Frontière Bénin-Nigéria

Corruption et rançonnement à ciel ouvert à Kraké
A la frontière Kraké entre le Bénin et le Nigéria, la corruption et le rançonnement sont devenus un système auquel il est difficile d’échapper. Policiers, douaniers et civils communément « Kélébé » sont au cœur de ce système. Lundi 08 septembre 2008. Il est 13 heures. Un Nigérian et son épouse sont en partance vers le Bénin. Arrivés à la frontière de Sèmè-Kraké, un policier béninois et un garçon de course des douaniers communément appelé « kélébé » les arrêtent. Les deux passants présentent leurs pièces. Malgré cela, il leur est difficile de traverser la frontière. Dans la foulée, le policier décide de fouiller leurs bagages. « On est pressé », dit le Nigérian acculé par ses bourreaux. Ce dernier est sommé de donner quelque chose au vu et su de tout le monde. Il crie : « Aujourd’hui, je n’ai pas d’argent. Laissez-moi passer ». Tout ce qu’il dit n’a pas émoussé l’ardeur de ses vis-à-vis. Au finish, il donne quelques naïras pour passer sans que ses colis ne soient fouillés. A cet endroit, beaucoup de passants ont été victimes de ces actes de rançonnement. Ceux qui comprennent le système, savent ce qu’ils doivent à chaque passage. Sans attendre, ils donnent les sous. « Ici, c’est comme ça, on fait. Tout le monde le sait », affirme un commerçant interrogé sur les lieux. Le même scénario s’observe à tous les postes de douane à la frontière de Sèmè-Kraké. Pour quitter le Bénin et aller sur le territoire nigérian, il faut passer trois postes de contrôles au minimum où l’on doit déposer une pierre pour éviter les tracasseries douanières et policières. Le plus souvent, les personnes bien habillées sont la cible des douaniers et policiers en poste. Elles sont interpellées et conduites à un poste de contrôle. Quelques instants après, ces individus sortent et poursuivent leur chemin. Même à la partie nigériane, le système est plus grave, affirme-t-on.
Problèmes
A cause de ces problèmes, tout le monde est sur le qui-vive. Hier lors d’une discussion, une Nigériane a donné une paire de gifle à un conducteur de taxi-moto dans la foulée. Tout grouille sur le terrain. Profitant de la confusion, certains malins arrivent même à faire des marchandises. La délinquance, le vol, l’insécurité, la corruption, le clientélisme et le rançonnement sont des pratiques quotidiennes à la frontière Sèmè-Kraké. Passants, douaniers et policiers sont complices, pourvu que les affaires marchent pour les uns et les autres. Dans ce fourre-tout, l’Etat est le grand perdant. C’est un système que personne ne veut dénoncer.

Jules Yaovi MAOUSSI

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité