Kérékou veut la peau de Yayi

L’ampleur prise par la désormais affaire Idohou, dans laquelle l’ancien président, Mathieu Kérékou, est très impliqué, commence par soulever de sérieuses appréhensions. La conférence de presse du syndicat des diplomates, très opposé à la nomination d’un médecin militaire à la tête de la diplomatie béninoise à l’Onu, vient  compliquer les choses pour Yayi et pour son ministre des Affaires étrangères.

La première préoccupation  qu’il convient de souligner, est de savoir quel est réellement l’intérêt que Yayi aurait à rendre un tel service à son prédécesseur ? D’aucuns répondraient que Kérékou reste politiquement influent dans le pays et que le chef de l’Etat en aurait besoin pour sa réélection en 2011. Soit. Mais qu’est-ce qui prouve que le général ferait le jeu de Yayi lors de la prochaine présidentielle ? Aujourd’hui, la plupart de ceux qui étaient considérés comme les piliers de l’ancien régime se trouvent dans le camp opposé au pouvoir du changement. Or, si Kérékou  a eu à collaborer avec ces derniers pendant des années, voire des décennies, il est difficile de croire qu’ils n’aient pas des intérêts communs. On en déduit, à première vue,  qu’autant les amis de Kérékou préfèrent jouer une autre carte en 2011, autant celui-ci devrait être dans la même logique.

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Cette appréciation des choses appelle une autre, probablement  suicidaire pour le chef de l’Etat. Dans son activisme en faveur de Simon Idohou, le mari de son ex-protégée, Chantal de Souza, l’ancien président ne laisse pas de choix à son successeur. Il exige de lui, et rien que ça, pour son protégé, sa reconduction à la tête de la Mission permanente du Bénin auprès des Nations unies à New York. Et question : pourquoi ce poste à tout prix, et non pas un autre ? De là à penser qu’il s’agit d’une fonction qui représente un enjeu important, il n’y a qu’un pas. Si Kérékou y tient à ce point, c’est forcément parce qu’il y a un intérêt. Mais lequel ? Dans les révélations de certains diplomates sur les dessous  de cette affaire, le couple Idohou envisage de rapatrier au pays des cantines et bien d’autres choses. Cette précision amène certains observateurs à penser qu’il pourrait s’agir ici des « armes » qui vont servir à combattre Yayi en 2011 ; et, pour tout dire, du nerf de la guerre. Dans cette logique donc, on pourrait dire  que Kérékou veut amener Boni Yayi à l’aider à creuser sa propre tombe.

Pour qui le général serait-il en train de rouler ? On sait qu’au soir du règne de l’ancien président, Chantal de souza Idohou, alors  chargée de mission, était pratiquement sa collaboratrice la plus proche. Elle le suivait dans presque tous ses voyages et ne le lâchait pas d’un pouce. On la disait sa nouvelle égérie et qui gérait les affaires du vieux. Au plus fort des rumeurs sur les velléités de Kérékou à vouloir réviser la constitution, « notre dame du palais » d’alors était perçue comme celle qui menait, au profit de 01l’ancien président, le courant favorable à la révision.  

C’est donc  naturellement à contre cœur qu’elle a dû quitter  le palais. Restée discrète pendant les premières années Yayi, on la soupçonne de préparer son retour aux affaires, à la faveur des prochaines échéances électorales. Sachant que le candidat de Kérékou serait forcément le sien, on croit savoir que la nomination voulue pour son mari et le rapatriement  envisagé, rentrent dans le cadre des préparatifs  par lesquels ils espèrent pouvoir faire la peau à Yayi en 2011. 

Janvier Zocli   

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