Situation politique délétère au Bénin


Les propositions d’il y à 15 ans de  Bruno Amoussou toujours d’actualité Il y a quinze ans, le Bénin avait connu les réalités politiques  similaires à celles d'aujourd'hui. Les analyses faites par Bruno Amoussou et ses partisans, ainsi que les pistes de sortie de crise qu'il avait avancées, se révèlent encore aujourd'hui, le seul paradigme à suivre.

POUR UN PROGRAMME D'AJUSTEMENT POLITIQUE
Le développement de la situation politique nationale préoccupe notre parti en ce qui suscite plus d'inquiétude que d'espoir. Les péripéties de ces derniers jours sont venues conforter l'analyse faite les 25 et 26 juillet 1992 par notre comité exécutif national lors de la session tenue à Bohicon. Il importe dès lors de ne plus s'arrêter sur chaque manifestation du profond malaise qui mine notre pays, mais de réunir et d'analyser toutes les informations pouvant concourir à la définition d'un programme d'action.

Publicité

C'est à ces tâches que nous nous sommes attelés  en organisant une vaste enquête auprès de nos militants, de nos sympathisants, de toutes personnes, structure ou organisation susceptible d'éclairer les événements que nous vivons. Nous nous sommes alors abstenus de réagir à chaud à certains moments, car à notre avis, l'important reste la recherche patiente de solution durable aux maux qui minent notre société et qui, si nous n'y prenons garde, peuvent nous ramener à la case de départ, peut -être encore plus bas. Oui, un profond malaise qu'on ne peut ignorer mine notre pays et il est du devoir de chacun, tout particulièrement des formations politiques de soumettre à discussion publiques ses idées et propositions pour empêcher la dérive.

Le Parti Social Démocrate constate que le consensus qui a présidé aux travaux de la conférence nationale, inspirée la période de transition, et survécu aux inévitables turbulences des consultations électorales, n'existe plus. C'est là une évolution logique en soi, car il était peu probable que l'accord réalisé sur l'évaluation du passé, sur l'état de notre pays en 1990, se reporte sur les orientations à retenir pour redresser notre économie et assurer une meilleure justice sociale.

Ce qui est nouveau ce n'est donc pas l'apparition de divergences, de sensibilités plus ou moins fortes des uns ou des autres pour tel aspect de la politique économique ou de la politique sociale. Ce qui mérite intérêt et interrogation, ce sont les fondements, les causes ou les prétextes des clivages actuels, encore qu'il ne soit pas aisé de les identifier.

Publicité

Ce qui est surprenant et dangereusement préjudiciable à notre indispensable cohésion, c'est le ton des débats ces derniers jours et les surenchères auxquelles se livrent certains responsables dans la reconnaissance ou la négation de faits objectifs reconnus de tous.

1- Pour le Parti Social Démocrate (PSD) l'observation de la vie politique dans notre pays révèle un contraste entre d'une part l'évaluation par le gouvernement de l'impact de ses actions économiques et sociales et d'autre part la morosité politique voire l'état de déprime et de désillusion qui domine l'opinion des citoyens. Autant le chef de l'Etat et les ministres rappellent à chaque occasion leur volonté de dialogue, autant la presse et les différentes couches socio-professionnelles de notre pays expriment leurs inquiétudes face à la non écoute de leurs préoccupations. Pour la première fois, les opérateurs économiques en sont arrivés à recourir à la grève pour essayer de se faire entendre. Les fonctionnaires maintiennent leurs revendications relatives à un accord salarial. Les paysans ne perçoivent pas les effets des initiatives visant à leur créer de meilleures conditions de productions et de commercialisation de leurs produits. Les militaires ont eu maintes reprises à faire connaître leur perplexité  et leurs désarrois face à une absence de politique clairement affirmée en matière de défense.

2 Le Parti Social Démocrate (PSD) note face à cette situation, un émiettement de plus en plus poussé des forces politiques avec une nette tendance à la régionalisation des partis politiques. Le malaise qui affecte presque l'ensemble du pays trouve des expressions plus ou moins aiguës d'une région à l'autre et le sentiment d'exclusion est fortement ressenti dans plusieurs régions où de nouveaux groupes sociaux plus conscients sont devenus des forces politiques. Il est vrai que l'expression dans les faits d'une politique d'équilibre inter-régional n'a pas été de nature à enlever aux forces centrifuges arguments et influence.

3- Le parti Social Démocrate (PSD) pense que les démarches qui ont conduit à la naissance du groupe parlementaire ''le Renouveau'' n'ont guère contribué au souhaitable regroupement et en revanche mis à mal des dynamiques d'unifications des forces politiques que notre parti suivait avec sympathie.
A notre connaissance, l'accord de législature qui devrait servir de programme politique n'a pu être signé, faute d'identité de vue sur les principales questions nationales et surtout sur la stratégie de l'action gouvernementale. Et voilà qui nous confirme dans notre conviction  qu'il vaut mieux fonder les regroupements sur des appréciations politiques communes plutôt que de se regrouper pour rechercher ensuite les raisons pour lesquelles on est ensemble.

Les dernières prises de position du groupe parlementaire ''le Renouveau'' sur la déclaration du parti la Renaissance du Bénin prouve à souhait que subsistent des malentendus ou des divergences politiques qu'il vaut mieux clarifier.

C'est le lieu de rappeler l'analyse faite par le président de notre parti le Parti Social Démocrate (PSD) dans un article publier dans le journal ''Forum de la Semaine'' N°) 77 du 09 au 15 Octobre 1991 intitulé " existe-il une majorité présidentielle au Bénin ? " Il y est écrit :

" Le raccourci que certains voudraient aujourd'hui emprunter est un vieux boulevard qui avait déjà conduit d'autres régimes dans l'impasse. Malgré notre riche expérience, il se trouve encore des cadres politiques pour œuvrer à la création, à l'initiative du pouvoir d'un parti qui incarnerait la majorité présidentielle. La marche à pas forcés qu'ils préconisent ne paraît tenir compte des réalités du moment qui, fondamentalement, ne diffèrent guère des pesanteurs passées. Pour aussi souhaitable que soit la recomposition du paysage politique national et le regroupement des forces politiques, il ne faudrait pas que son moteur soit la constitution de la majorité présidentielle. Si la première préoccupation doit garantir la survie de la démocratie, la seconde peut ne répondre  qu'à des considérations tactiques nécessaires à la mise en œuvre d'un programme  gouvernemental cohérent. La première peut servir la seconde, mais je n'ai pas la conviction que la réciproque soit vraie".

4- Le Parti Social Démocrate (PSD) a déploré les violences qui ont été enregistrées à Parakou le 24 mars 1991 lors du second tour des élections présidentielles. Ces manifestations de l'intolérance politique doivent être combattues pour que notre pays vive pleinement la démocratie. Les déclarations outrancières qui ont été faites ces jours derniers sur la suite à donner aux sanctions infligées par la justice à ceux qui ont été reconnus coupables d'actes répréhensibles n'aident pas à créer  les conditions d'une véritable paix sociale. Un malaise existe bel et bien  dans notre pays aujourd'hui autour de ce problème et notre parti poursuivra, en collaboration avec  d'autres forces politiques dans la discrétion, ses efforts pour trouver de vraies solutions de concorde nationale….

5- Le Parti Social Démocrate (PSD) constate que le malaise actuel trouve également sa source dans l'impossible dialogue entre les principaux acteurs de notre vie publique. Le pouvoir n'a pas trouvé les voies et moyens pour dialoguer avec les élus de la nation et la constitution à l'Assemblée nationale d'un groupe parlementaire majoritaire pouvant soutenir l'action du président de la République n'a pas apporté la solution souhaitée. Dans un communiqué du 24 Août le groupe " le renouveau " en vient même à se demander si " nous sommes revenus à la fatalité de l'impuissance de l'homme face au pouvoir ? "
Une telle interrogation de la part d'un groupe qui se propose " de promouvoir au sein de l'Assemblée Nationale, un mieux- être social pour nos populations  et la solution rapide des problèmes économiques que connaît notre pays par la discussion et le vote des lois "  prouve que le dialogue politique avec le pouvoir n'a pas encore trouvé une expression satisfaisante et un cadre approprié.
On ne trouve guère ce dialogue avec les organisations syndicales de travailleurs qui observent un mutisme de veillée d'armes avec cela comporte de crise interne entraînant la naissance de courants centrifuges et scissions. Les organisations patronales ont bruyamment exprimé leur mécontentement avec des actions d'éclats estimant que le gouvernement reste sourd à leurs revendications.
Le dialogue n'existe guère entre le pouvoir et les partis politiques. Les sollicitations musclées du parti du chef de l'Etat la Renaissance du Bénin adressées à la société politique ne peuvent relever du dialogue. Notre Parti qui combat résolument toute forme d'embrigadement et toute tendance au monolithisme, exprime ses vives préoccupations après l'exhortation au ralliement lancé par la Renaissance du Bénin.

6- Le Parti social démocratique (PSD) pense que l'absence d'un plan d'action  politique est la cause principale de ce malaise général, car nul ne parvient à trouver la stratégie qui inspire maintes initiatives. Au plan administratif, les membres du gouvernement  avaient été invités à élaborer des programmes sectoriels assortis d'un calendrier semestriel et pour une période de deux ans. Peu de ministres peuvent dire aujourd'hui sans hésitation  la suite réservée à cette directive présidentielle. Le chef de l'Etat et les ministres ont suivi à l'Hôtel  Sheraton   pendant plusieurs jours une formation au management moderne, mais il serait irrévérencieux d'en demander l'évaluation tant les effets dans les cabinets ministériels tardent à se faire sentir.

Est-il politiquement utile de lancer une réforme de l'administration territoriale en focalisant l'attention  sur les découpages territoriaux, alors que le problème principal réside dans la gestion démocratique des collectivités territoriales ?

C'est fort de ces observations que notre parti, le Parti social démocrate lance un appel à toutes les forces politiques et au chef de l'Etat pour la mise en œuvre d'un Programme d'ajustement politique.
-Le PSD réaffirme sa conviction que si la croissance économique (actuellement 3%   dans notre pays) est indispensable à la satisfaction des besoins de populations, elle ne suffit pas pour établir la justice sociale, la cohésion et la paix sociale qui sont des objectifs majeurs. Seule la définition et la mise en œuvre d'une politique fondée sur les   intérêts des populations et bénéficiant d'un large soutien des forces politiques permettent d'amorcer un véritable processus de développement.

-Le PSD estime que, les choses étant ce qu'elles sont au niveau du pouvoir, il revient aux politiques de prendre les initiatives appropriées pour décrisper l'atmosphère, instaurer un climat politique plus sain et promouvoir les convergences nécessaires à la mise en œuvre d'une politique de large union. Dans ce sens, notre parti lance un appel aux autres formations pour que, sur la base des affinités politiques effectives, se constituent des regroupements capables de dégager des ensembles politiquement viables.

-Le PSD propose, pour y parvenir l'organisation  de concertations sur les grands problèmes nationaux que sont : l'emploi, l'éducation, la santé, la gestion démocratique des collectivités. Les échanges de vue sur ces sujets permettront de dégager les convergences et les divergences.

-Le PSD est prêt à rechercher avec d'autres partis politiques les bases d'une véritable politique de solidarité nationale non fondée exclusivement sur des considérations mercantiles ou de rentabilité financière. Il lui paraît contraire aux intérêts de notre peuple de dépouiller les régions les plus démunies des quelques services publics dont elles bénéficient sur la base des seuls éléments retenus au Programme d'ajustement  structurel. Les fermetures des services de l'OBSS à Lokossa et Natitingou et les autres dispositions envisagées sont à cet égard des mesures regrettables, tout comme le redéploiement industriel de la SOBEBRA au détriment du site de Parakou, car la lutte contre le régionalisme passe par une politique d'aménagement équilibré du territoire national. Une attention sera accordée à l'utilisation des cadres dans la haute administration, dans la perspective de l'affirmation certes des compétences, mais également de la sauvegarde de l'équilibre  politique de notre pays.

-Le PSD œuvrera à la prise de mesures pouvant contribuer à l'apaisement social, au renforcement de la cohésion nationale.
Il estime que ces mesures doivent s'inscrire dans un programme d'ajustement politique de manière à éviter de créer de nouvelles frustrations, à prendre en considération tous les intérêts et préoccupations en présence et amorcer une dynamique qui favorise l'adhésion des populations aux actions du gouvernement.
Il s'abstiendra de toute action et déclarations publiques qui ne contribueraient pas à ramener la sérénité dans la recherche de vrais problèmes.

-Le PSD manifeste sa vive inquiétude au plan militaire quant à la sécurité de notre pays. Les évasions répétées de militaires mis en détention dans les camps militaires, la prise de contrôle rapide d'unités militaires par des mutins, les disparitions d'armes et de munitions sont des manifestations de manquements graves qu'il convient d'éclairer, de circonscrire et de sanctionner sévèrement.

-Enfin pour nous au PSD, l'initiative appartient en priorité au pouvoir exécutif. Il est de la responsabilité du chef de l'Etat de prendre des mesures nécessaires à la décrispation de la vie politique nationale et à la conduite des affaires publiques à travers une démarche consensuelle.
 
Texte publié dans le journal "La
Nation du 26 octobre 1992"Il y a quinze ans, le Bénin avait connu les réalités politiques  similaires à celles d'aujourd'hui. Les analyses faites par Bruno Amoussou et ses partisans, ainsi que les pistes de sortie de crise qu'il avait avancées, se révèlent encore aujourd'hui, le seul paradigme à suivre.

POUR UN PROGRAMME D'AJUSTEMENT POLITIQUE
Le développement de la situation politique nationale préoccupe notre parti en ce qui suscite plus d'inquiétude que d'espoir. Les péripéties de ces derniers jours sont venues conforter l'analyse faite les 25 et 26 juillet 1992 par notre comité exécutif national lors de la session tenue à Bohicon. Il importe dès lors de ne plus s'arrêter sur chaque manifestation du profond malaise qui mine notre pays, mais de réunir et d'analyser toutes les informations pouvant concourir à la définition d'un programme d'action.
C'est à ces tâches que nous nous sommes attelés  en organisant une vaste enquête auprès de nos militants, de nos sympathisants, de toutes personnes, structure ou organisation susceptible d'éclairer les événements que nous vivons. Nous nous sommes alors abstenus de réagir à chaud à certains moments, car à notre avis, l'important reste la recherche patiente de solution durable aux maux qui minent notre société et qui, si nous n'y prenons garde, peuvent nous ramener à la case de départ, peut -être encore plus bas. Oui, un profond malaise qu'on ne peut ignorer mine notre pays et il est du devoir de chacun, tout particulièrement des formations politiques de soumettre à discussion publiques ses idées et propositions pour empêcher la dérive.
Le Parti Social Démocrate constate que le consensus qui a présidé aux travaux de la conférence nationale, inspirée la période de transition, et survécu aux inévitables turbulences des consultations électorales, n'existe plus. C'est là une évolution logique en soi, car il était peu probable que l'accord réalisé sur l'évaluation du passé, sur l'état de notre pays en 1990, se reporte sur les orientations à retenir pour redresser notre économie et assurer une meilleure justice sociale.
Ce qui est nouveau ce n'est donc pas l'apparition de divergences, de sensibilités plus ou moins fortes des uns ou des autres pour tel aspect de la politique économique ou de la politique sociale. Ce qui mérite intérêt et interrogation, ce sont les fondements, les causes ou les prétextes des clivages actuels, encore qu'il ne soit pas aisé de les identifier.
Ce qui est surprenant et dangereusement préjudiciable à notre indispensable cohésion, c'est le ton des débats ces derniers jours et les surenchères auxquelles se livrent certains responsables dans la reconnaissance ou la négation de faits objectifs reconnus de tous.

1- Pour le Parti Social Démocrate (PSD) l'observation de la vie politique dans notre pays révèle un contraste entre d'une part l'évaluation par le gouvernement de l'impact de ses actions économiques et sociales et d'autre part la morosité politique voire l'état de déprime et de désillusion qui domine l'opinion des citoyens. Autant le chef de l'Etat et les ministres rappellent à chaque occasion leur volonté de dialogue, autant la presse et les différentes couches socio-professionnelles de notre pays expriment leurs inquiétudes face à la non écoute de leurs préoccupations. Pour la première fois, les opérateurs économiques en sont arrivés à recourir à la grève pour essayer de se faire entendre. Les fonctionnaires maintiennent leurs revendications relatives à un accord salarial. Les paysans ne perçoivent pas les effets des initiatives visant à leur créer de meilleures conditions de productions et de commercialisation de leurs produits. Les militaires ont eu maintes reprises à faire connaître leur perplexité  et leurs désarrois face à une absence de politique clairement affirmée en matière de défense.

2 Le Parti Social Démocrate (PSD) note face à cette situation, un émiettement de plus en plus poussé des forces politiques avec une nette tendance à la régionalisation des partis politiques. Le malaise qui affecte presque l'ensemble du pays trouve des expressions plus ou moins aiguës d'une région à l'autre et le sentiment d'exclusion est fortement ressenti dans plusieurs régions où de nouveaux groupes sociaux plus conscients sont devenus des forces politiques. Il est vrai que l'expression dans les faits d'une politique d'équilibre inter-régional n'a pas été de nature à enlever aux forces centrifuges arguments et influence.

3- Le parti Social Démocrate (PSD) pense que les démarches qui ont conduit à la naissance du groupe parlementaire ''le Renouveau'' n'ont guère contribué au souhaitable regroupement et en revanche mis à mal des dynamiques d'unifications des forces politiques que notre parti suivait avec sympathie.
A notre connaissance, l'accord de législature qui devrait servir de programme politique n'a pu être signé, faute d'identité de vue sur les principales questions nationales et surtout sur la stratégie de l'action gouvernementale. Et voilà qui nous confirme dans notre conviction  qu'il vaut mieux fonder les regroupements sur des appréciations politiques communes plutôt que de se regrouper pour rechercher ensuite les raisons pour lesquelles on est ensemble.
Les dernières prises de position du groupe parlementaire ''le Renouveau'' sur la déclaration du parti la Renaissance du Bénin prouve à souhait que subsistent des malentendus ou des divergences politiques qu'il vaut mieux clarifier.
C'est le lieu de rappeler l'analyse faite par le président de notre parti le Parti Social Démocrate (PSD) dans un article publier dans le journal ''Forum de la Semaine'' N°) 77 du 09 au 15 Octobre 1991 intitulé " existe-il une majorité présidentielle au Bénin ? " Il y est écrit :
" Le raccourci que certains voudraient aujourd'hui emprunter est un vieux boulevard qui avait déjà conduit d'autres régimes dans l'impasse. Malgré notre riche expérience, il se trouve encore des cadres politiques pour œuvrer à la création, à l'initiative du pouvoir d'un parti qui incarnerait la majorité présidentielle. La marche à pas forcés qu'ils préconisent ne paraît tenir compte des réalités du moment qui, fondamentalement, ne diffèrent guère des pesanteurs passées. Pour aussi souhaitable que soit la recomposition du paysage politique national et le regroupement des forces politiques, il ne faudrait pas que son moteur soit la constitution de la majorité présidentielle. Si la première préoccupation doit garantir la survie de la démocratie, la seconde peut ne répondre  qu'à des considérations tactiques nécessaires à la mise en œuvre d'un programme  gouvernemental cohérent. La première peut servir la seconde, mais je n'ai pas la conviction que la réciproque soit vraie".

4- Le Parti Social Démocrate (PSD) a déploré les violences qui ont été enregistrées à Parakou le 24 mars 1991 lors du second tour des élections présidentielles. Ces manifestations de l'intolérance politique doivent être combattues pour que notre pays vive pleinement la démocratie. Les déclarations outrancières qui ont été faites ces jours derniers sur la suite à donner aux sanctions infligées par la justice à ceux qui ont été reconnus coupables d'actes répréhensibles n'aident pas à créer  les conditions d'une véritable paix sociale. Un malaise existe bel et bien  dans notre pays aujourd'hui autour de ce problème et notre parti poursuivra, en collaboration avec  d'autres forces politiques dans la discrétion, ses efforts pour trouver de vraies solutions de concorde nationale….

5- Le Parti Social Démocrate (PSD) constate que le malaise actuel trouve également sa source dans l'impossible dialogue entre les principaux acteurs de notre vie publique. Le pouvoir n'a pas trouvé les voies et moyens pour dialoguer avec les élus de la nation et la constitution à l'Assemblée nationale d'un groupe parlementaire majoritaire pouvant soutenir l'action du président de la République n'a pas apporté la solution souhaitée. Dans un communiqué du 24 Août le groupe " le renouveau " en vient même à se demander si " nous sommes revenus à la fatalité de l'impuissance de l'homme face au pouvoir ? "
Une telle interrogation de la part d'un groupe qui se propose " de promouvoir au sein de l'Assemblée Nationale, un mieux- être social pour nos populations  et la solution rapide des problèmes économiques que connaît notre pays par la discussion et le vote des lois "  prouve que le dialogue politique avec le pouvoir n'a pas encore trouvé une expression satisfaisante et un cadre approprié.
On ne trouve guère ce dialogue avec les organisations syndicales de travailleurs qui observent un mutisme de veillée d'armes avec cela comporte de crise interne entraînant la naissance de courants centrifuges et scissions. Les organisations patronales ont bruyamment exprimé leur mécontentement avec des actions d'éclats estimant que le gouvernement reste sourd à leurs revendications.
Le dialogue n'existe guère entre le pouvoir et les partis politiques. Les sollicitations musclées du parti du chef de l'Etat la Renaissance du Bénin adressées à la société politique ne peuvent relever du dialogue. Notre Parti qui combat résolument toute forme d'embrigadement et toute tendance au monolithisme, exprime ses vives préoccupations après l'exhortation au ralliement lancé par la Renaissance du Bénin.

6- Le Parti social démocratique (PSD) pense que l'absence d'un plan d'action  politique est la cause principale de ce malaise général, car nul ne parvient à trouver la stratégie qui inspire maintes initiatives. Au plan administratif, les membres du gouvernement  avaient été invités à élaborer des programmes sectoriels assortis d'un calendrier semestriel et pour une période de deux ans. Peu de ministres peuvent dire aujourd'hui sans hésitation  la suite réservée à cette directive présidentielle. Le chef de l'Etat et les ministres ont suivi à l'Hôtel  Sheraton   pendant plusieurs jours une formation au management moderne, mais il serait irrévérencieux d'en demander l'évaluation tant les effets dans les cabinets ministériels tardent à se faire sentir.
Est-il politiquement utile de lancer une réforme de l'administration territoriale en focalisant l'attention  sur les découpages territoriaux, alors que le problème principal réside dans la gestion démocratique des collectivités territoriales ?
C'est fort de ces observations que notre parti, le Parti social démocrate lance un appel à toutes les forces politiques et au chef de l'Etat pour la mise en œuvre d'un Programme d'ajustement politique.
-Le PSD réaffirme sa conviction que si la croissance économique (actuellement 3%   dans notre pays) est indispensable à la satisfaction des besoins de populations, elle ne suffit pas pour établir la justice sociale, la cohésion et la paix sociale qui sont des objectifs majeurs. Seule la définition et la mise en œuvre d'une politique fondée sur les   intérêts des populations et bénéficiant d'un large soutien des forces politiques permettent d'amorcer un véritable processus de développement.
-Le PSD estime que, les choses étant ce qu'elles sont au niveau du pouvoir, il revient aux politiques de prendre les initiatives appropriées pour décrisper l'atmosphère, instaurer un climat politique plus sain et promouvoir les convergences nécessaires à la mise en œuvre d'une politique de large union. Dans ce sens, notre parti lance un appel aux autres formations pour que, sur la base des affinités politiques effectives, se constituent des regroupements capables de dégager des ensembles politiquement viables.
-Le PSD propose, pour y parvenir l'organisation  de concertations sur les grands problèmes nationaux que sont : l'emploi, l'éducation, la santé, la gestion démocratique des collectivités. Les échanges de vue sur ces sujets permettront de dégager les convergences et les divergences.
-Le PSD est prêt à rechercher avec d'autres partis politiques les bases d'une véritable politique de solidarité nationale non fondée exclusivement sur des considérations mercantiles ou de rentabilité financière. Il lui paraît contraire aux intérêts de notre peuple de dépouiller les régions les plus démunies des quelques services publics dont elles bénéficient sur la base des seuls éléments retenus au Programme d'ajustement  structurel. Les fermetures des services de l'OBSS à Lokossa et Natitingou et les autres dispositions envisagées sont à cet égard des mesures regrettables, tout comme le redéploiement industriel de la SOBEBRA au détriment du site de Parakou, car la lutte contre le régionalisme passe par une politique d'aménagement équilibré du territoire national. Une attention sera accordée à l'utilisation des cadres dans la haute administration, dans la perspective de l'affirmation certes des compétences, mais également de la sauvegarde de l'équilibre  politique de notre pays.
-Le PSD œuvrera à la prise de mesures pouvant contribuer à l'apaisement social, au renforcement de la cohésion nationale.
Il estime que ces mesures doivent s'inscrire dans un programme d'ajustement politique de manière à éviter de créer de nouvelles frustrations, à prendre en considération tous les intérêts et préoccupations en présence et amorcer une dynamique qui favorise l'adhésion des populations aux actions du gouvernement.
Il s'abstiendra de toute action et déclarations publiques qui ne contribueraient pas à ramener la sérénité dans la recherche de vrais problèmes.
-Le PSD manifeste sa vive inquiétude au plan militaire quant à la sécurité de notre pays. Les évasions répétées de militaires mis en détention dans les camps militaires, la prise de contrôle rapide d'unités militaires par des mutins, les disparitions d'armes et de munitions sont des manifestations de manquements graves qu'il convient d'éclairer, de circonscrire et de sanctionner sévèrement.
-Enfin pour nous au PSD, l'initiative appartient en priorité au pouvoir exécutif. Il est de la responsabilité du chef de l'Etat de prendre des mesures nécessaires à la décrispation de la vie politique nationale et à la conduite des affaires publiques à travers une démarche consensuelle.
 
Texte publié dans le journal "La Nation du 26 octobre 1992"

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité