Quel avenir pour le G13 ?

De plus en plus absent sur la scène politique nationale

(La coalition partagée entre trois options politiques)
Cahin-caha, les états-majors des différents partis, alliances et regroupements politiques affûtent leurs armes dans la perspective des joutes électorales de 2011. Mais, le G13, un regroupement de députés qui a sonné la révolte contre la méthode de gouvernance du président Boni Yayi, semble ne plus tenir le cap et en proie à un manque de vision politique prospective. Du coup, on s’interroge sur l’avenir politique du groupe. Fin 2007, un groupe de treize (13) députés de différents partis politiques ayant contracté un accord de législature et de gouvernance avec le président Boni Yayi, décident de lui retirer leur soutien en guise de protestation contre sa méthode de gestion. Ainsi naquit le G13. Ce groupe a très tôt suscité l’admiration des Béninois par rapport au courage dont les membres de ce creuset politique ont fait preuve pour tenir tête au chef de l’Etat. Leurs prises de position, leurs coups de gueule, ont tôt fait de convaincre les plus sceptiques, qui avançaient que leur but se résumait à leurs propres intérêts, qu’une nouvelle classe d’hommes politiques venait de naître. Beaucoup ont commencé par avoir confiance en ce groupe bien qu’hétéroclite. Cette confiance va se consolider lorsque dans une même synergie, le G13 s’est mis aux côtés de leurs aînés du G4 et des Forces Clé pour des actions communes à l’encontre de la mouvance présidentielle. Leur cote de popularité atteindra le sommet quand deux de leurs membres nommés par le président Boni Yayi dans son gouvernement du 22 octobre 2008, ont purement et simplement décliné l’offre. Tel un phénomène de société, le G13 a été adopté dans les hameaux les reculés du pays. Chacune de leur apparition en public, soulevait les foules. Mais, depuis peu, cette aura que le G13 a acquise semble s’effilocher.  Et pour cause ! 95958708

« Chasser le naturel, il revient au galop »

Certains de ce regroupement, qui sont entrés en politique juste pour leurs intérêts, n’ont pu supporter longtemps cette lutte objective à laquelle d’autres les menaient. Aussi, n’ont-ils pas lésiné sur les moyens pour essayer d’imprimer leur vision au reste du groupe. En dehors des coups bas qui s’observaient à l’interne,  il faut remarquer que la politique du fait accompli a été enclenchée par certains en marginalisation totale des autres. Ainsi, pouvait-on observer des descentes archi-médiatisées de certains membres du G13 dans certaines régions du pays afin de sensibiliser les populations en faveur d’un potentiel candidat à la prochaine présidentielle. Toute chose qui a contribué à rendre l’atmosphère interne plus tendue. Car, d’autres membres du groupe ont estimé qu’il n’avait encore jamais été question d’apporter leur soutien à un quelconque candidat à la présidentielle de 2011. Alors même qu’ils n’avaient pas fini de gérer ces contradictions internes, l’honorable Rachdi Gbadamassi claque la porte du groupe. Le kamikaze du groupe a préféré aller voir du côté de celui à qui il menait jusque-là la vie dure, si la vie n’est pas plus rose. Certains ont assuré que c’est avec des arguments bien sonnants qui font trébucher ceux-là mêmes qui ont fait vœu de pauvreté. L’exclusion de ce dernier n’aura pas permis de redorer le blason du G13. Et depuis, c’est à croire que chacun d’entre eux se cherche. Saca Fikara, ne cache pas son penchant pour Me Adrien Houngbédji et dans une plus grande mesure au candidat de l’Union fait la Nation, regroupement auquel ils n’ont été associés. Wallis Zoumarou, un autre transfuge du camp présidentiel, amer pour n’avoir pas trouvé ses intérêts auprès de Yayi est presque en pré campagne pour le candidat non déclaré Abdoulaye Bio Tchané. Selon certaines indiscrétions, mêmes les réunions traditionnelles ne se tiennent plus. Dans ce désordre savamment entretenu par les uns et les autres, il est difficile de leur prédire un avenir radieux, si ce n’est une mort programmée.

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Comment rebondir ?

Si les membres du G13 ne se reprennent au sérieux, bientôt, ils ne seront évoqués que comme  un épiphénomène. Pour y parvenir, trois schémas s’offrent à eux. Primo, s’encrer résolument dans l’opposition. Ce qui veut dire tourner définitivement dos à Yayi. Dès lors, ils devront faire chemin avec la coalition UN pour espérer participer à la conquête du pouvoir d’Etat ainsi qu’à sa gestion. Secundo, les membres du G13 retournent à la mouvance présidentielle. Accepter de composer à nouveau avec Boni Yayi. Il est vrai que le G13 a toujours affirmé être seulement en désaccord sur la manière dont leur accord de législature a été géré par le président. Bien qu’ambigu, ce discours devra leur permettre de retourner facilement dans le giron de Yayi. Cela voudra également dire accepter de jouer les seconds rôles et d’avoir désormais la coalition UN et les émules qu’ils ont eu à faire contre eux.

Tertio, les membres du G13 resserrent les rangs et définissent une politique commune dans laquelle ils impliquent leurs partis politiques respectifs dans le but de présenter un candidat à la course à la magistrature suprême. Ce faisant, le G13 se constitue en une force tampon, centriste. Du coup, ils seront des faiseurs de roi à défaut d’être roi. Car, il ne faudrait pas perdre de vue que les treize membres de regroupement sont des députés. Autrement, ils ont des fiefs sur l’ensemble du territoire national et la moisson sera non négligeable en matière de suffrage.

Et comme, actuellement, il se dessine un grand rassemblement du côté de la mouvance présidentielle qui va soutenir le président actuel, un autre qui se profile derrière la candidature potentielle de l’actuel président de la Boad et un troisième du nom de UN qui regroupe les grands partis politiques et qui attend de désigner son candidat unique, le G13 a une certaine chance de bousculer l’ordre d’arrivée. Malheureusement, l’absence de vision prospective et d’ambition politique empêche les membres de ce groupe de prendre la mesure de la situation et d’inscrire leurs noms véritablement dans l’histoire. Il faudrait plutôt s’attendre à les voir s’aligner derrière d’autres candidats même les plus obscurs, ignorant l’importance qu’ils ont acquise au sein de la population.

Benoît Mètonou

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