« Le ministre de l’économie et des finances, en maintenant sous ses ordres le personnel financier qu’il a mis à la disposition du président de la Cena, viole le principe de l’autonomie de gestion de la Cena ». C’est là l’article 3 de la décision de la Cour Suprême qui condamne le ministre Lawani dans sa volonté affichée de contrôler la Cena. En effet, après l’adoption houleuse du budget ‘’charcuté’’ de la Cena, le ministre Soulé Mana Lawani a, contre vents et marées, imposé une équipe de régisseurs et d’assistants régisseurs à Pascal Todjinou et ses collègues. Malgré le tollé que cette mesure a suscité, le ministre a passé outre, il a persisté dans ses intentions en brandissant les règles de gestion financière qui ne seraient maîtrisées que par ses collaborateurs. Le résultat, tout le monde le connaît. Les élections étaient presque bâclées. La Cena a manqué de fonds en temps opportun pour l’organisation des élections. Le pays a failli sombrer dans la violence. Avec ce verdict rendu par la Cour Suprême, l’obscur rôle du ministre dénoncé par Pascal Todjonou à maintes occasions se dévoile enfin. Le ministre saura-t-il reconnaître enfin qu’il a eu un rôle capital dans la mauvaise organisation des élections municipales et locales dernières ? Car, il faut le rappeler, aux lendemains des insuffisances de ces joutes électorales, le ministre des finances est monté au créneau pour essayer de se dédouaner. Aujourd’hui, bien que tardif, le verdict de la cour est tombé pour remettre les pendules à l’heure. Au-delà de la satisfaction qui peut animer tout béninois soucieux du bon fonctionnement des institutions de la république, il subsiste une préoccupation. Il est question du délai d’action dont disposent les institutions ayant en charge les recours. Celles-ci prennent un temps relativement long et à la fin, leurs décisions viennent juste pour se constituer jurisprudence pour des cas futurs. Il est donc souhaitable que ces institutions agissent avec plus de promptitude pour connaître des affaires dont elles sont saisies. Car, si la Cour Suprême avait rendu plus tôt le verdict de ce dossier dont il a été saisi depuis le 05 mars 2008, bien de désagréments auraient été évités dans le processus électoral. Le ministre Soulé Mana Lawani aurait été très tôt stoppé dans ses œuvres. L’autre fait qui découle de cet arrêt de la Cour Suprême est que, malgré leur grand nombre et leur bagage intellectuel quoique dense, les juristes du gouvernement et du ministère des finances n’ont pu conseiller efficacement l’argentier national. Si non comment comprendre que le ministre ait fait une lecture contraire à l’esprit du décret n° 2007-195 du 20 avril portant règlement financier de la Cena au point de se faire taper sur les doigts par le Cour. Outre ce cas, c’est la énième fois que le gouvernement du Dr Boni Yayi est débouté dans des dossiers juridiques, soit au tribunal, soit à la Cour Constitutionnelle. Cela mérite réflexion. A moins qu’on veuille délibérément contourner les lois de la république dont on est premier garant.
Benoît Mètonou
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