Construction Tata Somba

/food/tatasomba.jpg » hspace= »6″ alt= »Un type de Tata Somba dans la Donga » title= »Un type de Tata Somba dans la Donga »  » />De l’architecture traditionnelle à la modernité

Le palais des congrès suscite l’admiration de toute personne qui découvre pour la première fois le splendide bâtiment. Julien, élève dans la Donga de passage à Cotonou, reste hébété, rêveur…

Julien M’Po se tient subitement raide comme une statue lorsque son regard tombe sur le palais des congrès. Il se sent soudain plongé dans un univers féerique. Mais tout, autour de lui, est bien réel. Plus réel, le géant et magnifique Tata Somba qu’il a là dans ses yeux. Un bâtiment aux dimensions monstrueuses, telles qu’il n’en avait jamais vu auparavant. Celui-ci n’a rien de comparable au Tata Somba qu’il a quitté la semaine dernière dans son village perdu dans une savane de la Donga.
Julien M’Po vient, en effet, d’un village situé dans le Nord-Ouest du Bénin, à quelques dizaines de kilomètres de Djougou. Environ un mètre et demie de haut, Julien est un garçon âgé de 12 ans. D’un teint noir et svelte, il a de longues et fines cicatrices raciales sur ses deux joues. Depuis sa naissance, c’est pour la première fois qu’il sort de son environnement traditionnel. Il ne connaissait que la savane, la plaine, les plantations d’anacardiers et ces maisons à étages construites en banco qui font la beauté de sa localité. «Pour construire un Tata somba au village, affirme-t-il, on malaxe de la terre riche en fer avec de l’eau. L’ensemble donne une couleur rousse»
Les Tata Somba sont, en fait, des sortes de châteaux qui offrent une bonne résistance. A la fin des travaux de maçonnerie, les femmes enduisent l’ensemble de la bâtisse de la terre en argile, mélangée à de la boue de vache. Cet enduit après séchage est recouvert d’une décoction issue des écorces du fruit du néré ou d’une solution aqueuse dérivant de la préparation du beurre de karité. Ces solutions non seulement consolident la surface de l’enduit, mais encore la rendent imperméable. C’est dans cet ensemble d’architecture artisanale que Julien a vécu tout le temps. «Je ne savais rien des centres urbains. Il n’y avait pas de poste radio pour nous informer de l’actualité dans les autres localités du pays ni de poste téléviseur pour nous permettre de voir comment va le monde. La nuit, poursuit Julien, nous n’avons que la lumière des lampes et lampions pour nous éclairer, en dehors de l’éclairage saisonnier de la pleine lune.» Ainsi, des grands centres urbains du Bénin, Julien avait une infime connaissance. De la ville de Cotonou, il savait très peu de choses. Il témoigne: «Mon oncle Gabriel, fonctionnaire du ministère en charge des travaux publics m’a souvent parlé de la belle cité. Il m’avait même soufflé que des Chinois ont construit un géant Tata Somba tout en béton armé en bordure de mer. La mer, qu’est-ce que c’est? Je n’en savais rien. Mais tel que mon oncle me parlait de toutes ces merveilles, j’ai eu une forte envie de venir découvrir aussitôt le fameux Tata Somba des Chinois.» «Je veux bien aller voir de quoi il s’agit pour en construire au village quand je serai grand, ai-je rêvé tout le temps.»
Informé du brillant succès de Julien au Certificat d’étude primaire (Cep), l’oncle Gabriel décide de lui offrir un voyage sur Cotonou et mieux de le garder auprès de lui pour ses études secondaires. C’est ainsi que pour clôturer son séjour en beauté, il l’amène visiter le palais des congrès. L’oncle lui fait visiter tour à tour la salle polyvalente, la salle rouge et la salle bleue. Les yeux éblouis, le regard ébahi, Julien l’interroge: «Où sont les chambres à coucher? Et les greniers? Le poulailler?» L’oncle Gabriel, sans paraître s’étonner, lui explique tout doucement: «Dans ce Tata Somba, se tient uniquement des réunions, des concerts et des manifestations à caractères internationaux.» Le futur collégien soupire et lance: «Dans nos Tata Somba, c’est mieux. On y mène une vie de famille.»

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Fortuné Sossa

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