au Bénin et ailleurs. Il n’y a rien que j’écrive, rien que je sorte en tant qu’Africain sans citer Aimé Césaire», a-t-il encore dit.
En 1956, «lorsque nous avons eu ce grand congrès des hommes de culture noirs à Paris, il finissait son exposé remarquable par ces mots qui nous ont fait tous relever: laissez entrer les peuples noirs sur la grande scène de l’Histoire». Albert Tévoédjrè, 78 ans, a relevé qu’il ressent encore les mots de Césaire quand il disait aux participants au Congrès de Paris : «le Nègre doit se lever, crier, être debout».
Ancien dirigeant de la Fédération des étudiants d’Afrique Noire en France et co-fondateur du Mouvement africain de libération nationale, Albert Tévoédjrè devient secrétaire d’État à la Présidence de la République, Ministre de l’Information, poste qu’il a occupé jusqu’à sa désignation comme Secrétaire Général de l’Union africaine et malgache. Sa thèse de doctorat a porté sur la formation des cadres africains en vue de la croissance économique. Il a publié plusieurs ouvrages dont «L’Afrique Révoltée» (Présence Africaine, 1958), «La Pauvreté Richesse des Peuples» (Les Éditions Ouvrières, Paris 1977).