Edito: Scandale politico-financier

Devoir de vérité
Depuis environ deux semaines, deux confrères de la place, toujours au fait des informations à caractère sensationnel, ont fait la manchette de leurs éditions respectives d’un nouveau scandale politico financier.

Fort curieusement, le premier à déterrer le fameux scandale s’est rétracté par la suite (de son propre chef ou suite à plusieurs pressions ?- l’histoire  nous renseignera dans les éditions suivantes de son canard. A son opposé , le second qui a semblé rebondir sur la première version de l’information publiée n’a eu de cesse, toute la semaine écoulée, de dénoncer le caractère léonin de l’accord en cours de signature selon lui, entre les émissaires du gouvernement, présentés comme des apatrides, et l’homme d’affaire Martin Rodriguez, car c’est de lui qu’il s’agit. Aussi, n’avons-nous pas hésité un seul instant, quand l’occasion nous a été donnée de rencontrer ce dernier, dans la capitale ivoirienne, où il vit et prospère dans des activités qui n’ont plus rien à voir avec le coton.

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Sur quoi pouvait déboucher un entretien avec Martin Rodriguez, sur un dossier aussi sensible que celui-ci, sinon à accréditer dans l’opinion la version nécessairement avantageuse de l’homme d’affaire ? L’interrogation ne manque pas de pertinence au regard de l’image que les hommes des médias ont dans l’opinion. Mais nous à la Nouvelle Tribune n’avons que faire des préjugés, qui tendent à faire de tous les journalistes des corrompus avides de gain facile, prêts à se vendre au plus offrant. Les rapports entre les hommes des médias et/ou les hommes d’affaires sont choses courantes ici et ailleurs. C’est connu ! Mais à cause de la misère ambiante et du caractère vénal de certains individus, les choses ont pris ici une signification tout autre. Nous voulons aussi en finir avec une sorte d’hypocrisie congénitale chez nous qui veut limiter le travail du journaliste aux seules accointances avec les vertueux ou ceux qu’on tient pour tels. Quand les hommes politiques prennent langue avec leurs ennemis au point de conclure des alliances contre nature,  ou qu’ils font financer leurs activités par des hommes d’affaire, personne ne trouve à redire ou presque. Mais quand on voit un journaliste avec ceux que GG Vickey a appelés naguère« les hommes d’argent », on crie systématiquement à la corruption et/ ou à la manipulation. Or le fond du problème qui est aussi le problème de fond est de savoir ce que fait le journaliste pour garder cette distance nécessaire sans laquelle il ne peut plus faire son métier d’informateur. Il en est de même pour le politique : les moyens que les hommes d’affaires mettent à sa disposition pour gagner les élections par exemple, le rendent-ils suffisamment libre de travailler pour les intérêts du plus grand nombre ? Question massive et terriblement d’actualité tant dans le présent dossier que dans la situation globale de notre pays.

En tout état de cause , nous  disons avec force que nous avons rencontré Martin Rodriguez que nous n’avions jamais vu auparavant , si ce n’est en photo, dans sa tanière d’Abidjan et l’homme que nous avons rencontré est certes un homme blasé, profondément déçu par les déboires que lui ont fait subir les autorités de ce pays,  mais qui n’a rien perdu de sa pugnacité et de son optimisme sur l’avenir de ses affaires qu’il a magnifiquement diversifiées. Et lui-même et ceux qui ont pris part à l’entretien peuvent témoigner un jour que nous ne l’avons guère ménagé dans nos questions. C’est dans sa carrière de dragage de sable lagunaire du côté de Biétry que nous l’avons rencontré. Il faut préciser ici que seul le sable lagunaire est autorisé depuis bien longtemps par les autorités ivoiriennes dans la construction des bâtiments. Ici on autorise un jour le sable marin et l’on ferme les yeux sur son exploitation pour les chantiers d’Etat et l’on l’interdit pour les particuliers avec toutes les  conséquences qui en découlent. MARTIN Rodriguez serait leader dans cette activité là-bas, une activité qu’on lui a fermée au nez au Bénin, le contraignant, à ses dires, à expatrier ses équipements et nombre de ses employés majoritairement béninois. Il est aussi dans la réhabilitation du palmier à huile, comme dans les travaux de conseil en ingénierie pour les autorités ivoiriennes dans le cadre de la Zone franche de Grand Bassam. Cet homme nous a confirmé l’existence des négociations entre lui et les émissaires de Yayi , comme nous allons le montrer plus loin. Mieux, il a reconnu être l’initiateur du fameux compromis d’arbitrage évoqué par la presse. Parce qu’il en a assez des renvois successifs du dossier enlisé en première instance du tribunal de Cotonou depuis quatre ans. L’arbitrage international, quelle que soit son issue, qui n’aura que six mois pour trancher, lui permettra de retrouver sa crédibilité mise à mal par plusieurs années de matraquage médiatique mais permettra aussi à l’Etat béninois, perçu comme peu respectueux de ses engagements,  de redorer son blason. Rien que pour entendre  cela,  le voyage d’Abidjan valait la peine, puisque nous sommes tout aussi prêt, dans un souci d’équilibre de l’information , à donner la parole en toute indépendance à tous les contradicteurs de l’homme d’affaire, quels qu’ils soient.

Vincent FOLY

 

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