Animateur de la vie artistique et culturelle de son pays, Brice Bonou est le coordonnateur national du Réseau des Associations et des Entreprises Culturelles du Bénin, une structure dont il présente à travers cet entretien les objectifs et les missions. Il n’occulte non plus la question de la suspension du Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd) au terme du 9ème Fonds européen de développement
Vous êtes le Coordonnateur National du Réseau des Associations et des Entreprises Culturelles du Bénin. Qu’est-ce qui a motivé la création de ce Réseau ?
Du 22 Avril au 03 Mai 2008, des responsables et représentants d’associations et d’entreprises Culturelles ont été réunis à Bohicon pour une formation sur la « gestion des Associations et des projets culturels » financée par le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd-Bénin) et exécutée par l’Ecole du Patrimoine Africain (Epa). Et, nos divers échanges ont révélé la nécessité de converger nos actions vers le renforcement des liens entre tous les acteurs et la redynamisation de notre secteur. Alors, convaincus que la culture est productrice de richesses et que l’on n’est fort qu’ensemble, nous avons mis sur pied le Réseau des Associations et Entreprises Culturelles du Bénin, que je coordonne.
Quels sont les objectifs de ce réseau ?
Le réseau a pour objectifs d’œuvrer au positionnement stratégique de la société civile culturelle dans les sphères de décision et la défense des intérêts des acteurs culturels. Il entend créer un cadre de concertation et d’actions des acteurs culturels, d’instaurer un système d’information efficace au profit des membres du Réseau et de conduire les réflexions et proposer des stratégies d’approches sur les grandes questions liées au statut à l’artiste, l’exception culturelle, la fiscalité de l’entreprise culturelle, le financement de l’action culturelle par l’Etat, les collectivités locales, les entreprises publiques et privées et la question du sponsoring.
Qui peut appartenir au Réseau et comment fonctionne-t-il ?
Le Réseau est ouvert à toutes les associations et Entreprises culturelles du Bénin, juridiquement en règle et partageant les mêmes objectifs. Le mode de fonctionnement du Réseau est dynamique et interactif. Le Coordonnateur national centralise les initiatives, les décisions et les actions de concert avec les coordonnateurs Régionaux avec qui il définit les moyens et les conditions pour mener à bien toutes les actions du réseau.
Quels sont les principaux partenaires de votre réseau en dehors du Psicd qui a financé la formation organisée à votre intention à Bohicon?
D’abord notre Ministère de tutelle, le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme (Mcat) qui avait reçu à Bohicon, par l’entremise du Directeur de Cabinet, le protocole d’accord portant création du réseau ; ensuite l’Ecole du Patrimoine Africain (Epa) et tout son réseau de formateurs et d’experts internationaux ; et enfin le Programme de Soutien aux Initiatives culturelles Décentralisées (Psicd), fruit de la coopération Union Européenne – Gouvernement béninois ; programme qui vise à renforcer le dynamisme et la professionnalisation des acteurs culturels béninois.
Il faut dire que le Psicd est un partenaire privilégié, vu ses angles d’intervention qui cadrent parfaitement avec nos objectifs. Illustration : le Psicd en huit (08) sessions et une neuvième qui commence la semaine prochaine a formé environ deux cent (200) acteurs culturels béninois. Aussi a-t-il financé, pour le compte du premier appel à propositions onze (11) projets culturels et d’autres projets sont en instruction pour financement, pour le compte du deuxième appel à propositions.
Mais une de nos grandes inquiétudes au réseau, c’est que Psicd est greffé sur le 9ème Fed qui prend fin en Juin 2009 et nous ne sentons pas venir son renouvellement.
Avez-vous des informations qui vous confirment cela ?
Non ; et c’est là le véritable problème. Nous constatons un mutisme inquiétant de la part du ministère en charge de la Culture et nos investigations font ressortir que le 10ème Fed prévoit une enveloppe globale pour les Organisations de la Société Civile intégrant notamment une dimension culturelle. Donc à partir du 10ème Fed, le domaine culturel sera noyé dans un ensemble Société Civile et comme nous connaissons la société civile béninoise, elle va tout consommer en réduisant les acteurs culturels à des sous-traitants. Et là, toutes les luttes pour la naissance du Psicd-Bénin et tous les investissements financiers et techniques de l’Union Européenne, par l’intermédiaire du Psicd auraient été vains.
Que pensez-vous faire pour l’éviter ?
Au niveau du réseau, nous pensons que le ministre de la Culture, Dr Soumanou Toléba qui, dans une interview accordée au Magazine du Psicd Tam Tam N°2, avait affirmé que : « Le Psicd occupe une place de choix dans la stratégie de développement du secteur culturel au Bénin… Il est à noter que le Psicd vient combler une lacune, un vide puisque en l’absence d’écoles et de bourses nationales, ce Programme, …, constitue un moyen approprié pour le renforcement des capacités des acteurs culturels.
Nous veillons à ce que le second devis-programme prenne en compte d’autres besoins de formations des acteurs de la vie culturelle de notre pays et nous souhaitons longue vie à ce Programme », ne saurait laisser tous ces apports du Psicd suspendus par sa disparition. Nous avons foi en lui.
Mais en ce qui concerne le silence du ministère sur le sujet, nous pensons que les représentants du peuple, que sont les députés à l’Assemblée nationale interpelleront d’ici quelques jours le gouvernement sur cette question d’intérêt national pour que l’opinion nationale puisse être informée de ce qui se passe vraiment.
Propos recueillis par Kokouvi Eklou
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