Yayi entame une campagne déguisée
Le chef de l’Etat a entamé depuis hier une tournée dans les différents départements du Bénin. En ce moment où il est accusé d’orchestrer une campagne précoce, Boni Yayi ne pouvait pas mieux apporter de l’eau au moulin de ses adversaires. Mais, comme pour désavouer le président, une grande pluie a mis en débandade la foule qui l’attendait.
Le chef de l’Etat a entamé hier une tournée nationale qui a commencé par les départements du Littoral et de l’Atlantique. Elle est officiellement organisée pour permettre à Boni Yayi d’aller à la rencontre des populations par rapport à son ambition de faire du Bénin une puissance agricole. Une tournée du chef de l’Etat à travers le pays, n’est a priori pas une mauvaise chose. Mais dans les circonstances actuelles, ce déplacement est tout sauf innocent. En effet, les indices ne manquent pas pour corroborer la thèse d’une campagne précoce. Depuis plusieurs semaines déjà, surtout après la descente de l’actuel président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) Abdoulaye Bio Tchané, les membres de l’équipe gouvernementale sont en permanence sur le terrain pour tenir des meetings et autres rassemblements pour louer les prouesses du chef de l’Etat.
Les rues, les places publics, les marchés, les écoles et même les églises reçoivent des délégations ministérielles dans le seul but de faire croire aux Béninois que tout est rose dans le pays. Par conséquent, il ne faudrait pas se détourner du futur candidat de 2011 que sera le président Boni Yayi. Le ministre Armand Zinzindohoué l’a encore démontré le week-end écoulé face à des femmes. Devant cet auditoire, il estime qu’en 2011, il ne faudrait pas arrêter le mouvement de l’émergence. Légitime répondront certains. Cependant, il est inconcevable que le gouvernement, premier garant de l’ordre constitutionnel ne puisse pas attendre la période prévue par les textes pour aller sensibiliser les populations. Selon certaines indiscrétions, même des directeurs généraux de sociétés sont mis à contribution pour aller à la conquête précoce de l’électorat.
Aujourd’hui, c’est le président même qui descend dans les départements pour aller présenter son projet pour l’agriculture aux populations. Dès lors, on se demande ce que fait le ministre de l’agriculture s’il n’est pas capable de porter la politique du chef de l’Etat dans ce domaine. Est-ce également à deux ans de la fin de son mandat que le président trouve enfin la formule magique pour faire du Bénin une puissance agricole alors que dès le début, on a vu des Malaisiens et autres vendeurs d’illusions venir décrocher les médailles honorifiques et souverains du pays pour de simples incantations quant à leur capacité à développer l’agriculture béninoise ? Le président donne une fois encore raison à ses adversaires politiques et autres organisations de la société civile qui l’accusent d’orchestrer une campagne précoce avec les moyens de l’Etat alors qu’il y a du travail à faire.
Benoît Mètonou
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