Trist’art de Fortuné Sossa

Fonds de commerce… artistique
" Là où le discours échoue, la musique passe et touche tous les cœurs." Cette citation est d'un éminent artiste béninois. Poète, guitariste, auteur, compositeur, sentimentaliste. Beaucoup prennent ses morceaux pour ceux de Gustave Gbénou alias Gg Vikey, un grand baobab, plus grand que l'auteur de la citation dans la musique moderne béninoise.

Publicité
Pierre Dassabouté, c'est de lui qu'il s'agit. Le géant cerveau du septentrion, l'artiste phare de Natitingou. Pierre Dassabouté a toujours été positif. Il a toujours eu un discours constructeur, axé sur le développement pour une émergence réelle de l'Homme en tant qu'être physique, spirituel et sensé. Son discours n'est pas que parlé. Il est surtout poésie, musique et prophétie.
La musique aide ainsi à mieux se corriger que la parole toute seule. Cependant, il est admis que l'excès en toute chose nuit. Le fait de chercher à trop répéter voire dire autrement la même chose, on devient redondant, verbeux, phraseur, loquace, tout juste bavard inutile. Je le souligne parce que c'est à cela que nous venons d'assister avec la sortie de Stan Tohon et consorts pendant la campagne électorale qui a eu son épilogue le vendredi 18 avril dernier et au bout de laquelle, nous sommes allés aux urnes le dimanche pour procéder à l'élection de nouveaux conseillers municipaux, communaux, chefs de quartier et de village.
Stan Tohon, en effet, à la tête du Groupement des artistes pour la paix et la concorde (Grapac), a sorti un album sous le titre "Les artistes chantent la paix". Ils sont au total dix-sept (17) auteurs (hommes et femmes confondus) à poser leurs voix pour le produit. Parmi eux, des ténors, ceux- là qui constituent l'éminence grise, c'est-à-dire, la palme de l'art musical béninois. Mais en plus d'eux, certains qui passent leur carrière à chanter faux. Stan Tohon les a regroupés pour atteindre son but: sortir un album vaille que vaille pendant la période électorale. Je cite alors les dix-sept (17) pêle-mêle, sans aucun critère de choix. Pierre Dassabouté, Vincent Ahéhéhinnou, Gbessi Zolawadji, Clément Mèlomè, Sagbohan Danialou, Anatole Houndéfo alias Alokpon, Alèkpéhanhou, Juliano Eska-Punto, Ekman Tansi, Sinas Yoro, Nadi Nadi, Zouley Sangaré, Souradjou Alabi, Abalzi-Sog, Alao Ramane, le groupe Adja Malefou, et Stan Tohon lui-même.
Ensemble, ils ont sorti l'album qui est un coffret de deux (02) Cd de neuf (09) titres chacun. Leur manière à eux de contribuer à l'édification d'un Bénin démocrate et prospère, confiait Stan, le 14 avril dernier à Cotonou lors d'une conférence de presse qu'il a organisée pour lancer le produit. Le projet aurait coûté globalement quarante sept millions (47.000.000.) de francs Cfa.
L'album dans son entièreté ne me préoccupe guère bien qu'il soit un produit loin du opus qu'ils en voulaient. Je voudrais me taire sur les titres individuels et m'étendre plutôt sur le titre collectif. Pour ma part, je trouve qu'il est d'une médiocrité artistique insoutenable. Puisqu'il s'agit de chanter pour "la paix", Stan a dû appeler les autres et leur dire: "Faisons quelque chose très rapidement. Il y a du gombo à se partager" suivant le rang social de chacun. Je le sais très fin sur ce détail. Lui "sommité" et mieux initiateur du projet ne va quand même pas faire un partage équitable avec les autres! Jamais! Il est pointilleux sur ce détail, surtout quand il s'agit de l'argent.
Donc, ils se sont certainement vus très rapidement pour composer le morceau. Car, aucun d'eux n'a  montré ses talents réels à travers la chanson. Le texte est mauvais à l'écoute. La musique est mal bâtie. Ce qui m'amène à me demander si Stan Tohon avec son Grapac est obligé de monter le même projet chaque fois qu'il y a élection au Bénin. N'y a-t-il pas mieux à faire. Je me rappelle qu'à la première édition, l'album produit "La paix est un comportement" a été d'un succès éclatant. C'était un texte bien inspiré et travaillé. Pourtant, il n'avait pas reçu des partenaires autant de fonds. Aujourd'hui qu'il a construit son projet pour quarante sept millions (47.000.000.) et qu'il a réussi à décrocher vingt millions (20.000.000) de l'Etat béninois à travers le Fond d'aide à la culture, il sort un produit d'une facture minable. Même "Tonifa" que Jean Adagbénon a chanté avec de jeunes talents comme Nila, Bizengor, Sergent Marcus, Kêmi… est plus intéressant textuellement et musicalement. Je pense que Grapac doit revoir sa stratégie si tant est qu'il doit à chaque élection proposer quelque chose pour engranger quelque fortune. Car, tel que ça évolue, c'est à une dévaluation de certains talents qu'on assiste plutôt qu'à leur élévation glorieuse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité