Transhumance à l’Assemblée nationale

Le malheur traditionnel des Soglo
Après un peu plus de deux ans de l’avènement du régime du changement, les vieux démons de la transhumance rattrapent les Soglo à l’Assemblée nationale. Leur député Zéphirin Kindjanhoundé n’a pas échappé à cette tradition par son revirement spétaculaire vers les cauris. Il n’était pas le premier et ne sera certainement pas le dernier L’honorable Zéphirin Kindjanhoundé n’aime pas les lieux où il fait chaud. Ainsi, il a fait ses valises pour quitter sa maison mère (La Renaissance du Bénin) pour aller se réfugier à l’ombre du pouvoir du changement. Pour y arriver, il prend l’autoroute de la refondation de l’Union démocratique du Dahomey (Udd) du feu président de la République, Justin Ahomadégbé. Par cette transhumance spectaculaire, ce député est arraché aux affectations des Soglo en faveur des cauris. Mais quittant sa formation politique, M. Kindjanhoundé n’a pas étonné. Il a agi comme les autres transhumants de la Renaissance du Bénin (Rb). L’histoire du parti en dit long. De la deuxième législature à la cinquième, cette formation politique a été la plus touchée par ce qu’on pourrait appeler le mal transhumant à la l’Assemblée nationale. De 1995 à 1999, des députés Rb ont été achetés pour servir le régime Kérékou. C’était le cas de Valentin Houdé qui a été débauché en pleins débats sur l’avancement au mérite. Pour le récompenser, il fut nommé ministre pendant des années. Avec 20 députés au départ, la Rb s’en est sortie avec une quinzaine en fin de législature. Aux législatives de 1999, le parti a récolté 27 députés. C’était sans savoir qu’elle avait mouillé le maillot pour servir le pouvoir de l’époque. Autrement dit, le mal des premiers transhumants a atteint les nouveaux avec une gravité incroyable. Ainsi, aux lendemains de l’élection présidentielle de 2001 qui a consacré l’échec de leur leader Nicéphore Soglo, une crise est née au Parlement. Le député Nathaniel Bah était la tête de pont des rebelles. Il a été suivi dans ses manœuvres par les honorables Lambert Avougnansou, Guy Adjanohoun, et autres. Pour faire même mal aux Soglo, ils ont tenté de s’en emparer de la Rb. Vaille que vaille, ce parti a terminé la troisième législature. Affaiblie par le pouvoir du président, la Renaissance du Bénin a obtenu 15 députés aux élections de 2003 contre 27 en 1999. Tout a été dit contre les transhumants. Il a été déclaré partout qu’il n’y a que, cette fois-ci, des hommes de conviction qui ont été positionnés sur les listes-Rb. On pensait que le mal transhumant avait trouvé son remède au sein du parti. Erreur ! Des hommes insoupçonnés ont claqué la porte. C’était le cas des députés Candide Azannaï, Raphaël Ahouandogbo, Patrice Tossé et d’autres à la veille de l’élection de 2006. Mise en difficulté, la Rb est partie en alliance aux législatives de 2007. Comme la transhumance est un mal interne à leur parti, les Soglo perdent aujourd’hui l’honorable Kindjanhoundé. A qui le tour ?

Que deviennent les transhumants de la Rb ?
L’expérience a montré qu’après la Rb, les transhumants ne représentent politiquement plus rien. Que sont devenus aujourd’hui Bah, Guédou, Avouangnansou, et consorts ? Politiquement, ils sont presque de nos jours l’ombre d’eux-mêmes. A cette allure Kindjanhoundé est certainement sur cette voie des illustres inconnus après la Rb. C’est la preuve que plusieurs individus profitent de la Rb pour se faire élire, alors qu’ils n’ont aucune base électorale. Toutefois, les transhumances cycliques au sein de cette formation politique montrent qu’il y a un problème de fond qui est resté sans solution. La rusée vers le pouvoir et la gestion clanique et familiale du parti sont, à coup sûr, à la base du mal traditionnel des Soglo. Un changement de stratégie ne s’impose-t-il pas ?

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Jules Yaovi MAOUSSI.

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