Carrières de sable de Sème-Podji

La mafia fait pression sur deux ministres
Comme annoncée, la fermeture des carrières de sable marin de Sèmè-Podji doit être une réalité, ce jour. Mais à la veille de l’application de cette décision du gouvernement du président Boni Yayi, deux ministres du gouvernement actuel subissent des pressions de toutes parts pour étouffer ou fermer les yeux sur cette affaire. C’est l’œuvre de la mafia implantée dans la gestion peu orthodoxe de cette richesse naturelle depuis plusieurs années.

A quelques heures de l’application tant attendue de la fermeture des carrières de sable marin de la commune de Sèmè-Podji, des pressions fusent de partout. Le ministre de l’Environnement et de la protection de la nature, Juliette Koudénoukpo et son homologue chargé des Mines, Sacca Lafia, font l’objet d’actes d’intimidation politique et de tentatives de corruption, afin qu’ils reviennent sur leur décision. Des réunions se tiennent pour trouver les stratégies nécessaires pour les bloquer dans leur initiative. Par exemple mardi dernier à Djeffa, la mafia qui gère le sable marin, a tenu une réunion de crise pour prendre des mesures visant à arrêter le gouvernement dans le respect de sa décision. Des barons des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et autres personnalités sont mis à contribution pour contraindre l’Etat béninois à renoncer à ladite fermeture. Même le préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau, Inès Aboh, serait victime des pressions de toutes parts, a-t-on appris. Selon les informations recueillies auprès de l’entourage des acteurs de ce trafic, des pourcentages énormes sur les ressources financières des carrières ont été promis aux autorités publiques pour les amener à oublier leur initiative.
Comme principale raison, on évoque les pertes d’emplois des milliers de jeunes qui risquent de se retrouver dans la rue. Ces derniers sont dans ce système depuis des décennies, brandissent des membres de la mafia. Beaucoup d’entre eux, compte tenu de l’argent facile qu’ils gagnent dans l’exploitation des carrières, ont abandonné leurs métiers. « Parfois dans une journée, on peut trouver 40000f  », confesse un jeune mécanicien-motos qui a fermé son atelier au profit du sable marin. Soudeurs, menuisiers, tailleurs, chauffeurs et autres hommes de métiers sont rentrés dans le système. Certains, sans aucune qualification professionnelle, y ont trouvé refuge. C’est avec cette activité qu’ils nourrissent leurs familles. En raison du gain facile que procure ce travail, beaucoup se sont maries à plusieurs femmes. C’est eux qui font les tout puissants dans la localité, comme à Djeffa. Aujourd’hui avec l’imminence de l’arrêt de cette manne facile, ces jeunes sont sur la braise.

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Problèmes politiques
Pour bloquer le gouvernement, on fait croire que le président Boni Yayi perdra l’électorat de Sèmè-Podji, si l’exploitation des carrières de sable était arrêtée. Les ténors des Fcbe de la localité sont en train d’utiliser cet argument pour convaincre les ministres concernés. Comme probablement le contrôle de la mairie de la zone reviendrait aux cauris, tout se fait pour étouffer dans l’œuf l’application de la mesure gouvernementale. D’ailleurs, le sable marin est la principale cause de la guerre entre les Fcbe et les militants du Parti du renouveau démocratique (Prd), parce qu’il y a d’énormes sommes d’argent  à gagner facilement. A Djeffa, il y a des jeunes très riches à cause de cette activité.  Du côté du Prd, on ne croit pas à cela. Les « Tchoco-tchoco » analysent cette mesure comme une forme de manœuvres politiciennes pour amener leurs militants à faire la politique du gouvernement en 2011. C’était le cas de la lutte contre l’essence frelatée qui a obligé certains barons du Prd à Adjarra à soutenir les Fcbe.
Par contre, il y a de l’autre côté, ceux qui détiennent les agréments pour l’exploitation du sable lagunaire qui mettent aussi la pression sur le gouvernement. Pour eux, le retard dans la fermeture des carrières leur crée des préjudices. C’est tout un problème à gérer par l’Etat. Ce jour, on va voir si les prescriptions des deux ministres vont être foulées au pied ou pas.
Jules Yaovi MAOUSSI

Le laxisme du gouvernement
La décision du gouvernement de fermer  la carrière d’exploitation de sable marin de Sémè-Kpodji est l’objet de tractations diverses, à cause des intérêts financiers énormes qu’elle génère.  Les acteurs qui interviennent dans le secteur font donc des pieds et des mains pour empêcher le gouvernement d’appliquer sa décision de fermeture. Mais si on en est encore à parler de cette affaire à ce jour, c’est bien du fait du laxisme du pouvoir, puisque la décision de  fermeture de cette carrière date de très longtemps. En effet, lors de la construction des villas de la Cen-sad les entrepreneurs  ont abondamment utilisé le sable marin. Du fait de cette contrainte et de l’importance qu’il  accordait à la réussite de ce sommet, le gouvernement a simplement fermé les yeux sur l’exploitation des carrières de sable marin, en ne tenant pas rigueur dans la fermeture des carrières en cause. Maintenant que le sommet est passé et que la plupart des chantiers de la Cen-sad sont achevés, il trouve l’occasion de revenir à la charge et de fixer une nouvelle date de fermeture de carrière. On espère que cette fois-ci, il tiendra bon et que la mafia qui opère dans le secteur ne l’amènera pas  à différer sa décision à nouveau.
Alain C. Assogba  

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