Revirement à la mouvance

Le plan des Soglo pour rejoindre Yayi
La Renaissance du Bénin (Rb) a dû choisir l’option Yayi. Sans doute au regard des incertitudes qui planent sur la survie de l’opposition. Pour réussir le revirement spectaculaire auquel on est en train d’assister, il lui a fallu imaginer une stratégie  dont Epiphane Quenum a été fait la marionnette.
La Rb est désormais retournée à la majorité présidentielle. En tout cas, elle a quitté le G4 et la coalition que celui-ci formait avec Force Clé et le G13. Cette nouvelle donne devrait pouvoir s’exprimer plus clairement au sein de l’hémicycle à travers la nouvelle majorité que ce parti formera avec les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). La déclaration de l’honorable Epiphane Quenum, lors de la conférence de presse qu’il a donnée mardi dernier à Cotonou, est une illustration et une confirmation de cette réalité. Il n’y a qu’à attendre tranquillement le retour de ses maîtres, le couple Soglo notamment, pour venir entériner cet acte qu’il a si bien posé en leur nom et pour le compte du parti.

Epiphane Quenum a si bien accompli sa mission qu’il a agi comme si tout pouvoir lui était donné et qu’il ne craignait des représailles de la part de qui que ce soit. Et il avait raison, car l’acte  qu’il a posé le mardi dernier était bel et bien une mission que le couple Soglo lui a confiée et qu’il a exécutée avec brio.   Pour ne pas subir les affres de leurs soi-disant alliés et pour que le plan n’échoue point, Nicéphore Soglo et son épouse  ont tôt fait de s’absenter du territoire national, prétextant d’un voyage en Afrique du Sud pour raison de santé de madame. Ils reviendront constater les dégâts et feraient comme s’ils étaient placés devant le fait accompli. Qui est Epiphane Quenum pour oser  faire des déclarations aussi sérieuses en lieu et place de  « maman », si ce n’est pas elle-même qui lui en avait donné l’autorisation ?

Quant à lui, Lehady Soglo, il a dû faire le même jeu, peut-être à son corps défendant,  en se faisant aussi absent du territoire national. Il n’aurait pas eu le courage d’assister ou d’être un acteur de ce revirement ; lui qui, avec son père, étaient allés si loin avec le G4. Comme tout le monde, il viendra aussi constater les dégâts et n’aura qu’à rentrer progressivement dans le rang.  Ainsi, Rosine Soglo aura réussi, une fois encore, à faire sa loi en décidant de l’orientation du parti. A tort ou à raison, elle a décidé de prendre ses responsabilités, n’en déplaise au G4 et consorts, avec qui elle, personnellement,  n’avait pris aucun engagement. Pour des raisons qu’on pouvait imaginer.

« Une opposition » au pied d’argile
En réalité, la décision de Rosine Soglo ne devrait pas étonner outre mesure, même si on doit déplorer l’hypocrisie qui l’a accompagnée. Car les raisons énumérées dans la déclaration d’Epiphane Quenum ne datent pas d’hier. La Rb, a trop longtemps fait l’opposition pour continuer à rester en marge du pouvoir, contrairement à ses alliés qui ont tous fait les deux mandats de Kérékou. Certes, mais le parti aurait pu s’en prévaloir pour ne pas faire équipe avec ses partenaires qu’il vient d’abandonner et ne pas s’associer à l’acte de Bohicon. Outre cette considération, la situation au sein de la coalition (G4, G13, Prd  et Force Clé) était de moins en moins de nature à inspirer confiance à la Rb. D’abord le cas du Madep.

Lors du dernier remaniement ministériel, deux de ses membres, un député et le secrétaire général, ont rejoint le gouvernement. Pour toute explication, un communiqué laconique du parti qui laisse croire que ses membres nommés ne l’ont pas été à son titre. Ensuite le G13. Les personnes qui le composent, non seulement elles ne se sont pas unies autour d’une vision claire, mais aussi, nombre d’entre elles ont trop d’intérêts avec le pouvoir du changement. Il suffit donc que ce dernier décide de desserrer l’étau pour qu’elles disent au revoir à la troupe. Pour preuve, les premiers se sont déjà annoncés à travers l’honorable Cyriaque Domingo : « je suis membre du G13, mais je soutiens Yayi ». Quant au Prd et au Psd rien ne garantit que l’un acceptera de soutenir l’autre, et vice versa, le moment venu, vu que leurs leaders, Houngbédji et Amoussou ont de tout temps été d’éternels adversaires politiques.   

Boni Yayi a donc appris la leçon de Kérékou. Il a compris que pour faire plier les hommes politiques au Bénin il suffit de les tenir par le ventre : exclure les uns du trafic des véhicules d’occasion et amputer chez  les autres le budget de leur municipalité de moitié. Le séminaire de Bohicon n’a-t-il pas alors vendu trop tôt la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?

Alain C. Assogba

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