Editorial de V. FOLY

Devine qui va être élu ….ce soir !
" Devine qui vient dîner ce soir :", c'est le titre du célèbre film américain "Guess who is coming to dinner "   des années70 dont le personnage principal a été admirablement joué par Sydney Poitier, l'un des acteurs africains américains les plus doués de sa génération.

Un film de l'époque de la ségrégation raciale racontant le drame d'un couple blanc dont la fille s'est entichée d'un jeune médecin noir. Eh bien ! Il ya quelque chose dans les élections présidentielles américaines qui s'apparente  au drame du héros du film.  Sauf que les héros de cette gigantesque fable sont l'Amérique blanche d'une part et le très charismatique sénateur  noir de l'Illinois, en passe de rentrer dans l'histoire comme le premier président d'origine africaine. Le mariage d'amour qu'ils s'apprêtent à contracter est d'abord un mariage de raison.  Car la présidence Bush a  été désastreuse pour l'économie et la réputation  de l'Amérique dans le monde. Barack Obama , car c'est de lui qu'il s'agit,  qui a fait campagne autour du thème du changement , caracole en tête des sondages depuis le début de la campagne. La plus médiatisée et l'une des plus " mondialement " suivies depuis la création des Etats Unis d'Amérique. Les derniers sondages publiés par la chaîne de télévision Cbs et l'institut de sondage Wsj , quelques heures avant que nous ne mettions cette édition sous presse, créditent le sénateur de l'Illinois  de 08 points d'avance sur son rival du parti républicain, soit (51% d'intention de vote contre43%). A titre de comparaison, l'édition en ligne de Cbs précise qu'à la même date en 2004, l'écart entre le président Bush et son challenger démocrate de l'époque ,John Kerry était d'un minuscule point, soit 48% contre 47% et le président Bush a finalement gagné la partie, comme chacun le sait, par le score de 51% contre 48%.C'est dire que la victoire du jeune et sémillant sénateur ne fait plus douter que les plus indécrottables militants du parti républicain qui appréhendent l'entrée à la Maison Blanche du premier couple présidentiel noir de l'histoire des Etats Unis .
Pourtant, les observateurs de la scène politique américaine restent prudents pour deux raisons qui ne s'excluent pas ; l'un se nourrissant de l'autre : la première, c 'est ce que les Américains appellent  le syndrome  ou l'effet  Bradley, du   nom du candidat noir Tom Bradley  qui a perdu les élections pour le poste de gouverneur de l'Etat de Californie en 1982…alors que les sondages le créditaient d'une bonne  longueur d'avance sur son adversaire  immédiat. Depuis Tom Bradley, il y a eu le  pasteur noir Jesse Jackson,  tribun parmi les tribuns, auteur d'un début   de campagnes  primaires prometteur en 1984, avant de sombrer désespérément dans les sondages. La deuxième raison est liée aux coups bas de la campagne réservés aux spécialistes de la désinformation et de l'intoxication des équipes de campagne des deux camps, coups bas abondamment relayés par une certaine presse toujours avides de nouvelles sensationnelles.
     Quand on a en face de soi un vétéran de la guerre de la trempe de Mc Cain qui dit de lui-même qu'il n'est meilleur que quand il est à la traîne, on fait attention à ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. La preuve : à deux jours du scrutin cette énième affaire de la tante paternelle d'Obama découverte fort opportunément,  comme par enchantement , comme une immigrante vivant illégalement sur le sol américain. Venant après les affaires du pasteur Jeremiah Wright, guide spirituel d 'Obama coupable d'une diatribe anti américaine en pleine campagne, celle de ses relations avec un " terroriste "     des années 60 du nom de John Ayers  aujourd'hui pourtant respectable professeur d'université de l'Etat de New York,l'affaire de la tante paternelle d'Obama est le énième épisode du  feuilleton de cette campagne électorale à suspenses, au cours de laquelle  le sénateur noir s'est vu contraint à plusieurs reprises de sortir le grand jeu, pour se tirer d'affaire, sans rien renier de ses amitiés ni de ses relations familiales. Mais le mal est fait et les séquelles ont la vie dure. Malgré les démentis appuyés  par des preuves irréfutables, l'électeur républicain  américain moyen est persuadé par exemple que Barack Obama est musulman comme son père kényan qu'il n'a pratiquement pas connu  et qu'il est lié aux milieux terroristes.  
De la sorte, la réalité rejoint la fiction. Les coups bas et les surprises de la campagne électorale s'apparentent au long suspense du film " devine qui…. ", car à la veille d'un scrutin prévu de longue date( une spécialité américaine), on en est à se demander,  malgré le soutien(endorsement)  des poids lourds du parti républicain comme Collin Powel, malgré le ralliement des  plus grands quotidiens du pays comme le Washington Post ou le New York Times, si le mariage  aura lieu.  Espérons que le dénouement du film de la campagne se fera en un happy end comme  pour le héros du film campé par Sydney Poitier.

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V.FOLY

 

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