Nomination de François Abiola

La mauvaise option de Boni Yayi
Le chef de l’Etat a certainement fait de mauvais calculs politiques par la nomination du professeur François Abiola au gouvernement. Il s’est compliqué les données dans le Plateau. C’est dire qu’il a été encore mal conseillé.

Le président Boni Yayi, en nommant le professeur François Abiola au gouvernement, a politiquement fait de mauvais calculs. Au lieu que cela lui apporte des avantages, c’est la complication des données sur le terrain politique pour le pouvoir en place que crée le départ dans l’exécutif de ce natif de Sakété. Le problème se pose d’abord à l’Assemblée nationale. Tout le monde savait que M. Abiola virait de plus en plus dans la mouvance. Pour preuve, il a voté abstention lors du rejet du collectif budgétaire par le Parlement. C’est dire que ce dernier pouvait se rallier au camp des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) comme l’ont fait les députés Zéphirin Kindjanhoundé et Justin Agbojètin de l’Alliance pour une dynamique démocratique (Add). Donc en le laissant à l’Assemblée nationale, le président Boni Yayi allait facilement renforcer sa famille politique au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Ce qui n’a pas été fait et se traduit comme une erreur politique commise par le chef de l’Etat. Et pour cause ! Aujourd’hui, c’est le suppléant de ce député très proche du jusqu’au boutiste Kolawolé Idji, ancien président de l’Assemblée nationale, qui vient au Parlement. C’est dire que le président de la République a consciemment ou inconsciemment renforcé le camp de ses adversaires au siège de la représentation nationale.
 En dehors de la situation à l’Assemblée nationale, l’entrée de M. Abiola au gouvernement est en train de bouleverser négativement les données politiques à Sakété contrôlé aujourd’hui de main de maître par le maire Raliou Arinloyé et l’ancien ministre de l’Enseignement primaire, Raphiatou Karimou. Ce sont ces derniers qui défendaient les intérêts du pouvoir en place dans cette localité, au moment où le camp Abiola les combattaient. Un bref rappel de la campagne électorale pour les élections législatives de 2007 peut valablement expliquer la situation. Pendant cette période, le régime en place a été traité de tous les noms par le Madep. Dans le même temps, ceux qui faisaient Yayi étaient traités de traîtres. La liste Fcbe a été battue par le bloc du professeur Abiola. Après avoir tiré leçons de leur échec, Raliou Arinloyé et son état-major ont changé de stratégie. Résultat : ils ont renversé la vapeur, un an après. Ainsi, les supporters de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur ont été battus. Ce qui fait qu’aujourd’hui la commune de Sakété a échappé au camp Abiola. Ensuite au lendemain de la nomination de celui-ci, plusieurs militants du Madep crient à la trahison et désavouent François Abiola et le chef de l’Etat, au moment où les vrais cauris de la localité affirment avoir été remerciés en monnaie de singe par le pouvoir en place.
Le chef de l’Etat a politiquement perdu beaucoup de choses. Il s’est mis à dos ses fidèles et a perdu des milliers de militants du Madep qu’il pensait avoir à Sakété. C’est dire que la nomination au gouvernement du professeur François Abiola aggrave la situation politique pour le chef de l’Etat dans le Plateau. Ce ministre ne lui apportera pas grand’chose en matière de mobilisation des masses, puisqu’il a perdu le terrain dans son village natal. C’est à lui de corriger le tir, avant qu’il ne soit trop tard.

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Jules Yaovi MAOUSSI

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