La romancière au teint métissé Marie Ndiaye est l’auteur de l’œuvre «Trois femmes puissantes», son dernier roman qui lui a valu le prix Goncourt 2009. De père sénégalais, elle est quelque peu écartelée entre deux cultures. Européenne et africaine.
Avec cette distinction, elle va désormais regarder ce continent sans préjugés et y puisera certainement d'autres sources d'inspiration afin d'enrichir sa longue bibliographie. «Avant, je pensais que l'Afrique était présente, mais de manière plus obscure et énigmatique…», explique-t-elle en faisant référence à son roman «Trois femmes puissantes». Le roman de Ndiaye se présente comme un triptyque qui aurait pour point commun l’Afrique. Le roman est donc constitué de trois récits qui ont chacun pour héroïne une femme, luttant à chaque fois pour sa dignité, entre la France et l’Afrique. Elles s’appellent Norah, Fatah et Khady et quel que soit leur environnement, sont chacune habitées par une aptitude à la résistance hors du commun. Marie Ndiaye, qui n'a pas très tôt compris «ce que c'est que l'Afrique, ce que c'est qu'être Africain, Africaine», fera sans doute l'effort de revenir régulièrement au Sénégal, pays d'origine de son géniteur, pour mieux s'imprégner des réalités d'un continent où, peut-être sans le savoir, elle a tiré la force de l'âme qui a fait d'elle un écrivain si talentueux. L’œuvre de Marie Ndiaye a été appréciée par les jurés de ce concours littéraire. Pour Didier Decoin qui reconnaît avoir lu par deux fois déjà «Trois femmes puissantes», Marie Ndiaye est «un très grand peintre qui sait donner chair, saveurs, odeurs à ses personnages»; Françoise Chandernagor parle, elle, d’«une force d’évocation incomparable, faulknérienne».
Marie Ndiaye n’a presque pas connu son père. Elle a essentiellement été élevée dans un milieu français par une mère enseignante, avec son frère Pap Ndiaye, actuellement professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, très connu dans le milieu intellectuel français comme sociologue et historien. Néanmoins, elle possède quelque chose d'Africaine, qui transparaît dans son physique, mais également dans ses histoires d'êtres tourmentés qui semblent se chercher, comme Norah, cette métisse de 38 ans qui revient au Sénégal à la quête du père.
A 42 ans, Marie Ndiaye semble avoir changé de virage dans sa vie d'écrivain, mais aussi dans sa vie quotidienne. Elle qui semblait être très distante de ses racines, se dit maintenant prête et «suffisamment mûre pour approcher l'Afrique», ce continent qu'elle connaît «très mal», car n'y ayant passé que deux ou trois semaines. Elle l’a révélé lundi dernier, sur les ondes de Radio France internationale (Rfi).
Nicoleta Akpiti
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