Un voyage historique à travers le canal de Suez
«Qu’il est gai de voguer sur le canal de Suez, quand la Méditerranée et la Mer rouge sont sereines, fredonnant un refrain.» Gg Vikey se sentirait piraté par cette portion de phrase. Mais c’est l’odyssée. Une balade idyllique vécu par seize journalistes en plein cœur du Canal de Suez, dans la ville du Port Saïd, à deux cent vingt (220) kilomètres au nord-est du Caire. Le navire qui les transporte va lentement. Très lentement. L’occasion est à la découverte du canal long de cent quatre-vingt-dix (190) kilomètres, creusé par l’Egypte. Ils en avaient des connaissances assez vagues pour les uns, un peu plus approfondies pour les autres. Ils en avaient des connaissances plus ou moins précises. L’occasion est alors à la comparaison des pré-requis avec la réalité. Et le navire va lentement, très lentement, transportant avec eux le bus qui les a amenés du Caire ainsi que d’autres véhicules et passagers. Les journalistes touristes sont regroupés sur un côté du géant engin flottant avec leurs encadreurs. Au fur et mesure qu’ils s’éloignent du quai de l’embarquement, Mme Noura Hassan Hasaan, la directrice générale de l’Institut de l’entraînement des communicateurs africains, principale responsable de l’expédition leur conte l’histoire. Elle leur apprend que plus d’un million et demi (1.500.000) d’Egyptiens ont travaillé à creuser la terre à cet endroit pour relier la Méditerranée à la Mer rouge. Cent vingt mille (120.000) parmi ces valeureux citoyens ont rendu l’âme en pleine activité. L’informatrice souligne également qu’une fois les travaux terminés et le canal inauguré en 1869, les Occidentaux ont mis en branle leur hégémonie et il devient leur propriété. Nationalisé enfin en 1956, le canal sera fermé cinq fois de suite avant d’être rouvert dix-neuf années plus tard.
Depuis, cinquante-cinq (55) navires en moyenne le traversent par jour. Ce qui fait un chiffre d’affaire quotidien de trois millions (3.000.000) d’euros, soit environ deux milliards (2.000.000.000) de francs Cfa. De la date de sa nationalisation à juin 1990, les recettes cumulées font mille neuf cent cinquante-six milliards (1956.000.000.000) d’euros. L’objectif de l’Egypte en construisant le canal de Suez est en fait essentiellement économique. Quatorze pour cent (14%) du volume du commerce mondial transporté au moyen de la mer passent par cette route. De même, 26% des exportations du pétrole du Golfe, 32% de marchandises en provenance de la Mer rouge pour les ports du Golfe et de l’Est de l’Afrique… «Les recettes du canal occupent le troisième rang dans la balance des paiements égyptiens, relativement au volume des devises rares qu’elles favorisent au pays», rapporte Mme Noura.
Et dans cette ambiance historique teintée d’informations économiques, les journalistes font la navigation dans le canal de Suez. Ils font une descente du côté de l’Asie à quelques kilomètres du Mont Sinaï. Ils découvrent qu’une partie du territoire égyptien se retrouve en Asie. Ils font un tour rapide de la ville à bord de leur bus puis le véhicule vient reprendre place sur le navire pour le chemin du retour.
Fortuné Sossa