Houngbédji et les ténors des G et F interdits d’accès à la prison
(Lire la déclaration incendiaire de Me Adrien Houngbédji)
Une forte délégation des ténors politiques du G4 et de Force Clé, dont le président Adrien Houngbédji, le président Lazare Sèhouéto, le président Kolawolé Idji, le protocole du maire Nicéphore Soglo et d’autres personnalités, s’est rendue dans la matinée d’hier à la prison civile de Porto-Novo. L’objectif de cette descente des leaders des G et F est de rendre visite au maire de Dangbo détenu depuis quelques semaines dans cette prison et profiter également pour s’enquérir de ses conditions de détention et de sa santé. Malheureusement, ces derniers ont été interdits d’accès à la prison civile de Porto-Novo par le régisseur. Leur forte insistance n’a pu venir à bout de la ténacité des hommes en uniformes qui gardaient l’entrée de cette prison. Ils étaient finalement obligés de rebrousser chemin. De fortes rumeurs feraient état de ce que la santé du maire de Dangbo, qui aurait été jeté ces derniers jours dans la cellule commune des braqueurs et malfrats de grands chemins, se dégraderait davantage. Une situation inquiétante qui a motivé cette démarche des leaders de l’opposition. Mais en réalité pourquoi politiser cette détention du maire Clément Gnonlonfoun alors que sa libération provisoire a été déjà prononcée par le juge? L’appel interjeté par le procureur est-il suspensif de la décision du juge? Autant d’interrogations qui nécessitent de plus amples éclaircissements dans ce dossier. Dans tous les cas, le président du Prd Me Adrien Houngbédji au nom de ses collègues des G et F a fait une déclaration à la presse. Dans ses propos, il a déclaré que le pouvoir de Boni Yayi est un «pouvoir arbitraire, un pouvoir d’injustice et un pouvoir de dictature».Il a rappelé les incidents orchestrés par l’entourage du chef de l’Etat au cours de la semaine de la paix. Il n’a pas manqué de dénoncer cette arrestation arbitraire du maire Clément Gnonlonfoun et orchestré selon ses propos par le chef de l’Etat lui-même.
I. K.
Déclaration de Me Adrien Houngbédji
« Nous aurions aimé pouvoir vous dire qu’il se porte bien pour l’avoir vu, touché, et échangé avec lui. Malheureusement, nous n’avions pas pu le voir. Le motif qui nous a été donné, c’est qu’il serait sous un régime spécial de détention et que pour le voir, il faut une demande préalable et une autorisation préalable. Cet incident qui vient de se passer, je crois, finit d’édifier les uns et les autres sur la nature du pouvoir qui nous gouverne. C’est un pouvoir d’arbitraire, un pouvoir d’injustice, et un pouvoir de dictature. Car, nous sommes venus rendre visite au maire de Dangbo Gnonlonfoun à l’heure habituelle des visites. Mais cela ne doit pas étonner. Voilà un régime qui organise une semaine de la paix avec transmission de flambeau au président de la République et la semaine même où cette manifestation est organisée, un maire est arrêté en plein exercice de ses fonctions. Cette même semaine, la mairie de Lalo a été vandalisée par les partisans du régime. Je crois qu’on ne peut donc pas parler aujourd’hui, d’un pouvoir qui veut la paix au Bénin. Je dis que ce que nous avons vu ici aujourd’hui ne nous surprend pas. Mais quel que soit l’endroit où il se trouve au sein de la prison, le maire de Dangbo sait que nous sommes venus lui rendre visite pour lui faire un message de solidarité, solidarité parce que ce qui lui arrive peut arriver à n’importe lequel d’entre nous. Désormais, tous les acteurs de la vie politique, tous les acteurs de la société civile, toutes les organisations syndicales doivent savoir qu’ils sont en insécurité et que dès lors qu’ils ont des agissements qui ne plaisent pas au prince qui nous gouverne, ils peuvent être l’objet eux-mêmes, d’une arrestation arbitraire. Nous disons arrestation arbitraire parce que nous savons tous que le tribunal qui a le pouvoir de donner la libération ou l’incarcération de citoyen, nous savons que le tribunal a ordonné la mise en liberté du Gnonlonfoun et que c’est sur simple coup de fil du Garde des sceaux, instruit lui-même par le Chef de l’Etat, que la liberté lui a été refusée. Nous avons la preuve de ce que nous disons. Par conséquent, nous sommes tous en insécurité et nous devons rester vigilants pour lutter contre l’avènement d’un régime de dictature dans notre pays. Le deuxième message que je voudrais adresser ici, c’est un message de sagesse à l’endroit du président Yayi Boni. Je voudrais l’inviter à revisiter l’histoire du Bénin, l’histoire du Dahomey et il se rendra compte que ce peuple n’a jamais accepté d’être à genoux, que ce peuple a toujours lutté contre l’arbitraire, que ce peuple a toujours vaincu et que pour le gouverner, il vaut mieux faire appel à la paix, à la concorde. Je voudrais également l’inviter à jeter un regard lucide sur ce qui se passe ailleurs sur le continent. Ailleurs qu’au Bénin, plus aucun peuple n’accepte d’être gouverné par l’arbitraire, plus aucun peuple n’accepte qu’un seul homme impose sa volonté à la Nation. Plus aucun peuple n’accepte que le règne de l’arbitraire l’emporte sur l’Etat de droit. Par conséquent, je souhaite que le Chef de l’Etat fasse montre de sagesse et évite les actes qui peuvent envenimer la situation.
Et enfin, le dernier message est un message d’espérance. Nous voulions inviter le peuple béninois à continuer la lutte. Cette lutte ne sera pas vaine. De même que nous avons vaincu les autres régimes de dictature qui ont voulu s’instaurer dans ce pays, à différentes époques, de la même façon, nous viendrons à bout de ce régime. Je voudrais saluer le collectif des Avocats de Gnonlonfoun qui a fait un travail extraordinaire qui a permis de voir qu’en réalité, Gnonlonfoun n’est qu’un détenu politique. Je voudrais également féliciter la justice de notre pays à laquelle nous avons totalement confiance. Car, elle a fait son devoir, elle a libéré Gnonlonfoun. C’est la volonté du prince qui le maintient en détention. Voilà ce que je voulais dire. Je vous remercie (…) Nous aviserons ».