« On a repris la procédure et nous avons obtenu 43 signatures »
Le député Kifouli Kakpo est membre de l’Union fait Nation. Dans cette interview à nous accordée, il s’est prononcé sur les questions d’actualité nationale. Ainsi, la situation dans sa coalition politique, la polémique autour d’une session extraordinaire sur la Lépi, les agissements de la mouvance dans la vallée de l’Ouémé ont été débattus.
Vous êtes membre de l’Union fait la Nation, une coalition décidée à conquérir le pouvoir en 2011. Dans les tractations, où en sommes-nous aujourd’hui ?
Vous savez que le G4 et Force-clé font partie d’un même creuset appelé ‘’Union fait la Nation’’. Donc, le Prd, la Rb, le Psd, le Madep et Force-clé font chemin ensemble dans un groupe que certains appellent l’opposition non déclarée. En réalité, nous sommes des opposants pour accéder au pouvoir, car on se met ensemble pour défendre un idéal commun. Où en sommes-nous aujourd’hui ? L’Union fait la Nation se porte très bien, contrairement à ce qu’en disent certains. Nos leaders politiques sont souvent en concertation. Ce n’est pas à quelques mois des prochaines élections qu’autre chose viendra les diviser. Nous irons à la prochaine élection présidentielle avec la désignation d’un candidat unique et aux législatives avec une liste unique. Vous savez qu’il y a la signature d’un accord entre tous les ténors de ce groupe.
Vous avez dit que la coalition se porte très bien. Mais, on sent quelques signes de division, parce qu’on a l’impression que le pouvoir fait tout pour vous diviser. Pensez-vous que le groupe restera soudé jusqu’en 2011 ?
Le pouvoir est dans son rôle. Cherchant à diviser le groupe, il veut récupérer certains éléments. Entre l’opposition et le pouvoir, c’est de bonne guerre. Mais, nous ne nous laisserons pas faire. Les membres de l’union, à commencer par nos leaders et nos limitants, sont plus confiants que la situation politique et économique de ce pays est catastrophique. Donc, je ne pense pas que ces velléités du pouvoir trouveront place.
Le peuple est pressé de savoir ce qui se trame au sein de l’Union fait la Nation. Il cherche surtout à connaître vite candidat du groupe. Qu’est-ce qui bloque cela ?
Tout le monde est pressé de savoir qui serait ce candidat. Mais, je vous demande de ne pas être plus pressé que nous-mêmes. Nous avons un rythme, un chronogramme. Suivez-nous. Le moment venu, on vous dira qui est le candidat du groupe. L’essentiel est que nous nous sommes déjà entendus sur un accord signé. Il y aura un candidat unique. Que voulez-vous encore ? Vous le saurez d’ici là.
Vous appelez aisément de l’alternance au pouvoir en 2011. Mais, la question de la transparence des prochaines élections se pose avec la polémique autour de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). N’avez-vous pas des inquiétudes ?
Nous avons tous voté cette loi sur la Lépi. Mais, le rythme que le pouvoir imprime à cette Lépi n’est pas ce que nous avions voulu. Ce n’est pas la Lépi dont le pays béninois a rêvé qu’on veut faire réaliser. Nous voulons d’une Lépi consensuelle, disons-nous. On réclame un instrument électoral qui, au lieu de nous diviser, doit rassembler tous les Béninois, nous conduire à des élections transparentes. Ce n’est pas pour rien que nous dénonçons aujourd’hui la manière dont cela se conduit. Ce n’est pas normal ce qui se passe.
Avez-vous des indices ?
J’ai entendu dire déjà que la phase de la cartographie est terminée. Dites-vous que dans le Bénin profond, dans mon village à Adjohoun, il y a des maisons et des quartiers qui n’ont pas été pris en compte. Dès lors, il ne faut pas que cette Lépi, au lieu d’apaiser les Béninois, soit un sujet de division qui nous obligera à aller choisir une autre patrie.
A l’Assemblée nationale, il y a une proposition de loi pour abroger la loi instituant la Lépi. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
Bien sûr, il y a une proposition de loi déposée à l’Assemblée pour abroger la loi sur la Lépi. Elle fait son chemin. Nous avons même demandé une session extraordinaire pour étudier cette proposition de loi d’abrogation de la Lépi. Pourquoi ? Nous avons fait des pas pour que le pouvoir entretienne un dialogue franc et sincère avec nous, qu’on s’asseye pour évaluer le chemin parcouru. Mais, nous assistons au forcing du pouvoir. Cela veut dire que le chien aboie, la caravane passe. Nous n’allons pas nous laisser faire. C’est ainsi que nous avons été obligés de déposer une proposition de loi abrogeant la Lépi.
Mardi dernier, la convocation de ladite session a suscité de vives polémiques au sein de l’hémicycle. Qu’est-ce qui explique cela ?
C’était une tentative de blocage tout simplement. Le président de l’Assemblée nationale a cherché la petite bête et l’a trouvée en contestant 12 signatures. Il était dans son rôle. Il s’est passé des habitudes parlementaires en ignorant que quand un député n’est pas présent, il peut donner procuration à un autre pour agir en son nom. C’était une stratégie de rejet de la session. Mais, on a tout compris, puisque nous sommes en politique. Sa stratégie était de retarder le vote de cette loi. Mais, nous avons trouvé une autre formule pour contourner la difficulté. Sur-le-champ, on a repris la procédure et nous avons obtenu 43 signatures au lieu de 44. Donc, ladite session extraordinaire est convoquée pour le 1e mars prochain.
Est-ce que cette date n’est-elle pas longue pour compromettre le rejet de cette loi ?
En programmant la session pour le 1e mars, on a compris que c’est une stratégie du pouvoir pour débaucher des députés. Mais, tout le monde a compris l’enjeu de l’abrogation de la loi sur la Lépi, parce que tel que les choses évoluent, c’est dangereux pour la paix dans ce pays. Nous n’allons pas nous laisser faire.
Il y a aussi la question du retard dans la formation du nouveau gouvernement qui défraie la chronique. En tant qu’homme politique, qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?
Ce sont ceux qui sont du système en place qui peuvent expliquer ce remaniement ministériel dont on parle si tant. La presse est la seule voie aujourd’hui qui me renseigne. C’est par elle que j’ai appris qu’il y a un gouvernement en vue. Depuis des mois, on parle d’un remaniement qui peine à venir. C’est le président de la République qui peut nous dire les raisons de ce retard. Mais, je pense qu’il doit beaucoup réfléchir, parce que s’il doit avoir remaniement, il doit tenir compte des exigences des partenaires sociaux qui demandent la réduction du nombre de ministères. Dans ce cas, qui va partir ou rester ? C’est souvent des sources de frustrations. Dans ces conditions, le président de la République est dans un dilemme qui ne dit pas son nom.
On apprend que certains ténors de l’Union fait la Nation ont été approchés dans le cadre de ce remaniement. Y-aura-t-il un bouleversement dans les jours à venir ?
Mais, ils sont aussi des Béninois. Ce n’est pas parce qu’ils sont de l’Union fait la Nation que le président de la République, dans sa logique de déstabilisation, ne va pas les approcher. C’est de bonne guerre. Même s’il nous approchait, nous n’allons pas tomber dans ce piège-là. On a déjà fait la traversée du désert.
Depuis quelques temps, on constate que la mouvance installe ses jalons dans la vallée de l’Ouémé, un fief de l’opposition. Par exemple, le Pur du maire d’Abomey-Calavi est conduit dans la zone par certains anciens du Prd. Comment expliquez-vous cela ?
C’est l’expression de la pluralité politique. Tout parti peut s’installer là où il veut. C’est notre fief, la vallée de l’Ouémé. N’importe quel autre parti qui viendra nous contrer sur le terrain, nous rencontrera.
Quel appel vous voulez au peuple béninois ?
Je demanderais aux filles et fils de ce pays de se tenir prêts et de ne pas céder aux velléités déstabilisatrices que le pouvoir tente de mettre en place. Ouvrons nos yeux et nos oreilles pour voir la réalité en face. Le peuple béninois a grandement faim, car l’argent ne circule plus dans ce pays. C’est largement suffisant pour que tout le monde comprenne que le système en place a tout déstabilisé. Le pouvoir a fait de nouveaux riches tapis dans l’ombre dans son entourage. C’est eux aujourd’hui qui font la loi. Une minorité de Béninois se l’approprient et en font leur chose. Il faut qu’on arrête la saignée. Je crois mon appel sera entendu pour qu’en 2011, on puisse changer le système.
Propos recueillis par Jules Yaovi Maoussi
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