A la demande du gouvernement nigérien, la mise en accusation de l’ex premier ministre Hama Amadou a été adoptée lundi soir par une majorité qualifiée des députés à l’Assemblée nationale du Niger. Du coup, les débats entre citoyens sur place à Niamey portent depuis hier mardi sur le placement probable sous mandat de dépôt du président du principal parti de la mouvance, le Mouvement national pour la société de développement (Mnsd) pressenti comme un candidat potentiel aux élections présidentielles de décembre 2009.
Pendant combien de temps encore l’ex premier ministre nigérien pourra-t-il être libre de ses mouvements ? Cette question est depuis la nuit du lundi et particulièrement depuis hier matin sur les lèvres de la plupart des Nigériens informés de l’adoption par le parlement de la demande du gouvernement portant mise en accusation de M. Hama Amadou devant la Haute cour de justice. Ouverts depuis une semaine à l’Assemblée nationale nigérienne, les débats et la procédure relatifs à la mise en accusation de l’ex premier ministre pour détournement d’un fonds d’aide à la presse évalué en 2001 à cent millions (100.000.000) de francs cfa, ont abouti donc lundi nuit à un vote au terme duquel, soixante dix huit (78) des cent sept (107) députés ont décidé de confier son sort à la Haute cour de justice. Sur place à Niamey capitale du Niger, les avis sont très partagés. Pour les uns, l’ex premier ministre est victime d’une cabale politique provenant de sa propre formation, celle actuellement au pouvoir, en raison de son ambition présumée de se présenter aux élections présidentielles de décembre 2009. Pour d’autres, il est normal, qu’il s’explique sur sa gestion au poste de premier ministre qu’il a occupé pendant un peu plus de sept (07) ans aux côtés du même président, Mamadou Tandja, qu’il accuserait d’être le principal commanditaire de ses déboires actuelles. En revanche, il est difficile d’établir, selon certains observateurs une volonté de l’actuel président de la République de nuire à M. Amadou, président du Mnsd dont il est toujours membre. Aussi, ces observateurs rappellent-ils, qu’en respect de la Constitution et des lois électorales actuellement en vigueur au Niger, le président Tandja serait un cheval non partant pour les joutes de 2009 et qu’à ce titre, il ne devrait avoir des raisons de vouloir nuire à un potentiel candidat qui plus est, préside la principale formation politique de sa majorité. Cependant, la motion de censure du 31 mai 2007 suite à laquelle, l’ex premier ministre a été « déposé » de son poste il y a à peu près un an malgré la majorité présidentielle au parlement marquerait déjà la rupture entre le président Tandja et lui et lui-même, après s’être rendu compte du resserrement de l’étau, l’aurait affirmé dernièrement lors d’un point de presse en son domicile privé à Niamey presque à la veille de l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale devant statuer sur sa mise en accusation à la demande du gouvernement. Pour l’instant le débat fait grand bruit au sein de l’opinion nigérienne et tout le monde est à l’affût des prochains développements.
Ludovic D. Guédénon (Depuis Niamey)
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