Jamais élection américaine n’a suscité autant d’intérêt, d’engouement et de passion de par le monde que celle qui vient de porter à la tête du pays inventeur et champion toutes catégories de la politique de ségrégation raciale , le premier citoyen de race noire .
L’enthousiasme soulevé en Amérique, en Europe et partout ailleurs dans le monde par la campagne courageuse , intelligente et toute en finesse du petit sénateur de l’Illinois a trouvé un échos favorable dans toute l’Afrique : du Kenya, pays natal de son défunt géniteur au Sénégal, de l’extrême nord du continent au Cap de Bonne Espérance, en passant par les immensités désertiques du Sahara et du Kalahari. Ici même dans nos colonnes, le professeur Paulin Hountondji , actuellement en séjour professionnel aux Etats Unis a parlé de sa présence actuelle sur le sol américain comme « d’un privilège inouï. » La victoire d’Obama annoncée tard dans la nuit de mardi -n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure qui en minimisent déjà la portée _ est un véritable Tsunami dont l’épicentre se trouve bien au cœur des Amériques mais l’ onde de choc qu’il chavire couvrira la planète -terre. Pourquoi ?
Parce que ce séisme politique , aucun observateur de la scène politique américaine, aucun historien du futur, aucun des politiciens en lice dans ce long marathon électoral ne l’a vu venir . Cela ne fait que 40 ans que les Noirs des Etats Unis ont obtenu de haute lutte , au prix de quels sacrifices –les assassinats ciblés du pasteur Martin Luther KING pourtant partisans de la non violence et de Malcom X en sont la parfaite illustration .Bien sûr, le premier cité a acquis le statut de héros national depuis que la date de son jour de naissance est devenu fête nationale aux Etats Unis. Bien sûr, il y a eu par le passé la candidature du truculent pasteur Jesse Jackson et ça et là dans toute l’Amérique, des Africains –Américains élus à des postes de maires de très importantes villes. Il y a eu aussi bien sûr , sans que cela fasse grand bruit, la nomination à des postes très élevés de l’Administration des personnalités de race noire comme le général Collin Powell d’abord chef d’état major des armées puis secrétaire d’état et de Condoleeza Rice, conseiller du président pour les affaires de sécurité puis secrétaire d’état encore en fonction. Sans que personne ne trouve à redire . Au contraire , tout le monde reconnaît la compétence de Condoleeza Rice à son poste , malgré les déconvenues en Irak notamment. Et le nom de Collin Powell a bel et bien été cité parmi les probables candidats républicains aux présidentielles d’après l’ère Clinton .Mais personne , absolument personne, n’a jamais pu envisager que le rêve de Martin Luther King d’une Amérique où Noirs et Blancs auraient les mêmes droits d’accès à toutes les fonctions de la République pouvaient se concrétiser …. avant plusieurs siècles.
C’est dire que la victoire d’Obama, n’a pas qu’une valeur symbolique. Désormais, il y aura un avant et un après Obama . Pour les Américains d’origine africaine d’abord. Ils viennent par le seul fait du suffrage universel quoique indirect de faire un véritable bond en avant. C’est de notre point de vue l’une des significations possibles des chaudes larmes d’un Jesse Jackson perdu dans la foule anonyme des célébrants de la victoire d’Obama au Chicago Hyde Park . L’ex -compagnon de lutte de Martin Luther King n’en croit visiblement pas ses yeux de voir se réaliser une partie du rêve pour lequel ils ont combattu :la réconciliation de toutes les races qui peuplent l’Amérique, fondues toutes ensemble dans une citoyenneté commune, sans discrimination. Le Noir n’est plus un citoyen à part mais un citoyen à part entière disposant des mêmes droits et devoirs que tous les autres. CELA DEVRAIT SUFFIRE !
Pour le reste , nos frères africains américains doivent savoir raison garder et rester vigilants, pour que le président qu’ils ont élu et son gouvernement travaillent dans le sens de leurs intérêts et non exclusivement ceux des grandes multinationales qui l’ont porté au pouvoir. Ils doivent lutter pied à pied pour défendre leurs droits de citoyens ayant droit à la santé au logement et à l’éducation contre les intérêts des grands groupes financiers qui peuplent l’univers du néo libéralisme américain . Le même message est valable pour nous autres africains d’Afrique, contentons- nous du regard positif que les Blancs vont maintenant porter sur nous :« tiens ils sont donc intelligents ! » ce n’est déjà pas rien !
Pour tout le reste, la lutte pour la reconnaissance de notre droit au développement doit continuer ici et maintenant, envers et contre tous les Obama et tutti quanti, partisans du moins d’Etat socle d’un capitalisme débridé qui veut laisser le marché s’auto-réguler tout seul avec les dégâts que l’on sait.
Vincent FOLY
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