Le Bénin, comme beaucoup d’autres pays en proie à la cherté de la vie, devra composer désormais avec les nouveaux prix. Les autorités locales ont ainsi changé de langage depuis quelques jours, celui de la vérité des prix, se voulant semble-t-il, réalistes face à une crise économique dont l’issue est encore lointaine.
Le gouvernement du Dr Boni Yayi semble opter désormais pour la « vérité des prix », après des tentatives de subventions sur certains produits, qui ont soldé par des échecs importants. Intervenant en début de semaine sur plusieurs médias de la place, des ministres estiment désormais qu’il faut appliquer les prix actuels des produits tels que pratiqués dans l’espace Uemoa, et à l’échelle internationale. Ainsi s’expliquent les nouveaux prix des produits tels que le pétrole, l’essence, le gas-oil, et autres. Pour un pays aussi pauvre que le Bénin qui n’a ni or, ni pétrole en abondance dans son sous-sol, une autre alternative, en ces moments épiques de conjoncture internationale, serait bien difficile. Cela est d’autant plus vrai que rien n’a jusque-là bien marché, en terme de mesures adéquates et suffisantes pour atténuer cette crise.
Reste que la question ne devrait pas être tranchée aussi facilement, dans un pays où les règles commerciales et les organes chargés du contrôle des prix semblent n’exister que de nom. Dire donc qu’il faut jouer désormais avec la vérité des prix, sans s’investir à fond pour l’application effective de ces prix sur l’ensemble du territoire national, est une fuite en avant.
Au demeurant, la nouvelle option prise au sommet de l’Etat est une pilule amère que le gouvernement de Boni Yayi veut faire avaler au peuple béninois, sans s’interroger sur les conséquences socio-économiques immédiates. La pilule sera davantage difficile à digérer si des fortifiants ne l’accompagnent pas au cours de son cheminement. Allusion ici aux mesures d’accompagnement nécessaires et suffisantes pour soulager la misère du peuple; car il est une vérité aujourd’hui que les revenus du Béninois moyens sont largement en deçà de ses besoins actuels. Les grognes incessantes et autres récriminations qui s’intensifient au fur et à mesure que s’accroît la cherté de la vie, en disent long sur le malaise social qui a gagné tout le pays. Les grèves générales en cours dans l’administration publique sont dans le même sillage du mécontentement général. Si donc, la communication actuelle du gouvernement se contente d’un langage cru au prétexte de se conformer aux normes commerciales internationales, il va s’en dire qu’elle n’a plus d’autres armes efficaces à brandir pour contrer le mal.
Christian Tchanou
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